mardi 15 février 2011

chapitre 31, suite

Carla se gara devant la façade principale, pendant que le reste de ses troupes s’occupait des ailes de retour.
Deux petites minutes suffirent à la « joyeuse petite bande » pour investir l’ensemble du bâtiment. Plus personne ne pouvait sortir, le plan se déroulait comme prévu. Ni lumière, ni alarme ne venait contrarier pour l’instant le plan de la meneuse d’hommes.

Sa fidèle troupe défonça les baies vitrées et investit la maison, dès que Carla eut agité une petite lampe torche de haut en bas. Elle avait été précise dans ses ordres.  L’ensemble de l’intérieur devait être réduit en miette !

Elle ne fut pas déçue. Aucun des meubles, d’éléments de décoration et autres bibelots ne résistaient à l’avancée brutale de ses sbires. En entrant à son tour, elle fut ravie du résultat. Même le parquet et les parties en carrelages avaient été arrachées, brisées, un vrai saccage. Il ne restait plus qu’un véritable champs de ruine !
-
- Bien, messieurs, passons à l’étage. Et vous savez ce que vous avez à faire au cas ou vous rencontriez quelqu’un ?

Les hommes qui avaient entendu, opinèrent du chef, les autres se contentant à commencer à gravir le large escalier à double révolution qui se trouvait au fond de ce qu’il restait de l’ex gigantesque entrée.
 L’escalier fut épargné. Carla se demanda ou ces hommes trouvaient cette force, cette détermination. Il avait suffi de les préparer, de les conditionner et hop, voilà qu’ils obéissaient sans même savoir pourquoi ils détruisaient cette baraque. Et dire qu’ils ne savaient pas qu’ils participaient à sa prise de pouvoir.
Oui, vraiment ces hommes étaient exceptionnels !

La réduction en copeaux  du premier étage avait commencé. Soudain, un des hommes hurla. Carla  grimpa l’escalier quatre à quatre et vit un de ses copains du soir porter un pan de mur à bout de bras. Avec le plaquage d’acajou, cela devait bien peser dans les cent cinquante kilos. Mais il ne criait pas pour cela. Il se débarrassa de son poids, maintenant inutile, en le propulsant par-dessus la rampe qui longeait l’autre côté du corridor. L’énorme tas de bois, plâtre, briques et autres matériaux d’isolation s’écrasa au rez de chaussée, créant un véritable petit cratère dans le sol. Le vide sanitaire s’était rempli d’un coup !
Mais cette force de la nature continuait de crier comme un nouveau-né à son premier souffle.

En s’approchant, Carla vit que son visage était recouvert de quelque chose. En braquant sa lampe, elle vit qu’il s’agissait d’une plante. Une longue tige partait du sol, d’une tache rosâtre. Le colosse avait du s’écorcher à force d’arracher le mur. A l’extrémité de la tige, un large cône violacé recouvrait, à la manière d’une cagoule la tête de l’homme.

Carla eut un mouvement de recul lorsqu’une pointe aiguisée sortit du sommet de son crâne.
Etrangement pas une goutte de sang ne sortait de cette vision d’horreur. Soudain, la pointe se rétracta et disparut. Un mouvement agita la longue tige, le cône se sépara de celle-ci et  un fort bruit de succion se fit entendre.

Oui, Carla avait bien vu ! Le globe violacé venait de se fondre avec la tête de l’homme. Il restait là, debout, silencieux, et semblait inspecter ses bras, ses mains puis ses jambes. Et plus incroyable encore, il se remit  à sa tâche destructrice comme si de rien n’était !

lundi 14 février 2011

chapitre 31

Chapitre XXXI


Carla roulait à tombeau ouvert. Les autres voitures tentaient de la suivre mais elle devait ralentir pour les attendre dès que la route devenait sinueuse.
Les trois hommes à l’arrière ne se rendaient pas compte de ce petit manège. Ils semblaient pourtant émerveillés bien qu’ils soient serrés comme des miettes de thon en boîte. Ils regardaient la routes qui défilait au grès de ce que laissaient éclairer les phares et  les travers de leur conductrice. Ils semblaient subjugués par tout ce qui les entouraient. Le ciel étoilé, les vastes étendues obscures et les rares constructions qu’ils croisaient.

- Du calme les garçons ! Ca sent un peu trop la testostérone ici. Je sais que ça fait un bail que vous n’avez pas fait de ballade, mais vous aurez l’occasion de vous défouler plus tard, OK ?
Pour toute réponse, Carla n’eut droit qu’à des hochements de têtes qu’elle entr’aperçut par le rétroviseur. Elle reprit :

- On arrive dans vingt minutes et si vous faites ce que je vous ai dit, ce décor de rêve vous appartiendra. Alors, concentrez-vous ! La rapidité de votre action sera déterminante.

A une vingtaine de kilomètre de là, Nick pestait contre sa voiture. Elle ne tenait pas la route et commençait à chauffer. Il devait constamment regarder la jauge de température et ralentir dès qu’elle passait dans la zone rouge.

Pourquoi n’avait-il pas pris un quatre-quatre ? Qui étaient les personnes qui avaient filé sous son nez à la station-service ?
Si c’était les fédéraux et Anua, ils couraient droit au suicide. Il penchait plus à une réunion en vue d’une action future. Ils n’étaient plus que quelques centaines et après leur succès de ce soir ils n’hésiteraient pas à accélérer le mouvement.

