mardi 30 novembre 2010

Chapitre 18 suite

Puis la terreur la submergea une nouvelle fois quant un homme ressemblant trait pour trait au chaman vieux de plus de deux siècles apparut. Elle crut un instant que son cœur allait lâcher tant il battait vite.
Anua se reprit se raccrochant à la promesse qu'elle s'était faite de ne plus perdre totalement le contrôle de sa personne.

L'homme au regard de meurtrière de château médiéval épiait les six femmes par l’une des fenêtres du salon alors qu'elles dînaient visiblement plus détendue qu'à leur arrivée, soulagées de pouvoir partager leurs angoisses.
Il attendait le meilleur moment, non sans un certain plaisir. Le silence régnait. Seule la Lune était le témoin silencieux de l’euphorie de l'homme, au moment du passage à l’action.

Silencieux comme un chat, il escalada la façade de la ferme, une fois ses occupantes couchées. Il semblait littéralement glisser sur le mur et atteignit le toit avant de s'introduire à l'intérieur par un vasistas laissé ouvert par le vieil homme qui avait réouvert la maison. Elle était le "chaman". Elle ressentait tout le plaisir qu'il prenait pendant qu'il se faufilait dans le corridor desservant les chambres au premier étage. Anua sentit même le goût de l'adrénaline qui montait dans la bouche du tueur.
Il ne leur laissa aucune chance. Pendant dix minutes, il prit un malin plaisir à mettre un terme à la vie de ces innocentes avec les divers objets qui lui tombait sous la main. C'était un expert en mortalité précoce, une vraie encyclopédie du crime.
Sans laisser trop de traces de son passage, il réussit à les supprimer toutes rapidement. Il trancha la gorge à l'aide d'un tesson de verre des deux premières, écrasa la moelle épinière de la troisième de ses larges mains puissantes d’une simple pression de ses pouces.
Il agrémenta sa macabre tournée, juste pour le plaisir, en crevant les yeux deux dernières femmes alors qu'elles se mourraient déjà, la gorge tranchée.
Il les rassembla ensuite mortes ou agonisantes au rez-de-chaussée en les jetant tels de vieux sacs poubelles éventrés, avec un certain dégoût.
Pire encore, il pris un couteau sur la table et éventra ces pauvres femmes pour en sortir les fœtus qu’elles portaient. L’horreur ne s’arrêta pas là. Le chaman démembra avec grand soin les six futurs bébés. Comme s’il préparait de la volaille, juste avec ses mains. Un large sourire lui barrant le visage.
Anua flottait à présent, au-dessus du massacre. Elle était horrifiée, mais ce qu’elle avait vu, l’intriguait au plus haut point.
L’assassin s’agenouilla près de l’une des femmes sans se soucier de la mare de sang dans laquelle il se trouvait. Après un rapide coups d’œil, il la repoussa et se tourna vers les autres victimes. Ce n’était visiblement pas celle qu’il recherchait.
Après quelques minutes de labeur, il avait placé sur le dos, à l’écart des autres, le corps de deux des femmes. Les deux corps qu’il avait précédemment énucléé. Il préleva avec le plus grand soin, une substance corporelle à l’aide d’un ustensile ressemblant fortement à un large tube octogonal effilé aux extrémités. Il l’introduisit dans l’œil de ses victimes avec la minutie d’un chirurgien. Anua entendit clairement un bruit de succion mais ne put distinguer à quoi ressemblait réellement cet objet qui lui paraissait pourtant étrangement familier. Une fois sa macabre tâche accomplie, le monstre sans humanité,  rangea l’instrument dans la poche intérieure de sa poche aussi soigneusement que s’il était rentré en possession d’une sainte relique.