Le rôle de son oncle dans cette histoire lui paraissait insensé. Qu’avait-il à gagner de l’élimination de ceux qu’il avait jusqu’à ces dernières années, protéger ? Les avait-il guidé simplement pour les faire disparaître plus facilement.
Au souvenir de son enfance et de la manière dont Linen s’était éloigné de lui  comme s’il n’avait jamais existé, il pouvait raisonnablement se poser la question. Son « cher » oncle l’avait-il récupéré simplement pour ne pas laisser un ennemis dans la nature ? Il ne pouvait le croire.
Il aurait bien besoin des dons d’Anua et Claude, s’il les avait mis en œuvre !
Concentré sur ses pensées  et aux différentes hypothèses possibles, il en avait oublié sa jauge. Sa voiture, une vieille berline « made in America », se mit soudainement à perdre de la puissance. De la vapeur s’échappait du capot et lui bouchait la vue. Puis, plus rien !
Nick n’eut pas à freiner longtemps pour s’arrêter. Il essaya de se mettre sur le bas côté mais n’y arriva que partiellement. L’arrière de son épave dépassait largement sur une partie de la route cabossée.
 Carla et sa suite d’hommes ébahis, arrivaient devant la maison, pour le moins, cossue du boss.

C’était une large bâtisse, en « U » , construite en pierres blanches. Même dans cette nuit noire elle se distinguait aisément.  Chacune des trois ailes de deux étages était surmontée d’un dôme vitré.  Le verre était d’ailleurs présent partout. De larges baies vitrées s’intercalaient élégamment entre chaque arche de pierre de taille. Le premier étage avait été bâti de la même façon, les arches surmontant celles du rez-de-chaussée. Cet ensemble de pierre et de verre aurait été accueillant si les dômes disproportionnés  ne venaient gâcher troubler l’œil.

jeudi 10 février 2011

chapitre 30, fin

Des sirènes dans le lointain décidèrent les deux hommes à partir. Le chaman prit le temps de s’injecter le contenu d’un de ses prélèvements puis réajusta son pansement de fortune. Galen « Le Nouveau » introduisait à son tour le cylindre à la base de sa nuque. Une dose bien méritée, qu’il venait juste de prendre sur l’un des corps encore fumant.

Dix minutes de ménage sommaire à base de jets de corps dans les débris encore brûlants de la cabane satisfirent les deux hommes. Ils s’engagèrent alors directement dans le petit maquis bordant le bord de la route. Ils continuèrent, à marche forcée malgré la nature de plus en plus hostile, comme s’il ne s’agissait que d’une composante inévitable mais intégrée au plus profond de leur être depuis toujours.

Deux heures plus tard et plusieurs crêtes plus loin, ils montaient à l’arrière d’un énorme pick-up, volé dans l’après-midi à un berger des environs.
Le conducteur, un homme petit et aussi appliqué sur sa conduite qu’un enfant sur son cendrierde fête des mères, démarra à fond de train sur une large piste forestière qui allait les emmener de l’autre coté de la montagne.
Dès qu’ils eurent retrouvé une petite route enneigée, le chauffeur, un vrai GPS en son genre, prit la direction du littoral où les attendait un puissant hors-bord, devant les faire passer en Italie.

D’importantes forces de police se déployaient pour encercler le village. Alors que Pompiers et médecins s’échinaient à atténuer les dégâts humains et matériels, un homme se dirigeait vers le vieux séchoir muni d’un bidon.
Arrivé sur place et sans un regard pour les scènes d’horreurs qui s’étalaient devant lui, le villageois déversa le contenu de son jerrycan sur l’ensemble de la scène du massacre et prit son briquet.
Instantanément, le pétrole mélangé à des produits chimiques, prit feu et acheva de détruire ce qu’il restait des corps. 
L’homme ne s’attarda pas. Les larmes aux yeux, il prit son téléphone, composa un numéro pré programmé et attendit qu’on décroche. Quand son interlocuteur se manifesta d’un « Allô » à l’accent étranger il se contenta de dire :

- Rien à faire Monsieur ! Ils étaient deux, un tireur très doué et la chose, la bête humaine. Tout le monde y est passé… Même la mère de Claude est à compter parmi les disparues. Je suis désolé mais ils étaient trop fort cette fois. Prenez soin du petit. Désolé Monsieur.
L’homme raccrocha.

Il jeta son bidon dans un roncier envahi de toutes sortes de déchets et reprit la direction du village par d’étroites ruelles.  Rapidement, il se fondit à la masse des habitants réunis autours de la fontaine, là où une tente, un minuscule hôpital de campagne, avait été dressée à la hâte.
Alors et seulement alors, il s’autorisa à fondre en larmes. Des amis et de la famille étaient morts cette nuit et il n’avait rien pu y faire.
Le membre de la cellule psychologique, dépêchée sur place en urgence tenta d’entamer un dialogue. Peine perdue ! L’homme répondit par quelques signes de la tête puis se leva et retourna s’enfermer dans sa maison. Une fois à l’intérieur, il prit sa meilleure bouteille d’eau de vie et se fit un devoir de la terminer, verre après verre.

On le retrouva le lendemain matin, pendu à une des poutres maîtresses de son grenier.

Les policiers apprirent par les autres habitants qu’il était l’oncle de Madame Mazère dont le corps restait introuvable.
Malgré l’apport de la brigade anti-terroriste et de nombreux policiers scientifiques, le mystère de cette attaque sur un village isolé et sans problème reste encore entier.

mercredi 9 février 2011

chapitre 30, suite

Galen comprit et fit feu une bonne dizaine de fois sur de grosses pierres se trouvant proches de la cabane.
Le résultat ne se fit guère attendre. Les balles explosèrent des morceaux de cailloux, les chauffant à blanc et dans une gerbe d’étincelles, le feu ne tarda pas à prendre.
Le chaman surveillait de près  l’unique porte du séchoir et voyait avec plaisir les flammes grandir.

Le brasier s’élevait maintenant haut dans le ciel. Les tôles ondulées servant de toiture commençaient à rougir et une épaisse fumée se dégageait.
Le chaman attendait toujours, immobile devant la porte d’entrée en flamme. Il savait que son tireur  surveillait la façade. Et comme la bâtisse avait été victime d’une coulée de boue de l’autre coté, il n’y avait plus qu’à attendre.

Deux des cinq proies à achever tentèrent une sortie, par la porte pendant que les deux autres femmes enceintes se précipitaient à travers la porte.
Les assassins s’en donnèrent à cœur joie. Deux balles d’un coté et  quelque coups de poings de l’autre mirent fin à cette pauvre tentative désespérée.

Alors que le chaman traînait l’une des femmes de son bras valide, la cabane s’effondra sur elle-même. Sans un regard  pour vérifier que personne ne s’échappait encore de ce brasier infernal, le chasseur se fit un devoir d’introduire une longue aiguille reliée à un cylindre chromé dans la nuque du corps encore vivant de sa proie. Avec la terreur qu’elle venait de vivre et le courage qu’il lui avait fallu pour se décider à fuir,  cet unique prélèvement suffirait amplement à le satisfaire.

Il avait complètement oublié la mère de Claude. Elle n’entrait pas dans sa mission. Il donnait uniquement dans l’éradication de cette espèce maudite. L’autre pouvait bien terminer ses jours dans ce trou perdu, elle était trop âgée pour donner la vie à présent.

Galen se rapprocha à grandes enjambées lorsque la maison commença à s’affaisser. A l’inverse du chasseur, il était, lui, plus que concerné par Madame Mazère. Il voulait en finir rapidement, sa vie future en dépendait.
Sans compter que les flammes allaient inévitablement se voir à des kilomètres et les pompiers, gendarmes et autres volontaires n’allaient pas tarder à débarquer en masse. Sans oublier qu’il avait aussi son petit « médicament » à prélever.

Arrivé près des ruines fumantes de l’ex séchoir, il dégagea à coup de pieds quelques planches encore en flamme, souleva les tôles du toit encore brulantes et tenta de faire un pont de la situation. Ou pouvait bien se cacher cette vieille sorcière ? Il savait qu’elle n’aurait pas abandonner une future portée, un peu comme le chaman les laisser s’échapper. C’était l’ordre des choses depuis l’aube des temps !

De  l’herbe à moitié calcinée au milieu de la pièce, attira son attention. Il s’approcha, laissant son compagnon continuer de tirer du cerveau d’une autre victime tout juste morte, les substances dont ils auraient besoin pour leur rempli.
Le tireur laissa traîner délicatement le bout de sa chaussure sur le sol jusqu’à buter sur une plaque métallique. Elle ne pouvait que recouvrir une cache souterraine. Il se baissa et s’en servant comme d’un levier, introduisit le canon de fusil dans la cachette.
Il tira encore et encore, pointant le canon de son arme dans diverses directions.
Il souleva ensuite la lourde plaque.

-   Mission accomplie, Carla ! Cria t’il pour sa propre personne, pour son ego surdimensionné. 

Il savait pertinemment que le chaman ne lui répondrait pas. Pas bavard le bougre mais diablement efficace …Quand même, heureusement que j’étais là, ce soir, hein,  « Danse avec les loups » ?

Le corps criblé de balles de la maman de Claude gisait là au fond d’une fosse servant à réparer des véhicules et qui avait été creusée par un apprenti garagiste quelques années après l’abandon de la cabane.

mardi 8 février 2011

chapitre 30, suite

Galen, puisqu’on pouvait l’appeler ainsi, avait changé de position pour pouvoir mieux surveiller la traque du chaman et continuer de lui apporter son soutient si besoin était. Il scrutait, à l’aide de la lunette de son fusil, les alentours de la maison pour voir si l’une des truies n’arrivait pas à s’échapper. Rien ! Il ne vit rien.
Le chaman se tenait devant la porte d’où il continuait à entendre des bavardages. Quelque chose n’allait pas ! Le ton des voix était toujours aussi calme et son instinct lui disait qu’il n’y avait plus personne dans la pièce.
En entrant dans la pièce, il sut qu’il devait toujours se fier à son sixième sens, que sa nature animale ne pouvait le tromper.
S’il y avait bien quelques matelas posés à même le sol, plus une seule de ses proies n’étaient dans la chambre. Sur deux petites enceintes, trônait un ordinateur portable qui diffusait des conversations préalablement enregistrées.

Le chaman éructa :

- Que leur race soit maudite ! Qu’elles se flétrissent et pourrissent sur-le-champ, ces bâtardes !

Puis il  se mit à entonner un chant aux paroles incompréhensible aux hommes depuis des millénaires. Il réussit à se calmer et inspecta la pièce.
Il trouva rapidement, raclant de ses doigts calleux chaque portion de mur. Une mince couche de plâtre recouvrait une sortie. Plutôt que de chercher à trouver un mécanisme, l’assassin venu d’un autre âge, recula de plusieurs pas et fonça. Roulé en boule, il traversa sans peine, le plâtre et l’ouverture qui se trouvait derrière.

Mais les trois barres de ferraille utilisée pour le béton armé plantées dans le sol, le stoppèrent net dans son élan.
Deux d’entre elles le transpercèrent de part en part, lui infligeant de sévères traumatismes internes.
L’une des barres était fichée dans son épaule tandis que l’autre lui traversait l’abdomen.
De loin, Galen était bien incapable de dire si le chaman pouvait se sortir de cette situation.