Anua se trouvant trop loin de la scène pour discerner et comprendre ce que faisait exactement le tueur, fit l’effort de réintégrer l’esprit de cet homme à l’âme noir, à sa grande répugnance.
Une fois de nouveau dans son esprit, elle sentit aussitôt le tueur se détendre. Il avait sa récompense. Il sentait contre son cœur le mystérieux tube et pensait déjà aux délicieux moments qui l’attendaient lorsqu’il s’injecterait le contenu de ses prélèvements post mortem.

lundi 29 novembre 2010

Chapitre 18 suite

Anua et Son agent spécial parvinrent sur place après s'être égarés un bon moment parmi les centaines de chemins de terre qui se multipliaient dans la région.
Ils avaient eu tout le temps de discuter, de se chamailler pour enfin de rire sur la meilleure manière de trouver cette maudite bâtisse. Anua commençait réellement à apprécier la compagnie de Raph.
Raph était désordonné, fallait voir l'intérieur de sa voiture, et toujours distrait, c’était du moins ce qu’il voulait laisser transparaître. Il était en fait parfaitement maître de lui et possédait un sens de l'humour décalé qui la faisait hurler de rire.
Elle avait même cessé de le maudire quant il la taquinait sur ses dons de Madame Soleil. Elle en riait maintenant de bon cœur et comprenait fort bien ses interrogations sur la manière dont elle avait pu repérer l'endroit exact de l'ancien massacre.
Et ce jour là, Anua en remis une couche, en terme de divination !

Juste après avoir pénétré dans la ferme dont il ne subsistait que quelques pans de murs noircis par l'incendie, Anua s'accrocha au bras de son fidèle chevalier servant. D'abord surpris, il se mit à la soutenir par les épaules dès qu'il vit ses yeux clos, ses paupières presque translucides où chaque veine tressaillait à un rythme effréné. A voir la pâleur de son visage et ses traits déformés, c’était reparti pour un tour !
Anua commença par voir une vaste étendue déserte. Après un bon moment où les saisons défilaient à grande vitesse, une ferme flambante neuve sortit de terre, occupée par un jeune couple et trois jeunes enfants style western. Cela se déroulait comme dans un de ces jeux d’arcade, les "Sims" où l'on doit inventer une famille et son environnement puis les faire évoluer virtuellement.
Les scènes se succédaient rapidement devant les yeux d'Anua. Elle passait d'un individu à l'autre à une telle vitesse qu'elle commençait à se sentir comme une balle de ping-pong que se renverraient deux champions chinois qui s'entraînaient pour les jeux olympiques. Les familles se succédèrent jusqu'à une longue période de noir. Visiblement, plus personne n'habitait les lieux. Le paysage s'était modifié. Plus la moindre trace d'arbre. Toute végétation sauvage comme agricoles avaient disparu, preuve que l'on avait exploité cette terre jusqu'à la moelle.
Ce répit dans ce défilé de générations, lui permit de reprendre un peu ses esprits. Elle put  regarder autour d’elle et ausculter minutieusement cette bâtisse. Une pause heureuse de ressenti des peines et joies de la vie de toutes ces personnes à une vitesse qui ne lui permettait aucun répit dans les chocs émotionnels qui se succédaient, se croisaient et finissaient par s’enchevêtrer. Comme l’autre fois quant elle s’était laissée emporter trop loin. Au point de perdre tout contrôle sur sa personnalité. Anua s'était en effet jurée qu'on ne la reprendrait plus l'écume aux lèvres, grattant quoique ce soit avec des objets que seul son esprit tenait, en se mutilant les mains, partie de son corps qu'elle préférait.
La période d'obscurité s'acheva quant un vieil homme, élégamment vêtu, décloua les planches qui obstruaient les fenêtres. Il resta si peu de temps qu'elle n'arriva pas à saisir sa réelle essence. Mais il était visible qu'il ne se sentait pas à l'aise dans cette bâtisse. Son esprit était noir et opaque et ses intentions malveillantes. Elle ressentait le noir lugubre de la ferme après le passage de l’homme. Attente, puis la lumière à nouveau.
Six femmes arrivèrent ensemble dans la maison. Anua les sentit à la fois pleines d'espoir et toujours inquiètes. Elle eut tout le temps, en passant de l'une à l'autre, de ressentir leurs états d'âme ainsi que leurs personnalités. Anua eut tout le temps de s’imprégner de leurs identités respectives, qu'elle s'appliqua à ranger soigneusement dans une partie encore maîtrisable de son cerveau. Elle nota également que ces femmes réunies étaient toujours six. Ces femmes attendaient. Elles étaient en transit dans cette maison.

dimanche 28 novembre 2010

Chapitre 18 ... On avance doucement, qui va piano va sano, non ?