C’était mal connaître les bienfaits de l’incapacité de ressentir la douleur et la peur de la mort.
Au prix d’un effort démesuré même pour un être comme lui, le chasseur parvint à libérer son bras. Une fois ses deux mains en état de se mouvoir presque normalement, il tira sur la tige métallique. Centimètre par centimètre, il arrivait à reculer et se sortit cette ferraille du corps. Deux petites minutes et à peu près autant de litres de sang lui furent nécessaires.

Sans un regard pour le liquide qui continuait de s’échapper de son ventre, il se précipita dans la maison. Il en ressortit toujours entrain de courir avec un morceau de tissus bleu serré par un large ceinturon noir comprimant ainsi la plaie. Son équipement sommaire venait de restes d’uniforme de gendarme.
Humant l’air comme un fauve cherchant sa proie, il s’éloigna vers la sortie du village suivit de loin par le snippeur.

Faisant confiance au sens de la chasse du chaman, il dirigea son fusil à lunettes quinze mètres devant lui. Là, grâce à l’équipement de vision nocturne de son arme, il parvint à distinguer une forme à terre. Sans se demander de quoi ou de quoi il pouvait s’agir, il fit feu. Il vit avec plaisir qu’il avait fait mouche aux mouvements de sa victime. Oui, c’était bien une des femmes qu’il recherchait. Elle s’était relevée et battait des bras. Visiblement le tireur ne l’avait que légèrement touché. Le deuxième tir fut plus précis. Le ventre de la femme enceinte explosa sous le choc. Elle s’effondra dans l’herbe.

- Bien ! Encore cinq poules porteuses et Madame je-sais-tout , se murmura t’il, son sourire retrouvé.

Le chaman avait entendu le cri étouffé de cette nouvelle victime et prit immédiatement la direction du corps gisant dans une large mare de sang. Il ne  distinguait pas  grand chose, tant ces balles explosives faisaient de dégâts. Une chose était sûr, l’enfant ne survivrait pas à sa mère. De petits morceaux de phoetus humain gisaient ça et là.

Relevant les yeux pour scruter les alentours, le chasseur aperçut un léger mouvement près d’une sorte de cabane faite de planches et visiblement abandonnée depuis pas mal de temps.

Il s’agissait en fait d’un ancien séchoir pommes de pin, ayant servi vers le milieu des années soixante-dix à l’exportation vers l’Irlande et autres pays manquant de forêts, de graines de pins corse.
Quelques personnes sur l’île avaient eu vent de la bonne affaire et en avaient profité, le temps d’amasser assez d’argent pour leurs vieux jours.
Plusieurs régions d’Europe avaient replanté avec plus ou moins de bonheur les graines. L’Irlande, par exemple, après plus de deux siècles sans le moindre conifère à se mettre sous la dent, n’avait pas pensé que ces pignons de pins deviendraient des arbres. Les forestiers, firent ce qu’ils croyaient le plus efficace et alignèrent chaque graine, à quarante centimètres les unes des autres comme s’il s’agissait de salades.
Dix ans après, des champs entiers de pins maigrelets et poussaient et étouffaient les uns contre les autres. 
Les quatre cinquièmes des arbustes durent être arrachés, les autres ne survivant pour la plupart que  quelques années supplémentaires avant de mourir prématurément.
De mauvaises langues parlèrent à l’époque de mauvais conseils donnés par les vendeurs de graines corses. Mais eux non plus n’y connaissaient rien aux plantations. Ce n’étaient que de « simple commerçants » !  Et l’histoire s’arrêta là.


Le chaman, toujours précédé de peu par Galen, le tireur fou, se dirigea vers cette frêle bâtisse.
 Il savait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps. Sa blessure ne cessant de répandre une longue traînée brunâtre, il décida de faire dans l’efficace.
Il avait assez de remontant sur la victime déjà abattue. Et comme il lui fallait faire vite pour ne pas que son « remontant » ne soit usagé, il se mit à ramasser de l’herbe sèche, qu’il colla dans les interstices que les années avaient formé entre les planches. La résine même sèche qui avait coulé des planches servirait d’accélérateur.
Une fois une bonne quantité d'allume-feu placé stratégiquement, il se mit à faire de grand signe vers son snippeur.

lundi 7 février 2011

chapitre 30, suite.

Histoire de semer un peu plus la panique, le frère jumeau d’Erick, visa un stock de bouteille de gaz et le fit exploser.  Elles montèrent dans le ciel à une hauteur inimaginable avant de retomber comme une pluie de métal et de feu.
Des maisons furent traversées de la toiture à la cave comme lors d’un bombardement aérien. Une bonne dizaine de personnes, cachée ou simplement en train de fuir, armes à la main furent touchée plus ou moins fatalement.
Plutôt plus, vu le nombre de cris de douleur qui  s’élevaient dans la nuit en provenance des différentes bâtisses, maintenant en flammes, elles aussi.

Le tireur, satisfait du résultat, sortit son portable et appuya sur la touche numéro 1.
- Ah ma p’tite mère, S’cuse moi, Carla, là tu serais vraiment fière de moi. Toutes ces années n’ont pas été inutiles. C’est toi qu’avait raison ! 

- Et la mère Mazère elle est ou ? Obtint ‘il comme seule réponse.

- Une seconde, je jette un coup d’œil.  Le chaman se déplace vers le bord du toit et va passer à l’action. Attends, Carla, je te fais un « live » en dir…

- Tais-toi ! J’ai autre chose sur le feu ! Rappelles-moi dans deux heures, OK ? Et que les cibles soient E L I M I N E S, on est bien d’accord ?

- Compris, compris ! Pas la peine de te fâcher toute rouge Carla, je veille au grain et je te..

Pour la deuxième fois le snipper fut interrompu :

-Les grosses, j’m’en  tape ! Ce que je veux c’est la chef, tu peux assurer ça au lieu de bavasser ? A tout à l’heure mon beau Galen… Et pas de bêtise, c’est primordial !

Le tireur fou fut ravi d’entendre celle qu’il considérait comme sa véritable mère, l’appeler par ce nom.
Galen, non d’un chien ! ! Le dieux des Enfers et de la destruction. La consécration pour lui que Carla n’avait toujours appelé que toi, eh petit, mon loup et autres noms aussi impersonnels. Il eut une pensée pour Erick et se jura de le secourir dès cette petite fête terminée.

Le chaman était passé à l’action. Il s’était balancé de la gouttière à travers la fenêtre du deuxième étage. Il atterrit avec souplesse au milieu des morceaux de verre. Rapidement, comme un tigre encerclant sa proie dans la jungle, il se mit à la recherche des femmes qu’il devait éliminer.
Sans se soucier des petits morceaux de verre plantés sous ses pieds, il se rendit vers la cage d’escalier et descendit les deux étages en direction du rez de chaussée.
Il se fichait pas mal des traces de sang que laissaient ses pieds ensanglantés. Il était en chasse et le son venant de la pièce qui devait servir de dortoir l’aimantait comme le Nord pour l’aiguille d’une boussole.
Un bruit venant de l’autre coté le stoppa dans son élan. Les deux gendarmes s’étaient extraits de leur voiture et tentaient de trouver refuge dans la maison. Ils avaient complètement oublié pourquoi ils étaient venus dans ce maudit village.

Ils entrèrent, enfonçant sans difficulté ce qu’il restait de la porte qui avait, elle aussi, pris feu et s’était consumée, un gros morceau de métal encore fiché en son milieu.
Une fois à l’intérieur, les deux hommes s’approchèrent de la cheminée, élément rassurant et familier au milieu de ce chaos.

Le chaman s’avança vers eux dans la pénombre. L’attaque fut aussi fulgurante qu’efficace.
Il précipita le premier des gendarmes contre le manteau de la cheminée, d’un violent coup d’épaule. Dans le même geste, il arracha à mains nu la veine jugulaire du second. Le sang se mit à gicler un peu partout dans la pièce le temps que l’homme se retourne pour voir qui venait de lui toucher le cou. Il n’avait pas, tout de suite, senti la douleur et il était maintenant trop tard pour qu’il espère émettre le moindre son.
Couvert de sang, le chaman se fit un devoir de terminer le gendarme, à terre, assommé, en ouvrant l’insert et en le projetant dedans la tête la première. La chevelure toute militaire s’embrasa immédiatement tout comme le haut de son blouson de fonction.
Il ne cria pas. Il ne pouvait que gémir tant son visage avait souffert du choc initial contre la grosse poutre  surmontant l’ancienne cheminée.

Le chaman ne prêta aucune attention à l’horreur qui se déroulait devant lui. Un dernier coup de talon à la base  de la nuque et il se détourna du représentant de l’ordre qui cloquait et noircissait à vue d’œil. Seuls, quelques gargouillis infâmes et une odeur de chaire brûlée témoignaient de la fin de la carrière d’un tranquille gendarme de campagne.

dimanche 6 février 2011

chapitre 30, suite

Le tueur resta immobile, l’oreille toujours collée à la cheminée. Il continuait d’entendre des voix dans la maison même s’il ne pouvait comprendre ce qui se disait.

Une des voitures de la gendarmerie s’arrêta devant la maison de la mère de Claude. L’autre véhicule, une fourgonnette de dépannage d’électricité de France stoppa devant le placard de l’éclairage du village à cinquante mètres de là.

Les gendarmes descendirent de leur voiture, continuant leur discussion sur ce dérangement mal venu en pleine fête de départ à la retraite à l’un des leurs. Décontractés, pour ne pas dire débraillés, ils parlaient fort et riaient comme s’ils avaient légèrement abusé de la bouteille.
Les quatre hommes s’approchaient de la porte. Le tueur sur le toit ne se faisait pourtant aucun souci.

Lorsque le premier d’entre eux leva la main pour frapper à la porte son geste fut brutalement interrompu. Sa boîte crânienne venait d’exploser. Seule sa main resta levée quelques secondes puis retomba. Il s’affala par terre.
Ses collègues le regardaient et se ne pouvaient détacher leurs regards de la mare de sang qui se formait sur le bitume. Avant que l’un d’eux ne réagisse, un deuxième homme fut touché à la gorge. Sa tête pendait lamentablement sur le coté. Comme un canard à qui l’on vient de couper le cou, il se retourna vers ses équipiers, réussissant l’exploit de faire un pas dans leur direction.
C’est seulement à sa chute, quand la tête se détacha du reste du corps et se mit à rouler que les deux gendarmes restant prirent enfin conscience de ce qui se passait.
Ils se précipitèrent vers leur voiture, ouvrirent les portes et plongèrent à l’intérieur.

A ce moment une explosion retentit. La camionnette de dépannage venait d’exploser, une balle ayant transpercé le réservoir. 
L’embrasement fut immédiat et des pièces métalliques en flammes furent projetées à plus de trois cents mètres, passant même par-dessus les toits.
Quelques autres véhicules, volets, toitures et autres buissons d’ornement municipaux s’enflammèrent sous l’action de l’essence se consumant sur les débris en feu.
Les deux hommes qui venaient réparer un simple compteur électrique, courraient sur la route, transformés en torches humaines.

Les habitants du village sortirent sur leur perron. Deux d’entre eux s’écroulèrent avant de pouvoir voir ce qui se passait. Les balles pleuvaient et la maigre population de la communauté ne tarda pas à réintégrer leurs pénates respectives, histoire de prendre, eux aussi des armes pour se défendre de ce massacre.

Le tireur s’était concentré sur la place de la fontaine, cœur névralgique du village. Il était embusqué sur les hauteurs du village au  milieu d’un escarpement rocheux. Il avait une vue parfaite sur l’ensemble des maisons et des possibilités de replis, routes ou chemins non carrossable.

Il avait repéré les lieux depuis longtemps, connaissait chacun des habitants, leurs habitudes et les moindres recoins et caches possibles du village. Il savait aussi que sa mission allait prendre bientôt fin, que le chaman s’occuperait du véritable objectif.

samedi 5 février 2011

Chapitre 30

CHAPITRE XXX

Massacre au village

La mère de Claude était inquiète. Non pas pour les femmes qu’elle devait accompagner jusqu’à la naissance de leurs futurs enfants mais par la coupure totale de courant qui la privait de tout moyen de communication. Avec ces nouveaux téléphones reliés à Internet, il fallait avoir aussi l ‘électricité. Cet isolement ne lui disait rien de bon. Le plus petit des craquements la faisaient sursauter.
Les six femmes, elles, s’étaient regroupées autour du foyer de la cheminée et discutaient à voix basse comme contaminées par le silence et l’obscurité qui régnaient alentours.

Dehors, perché sur le toit à coté du conduit de la cheminée, le chasseur entendait la discussion. Il se réjouissait de cette ambiance qui se tendait.
C’était pour lui l’assurance d’une bonne récolte. Dopamine, adrénaline, épinéphrine, trois des quatre neurotransmetteurs qui véhiculent dans notre cerveau nos réactions en cas d’état de stress lié à un combat à mener, d’une peur irrationnelle du cerveau, allaient faire « son petit quatre heures ». Quatre heures du matin bien entendu ! Il ne put réprimer un large sourire dévoilant ses dents taillées en pointes luisait dans cette nuit pourtant très sombre. Heureusement pour lui, seules les chauves-souris avaient pu voir cette inquiétante dentition.

Mais pour l’instant, il se devait d’être patient, de se concentrer à l’extrême. Les proies devaient être fatiguées, à bout de nerf pour que la fête soit complète, et la récompense totale.
Malgré le froid et le vent glacé qui descendait des montagnes encore enneigées à cette époque de l’année, l’homme, torse nu, restait plaqué sur le toit sans un frisson. Une seule chose l’inquiétait. Il n’avait pas entendu la responsable du groupe depuis dix bonnes minutes. Et dieu sait qu’elle était expérimentée, cette garce ! Il n’attaquerait pas s’il ne pouvait la localiser.

La mère de Claude avait écris neuf mots sur son bras gauche, gage de silence par rapport au papier et le montrait à toutes les futures mères, un doigt sur la bouche en guise d’avertissement. Pas un commentaire et faites ce que je vous demande !
Chacune des femmes prirent connaissance de ces mots : DANGER ! Porte de derrière. Plan de repli, trente minutes !
Pour les calmer, elle leur prit la main à tour de rôle pour faire baisser la tension qui pouvait provoquer une erreur fatale au moment où toutes devaient rester calmes et concentrée sur le plan élaboré à leur arrivée.
Puis elle prit la parole comme si de rien n’était :

-   Alors, Mesdames !  La panne de courant vous inquiète ? Ici cela arrive souvent, nous ne sommes que dans un petit village de montagne, pas dans une de ces grandes villes d’où vous venez.

Aucune des femmes ne répondit. Madame Mazère enchaîna :

- Allons nous coucher, nous serons mieux pour le voyage de demain. Les routes sont sinueuses ici. Et dans votre état, la nausée arrive vite. Allez, s’il vous plaît, enlevez vos chaussures et allons dans la chambre. J’ai allumé le poêle à pétrole, il y fera plus chaud qu’ici qu’ici.

Sur le toit, le tueur s’inquiétait. Pourquoi personne ne répondait à la guide ?  Comment allait-il savoir le bon moment pour attaquer ?
Se déplacer maintenant  n’était pas sans risque sur ce toit aux tuiles si mal fixées. La chef de meute se doutait de quelque chose, il en était sûr. Cette putain de bas étages était bien trop expérimentée pour faire les choses simplement.
Il allait lui montrer ! Il s’occuperait d’elle en premier. Les autres se comporteraient alors comme des poules affolées par l’irruption d’un renard dans leur poulailler. Et « le coq » serait mort ! Il attendrait donc de sentir le bon moment pour…

Il fut interrompu dans ses pensées par un son lointain mais pourtant facilement reconnaissable. Des véhicules équipés sirènes se rapprochaient  rapidement. Puis le bruit strident qui vrillait ses oreilles, cessa. S’il ne pouvait les voir, sa connaissance de la route menant au village lui disait qu’ils seraient là dans une petite dizaine de minutes. L’arrêt des sirènes disait que les deux voitures de la police venaient de s’engager sur la minuscule route menant au village.

vendredi 4 février 2011

Chapitre 29, fin

Ce n’était pas le FBI qui fonçait sur la route. Carla menait ses hommes droits à la rébellion !
Assez d’atermoiements avait-elle décidé !  Cet abruti réfugié dans sa confortable demeure jouait un peu trop au bon chef d’entreprise à son goût.

Il lui fallait agir vite et bien. Son action de l’autre côté de l’Atlantique avait démarré et si le « vieux » l’apprenait, ses représailles à son encontre risquaient de lui être fatale. Pourquoi voulait-il absolument garder une nouvelle génération de ces êtres ? Ils avaient mené la société au bord du gouffre, non ?
Depuis l’invention de l’écriture et de l’irrigation jusqu’au commerce à outrance et à la destruction totale de notre environnement, ces gens n’avaient fait que précipiter notre monde au chaos. Il était grand temps d’agir !

Si elle voulait pouvoir récupérer ses chéris, se débarrasser de cette vermine, elle devait prendre la tête. Et si cela impliquait d’en couper d’autres, tant pis ! Tellement mieux même !

De toutes les façons dans moins de deux heures, elle serait fixée. Elle préférait encore disparaître que de continuer comme cela. Son enfant était aux mains de Dorlan et sa clique de petits joueurs et pour le récupérer, elle se devait d’agir vite.

Carla Allifiesh était une nature entière. Elle était née comme ça et son éducation en des temps où l’action était privilégiée lui avait permis d’acquérir une inestimable expérience.
Sans parler de ses hommes entièrement soumis à son autorité. Sa féminité donnait aussi un surcroît d’aura auprès de ses troupes. Il faut dire qu’ils n’avaient pas vu de femme depuis plus trois ans, pour la plupart d’entre eux et leurs hormones, bien spécifiques, commençaient à les tarauder sérieusement ! Toujours un point pour elle. La promesse de nuits agitées avait suffi à les rallier à sa cause. Les hommes, même les plus anciens, restaient obnubilés par le sexe et la domination. Surtout les plus anciens !

******

Pour Nick, tout était encore brumeux mais cependant plus claire. Dans son petit tour du monde, il avait senti deux zones « d’ondulations  ». La première concernait l’Europe du  sud et l’autre,  l’Ouest Américain. Exactement l’endroit où il se trouvait. Comme sa croyance en la coïncidence n’était que très limitée, il était sûr que cela le concernait dans une certaine mesure.
Il se ravitailla, engouffrant salé et sucré sans discernement et prit une décision. Il allait agir comme il avait prévu, rencontrer son oncle mais avec infiniment plus de prudence.
Il s’inquiétait pour Claude également. Lui et sa mère habitaient en Corse  et si sa géographie ne lui faisait pas défaut, cela se trouvait en Europe du sud.
Il ressortit de sa voiture, encore chancelant, son soda à la main et se dirigea vers la station service. Une fois à l’intérieur, Nick  passa un coup de téléphone rapide de la cabine publique.
Il ne dit que quelques mots.

- Salut, c’est moi
Sans attendre de réponse car il savait qu’il n’y en aurait pas, il ajouta :

- Allez chez vous savez et faites une  exfiltration , OK ? Et ne traînez pas, c’est urgent. Ah oui ! Equipez-vous car vous rencontrerez sûrement de la résistance. Comprit ?
- La réponse arriva sous la forme de trois « Bip » correspondant à trois touches de téléphone pressées.
Nick raccrocha, retourna toujours aussi inquiet à sa voiture et finit d’avaler l’énorme sachet de bonbon avec les quelque chips qui lui restait. Il démarra en buvant son demi-litre de café froid et prit la route. Encore une heure, si tout se passait bien qu’il en doute fortement et il serait fixé.
Il roulait au maximum que sa voiture de location lui permettait pour tenir ce délai.

A cet instant précis, Anua, Billie et Raph débarquaient à Tucson. Claude et Charlène n’étaient qu’en approche de l’aéroport mais n’allaient pas tarder à suivre.

jeudi 3 février 2011

chapitre 29, suite

Nick avait soigneusement préparé son plan. Une arrivée par surprise chez son oncle qu’il n’avait pas vu depuis plus de quinze ans. Et encore ! Cette dernière rencontre s’était déroulée dans son entreprise et  il n’avait fait que le croiser. Pas un instant, son oncle n’avait paru s’intéresser à lui. Il lui avait même semblé que Linen faisait tout pour éviter d’avoir une vraie discussion. Nick ne l’avait pas reconnu. Ce type là le fuyait littéralement. Son oncle avait même prétexté une réunion avec les responsables de production et lui avait simplement dit qu’il le rappellerait dans les jours prochains.

Quinze ans s’étaient écoulés et le téléphone n’avait toujours pas sonné. Il était donc grand temps de provoquer une rencontre fortuite au domicile de son oncle. Nick s’était, depuis des mois, échiné à faire suivre son oncle. Les derniers événements et son subit rajeunissement l’avaient convaincu que le moment était arrivé.

Alors que Nick descendait de l’avion, son passé, son enfance avec sa mère puis sa rencontre et sa vie avec l’oncle Linen lui revinrent en mémoire. Ces souvenirs lui vrillaient l’estomac.
La première question qu’il lui poserait serait simple. Comment s’était-il trouvé sur cette route juste quand Nick en avait tant besoin ? Il ne croyait plus, et depuis longtemps, au hasard.
Si son oncle répondait correctement à cette question, il en avait une bonne centaine à lui poser, à commencer par la mort de sa mère et ses fameuses visions qu’il avait réussies à dompter au fil des années.
Alors et seulement alors, si son oncle jouait franc jeu, il lui ferait part du groupe de gamin qu’il avait réussi à presque recomposer, des cylindres de mystérieux bois qu’il avait maintenant entre ses mains.
Si, si et si, l’heure de la grande explication avait sonné !

Il continuait de ressasser comment faire pour que cette conversation se passe pour le mieux lorsqu’il ressentit le besoin impérieux de faire le point. Autrement dit, il devait fermer les yeux pour une transe impromptue. Pourquoi maintenant ? Il ne le saurait qu’après. Mais il connaissait l’état de fatigue  que ces petites séances impliquaient et leurs répercussion sur sa capacité à tenir une discussion en « maître du jeu » juste après.
Nick décida, une fois en voiture, de s’écarter de l’aéroport puis de trouver un coin tranquille pour disparaître de lui-même. Il décida aussi de s’accorder une heure de récupération avec repas  à l’appui juste après.

Il s’arrêta donc à la première station service et acheta un maximum de cochonneries. Chips, sandwichs préemballés, bonbons, soda, tout l’attirail du parfait futur obèse. Mais il savait qu’il en aurait besoin tant ses transes l’épuisaient.

C’est à la caisse, alors qu’il sortait sa carte de paiement, qu’il remarqua cinq gros quatre-quatre noirs avec vitre fumés et antennes satellites qui fonçaient dans la direction qu’il s’apprêtait à suivre après son petit tour d’horizon tout personnel.
Nick se demanda s’il était possible qu’Anua et son chéri d’agent du FBI aient pu le suivre et être déjà là ?
Oui, bien considéré, il devait faire un point tout de suite, ici sur le parking. Encombré par les poids lourds et autres véhicules, il passerait inaperçu. Il l’espérait tout du moins.
Il se gara en plein milieu du parking, verrouilla ses portes, et se cala la tête comme il put entre les bras du volant. Il ferma les yeux.  Il se félicita d’avoir loué une voiture à vitres teintées. Ce fut sa dernière pensée consciente.

mercredi 2 février 2011

chapitre 29, suite

Anua raconta tout ce qui lui était arrivé à Raph.  Billie qui s’était rendue au chevet de Monsieur Petersen fut, à son tour rapidement mise au courant devant la porte de la chambre.
Elle non plus ne comprenais pas l’intervention du « géant vert » ni ses intentions envers sa meilleure amie.

Raph tournait en rond sur le parking pour évacuer l’angoisse de l’absence d’Anua mais aussi il devait se l’avouer, des nombreux cafés bus aux nombreux distributeurs qui avaient croisé sa route dans cette éprouvante journée.

Il repensait à ces derniers événements et se perdait en conjectures quant à leurs significations.
 Mais en bon agent du FBI, il avait demandé à voir les bandes vidéos du parking au moment de l’arrivée d’anua, gardée par l’hôpital. Il avait ensuite demandé une recherche sur l’immatriculation du véhicule et sur le propriétaire mais sans demander d’interception de son chauffeur. Il avait bien senti qu’Anua  faisait confiance ou tout du moins, avait du respect pour cet individu.
Mais agent spécial jusqu’au bout des ongles et surtout zélé, il  ne se fiait qu’à son instinct. Il avait donc demandé à toutes les forces de polices de la région et du FBI pour le reste du pays de suivre cet homme, une fois retrouvé.
Et cela quelque soit son « pedigree » de criminel !

Moins d’une demi-heure plus tard son Blackberry le bipa. L’homme se nommait Nick Dorlan, n’avait jamais commis le moindre délit et était un petit mais renommé courtier de Manhattan ou il résidait, en général. Il possédait nombre de résidences sur la côte Est et en Californie et se dirigeait actuellement vers l’aéroport de Tucson.

Raph regardait attentivement la photo de son permis  de conduire qu’on lui avait fait parvenir sur son écran de téléphone en se demandant à quoi jouait ce drôle d’oiseau.  Pourquoi de « Monsieur le parfait citoyen » , il en était venu à cambrioleur avec coups et blessures, le visage de Bille en témoignait, non ? Mais surtout quelles étaient les raisons de cet homme pour devenir un double kidnappeur, d’un jeune homme et d’Anua, bien que cette dernière ait été relâchée sans aucune demande, mis à part le vol de ses précieux morceaux de bois ?

mardi 1 février 2011

chapitre 29

CHAPITRE XXIX


Fin des jumaux


Solder devait de préparer au pire. Il savait qu’il avait merdé avec Carla Allifiesh. Il avait réussi à se mettre à dos sa plus fidèle et intelligente de ses collaboratrices. Simplement parce qu’il avait trop présumé de l’imminence des résultats de ses recherches. Et aussi de ce « putain »  d’instinct maternel de ces fichus bonnes femmes même une fois qu’elles aient gagnées leur camp, gavée de sérotonine et autres molécules humaines de ce genre.

Il était presque aussi blanc que le magnifique couloir qu’il longeait. Pas de peur mais de rage, de rage froide. Il changerait tout ce blanc quant il en aurait fini, avec ce sac de nœud. Cela ressemblait trop à Linnen. Lui préférait la couleur, toutes les couleurs, le blanc, il l’avait en mémoire et ce n’était pas facile à supporter. C’est que sa mémoire  remontait à un temps où tout était blanc, à l’infini, où que l’on regarde.

Après avoir traversé plusieurs pièces, Solder s’arrêta dans une vaste serre mais uniquement éclairée par de longues rangées de spot passant en revu tout le spectre lumineux, de l’ultra violet à l’ultra rouge.  Il regarda avec espoir les plantes qui reposaient sur de profonds bacs. Ces plantes, par endroits, culminant à plus de cinq mètres devaient lui permettre de retrouver un jour son monde. Un monde parfait comme son cortex en avait gardé le souvenir. Il en serait alors fini des fausses alliances et des injections obligatoires. Le monde serait à nouveau en harmonie, et plus personne ne songerait à les appeler les hommes rouges, lui et les quelques « survivants » descendant de cette époque bénie qu’il avait réussi à mener jusqu’à notre époque. Oui, il en serait terminé de ce ridicule surnom. Hommes rouges, comme s’ils avaient eu le choix !