Chapitre XVIII

ANUA MAITRISE SES DONS
FIN D'UN CHASSEUR II



Billie se reposait encore dans sa chambre. Elle n’était pas arrivée à trouver le sommeil.  Le choc de sa rencontre avec les deux énergumènes qui s'étaient affrontés sous ses yeux déjà deux heures auparavant l’avait plongée dans l’incrédulité, sans compter les blessures physiques. L'annonce faite par le géant du meurtre probable du père d'Anua, que Billie adorait, n'avait fait que renforcer sa détresse et son sentiment d'inutilité. Elle, qui avait senti que son amie avait des problèmes, n'avait pu imaginer leur ampleur. Elle, la meilleure amie, n’avait  pu agir tant les catastrophes s'étaient succédées sans le moindre avertissement.
Billie se mit en boule sur le lit et éclata en sanglots. Ces larmes étaient les témoins de sa rage vis à vis de son impuissance. Tout s'était déroulé si rapidement qu'elle s'était sentie aussi inutile qu'une grosse amphore gisant, vide, au fond de l’océan.
Elle aurait tant voulu être sure de revoir Monsieur Petersen ! Celui qui l’avait toujours considérée comme sa seconde fille, qui n’avait pas ménagé son temps ni son portefeuille pour l’aider dans la voie professionnelle qu’elle avait choisie. C’était grâce à lui qu’elle occupait cette place de responsable, dans l'entreprise de référence de recherche et de fouille d’épaves. Il avait réussi à l’imposer dans ce milieu si machiste de la fouille sous-marine où elle se trouvait sans cesse confrontée aux responsables des plus grands groupes pétroliers pour leur faire stopper leurs si précieux forages pour entamer des fouilles historiques.
C’est, du moins, ce qu’elle pensait et ça la rendait malade de rien pouvoir faire alors qu’on venait de lui annoncer sa mort.

Visiblement, c’était plus que son nez qui en avait pris un bon coup. Les petits gémissements qu'Anua pouvait entendre du salon, prouvait que sa copine était psychologiquement meurtrie. Elle connaissait l’attachement de Billie pour son père, elle qui n’en avait plus depuis l’âge de huit ans.
Elle replongea dans ses pensées, ne voulant pas, pour l’instant vivre l’angoissante réalité, celle d’une vie sans son père. Anua reprit, attendant l’arrivée de son chevalier  servant, le cours de ses pensées, de ses premiers contacts avec Mister FBI.

Trois semaine plus tard, l'équipe d'archéologue, qu'avait réuni Anua, avait terminé son travail.
Les ossements retrouvés grâce à Anua et les photos de l'enquête de Raphaël montraient une parfaite similarité. Seule une personne connaissant sur le bout des doigts la tuerie de 1736 avait pu commettre celui de l'enquête en cours. Raph, puisqu'elle l'appelait comme cela maintenant ne voyait pas où cela pouvait le mener. Cet ancien acte de barbarie n'était mentionné dans aucun document et il n'y avait pas de descendant de cette tuerie, du moins, d'après les recherches conjointes des historiens et des policiers. C'était un retour à l'impasse pour l'enquête.

C'est encore une fois d'Anua que vint la lumière, quand trois jours plus tard Raph lui téléphona pour lui dire qu'on avait signalé à la police de Tupelo la découverte de restes d'une vieille ferme récemment incendiée. Les agents du FBI, arrivés sur place à l'aube, avaient découvert différentes tâches de sang après un passage au "luminol" les restes, les moins calcinés, de la maison.

samedi 27 novembre 2010

chapitre 17 fin


Anua commençait à se sentir redevenir elle-même, à prendre du recul sur son expérience, à pouvoir dégager le fil réel des évènements passés.
-        C'est simplement le fait d’un criminel du passé qui profitait de guerres pour continuer la leur. Des profiteurs de l'histoire, quoi !
La jeune femme reprit son souffle et poursuivit :
-Creusez-là et vous aurez les réponses du massacre qui s'est déroulé cinquante mètres plus loin, à l'endroit où vos hommes tentent de reconstituer des corps entiers à partir de pièces en vrac, agent spécial Raphaël Furk ! Si je vous l’dit, c’est que j’en suis sure, non d’un chien !
Et zut, voilà qu'elle s'énervait de nouveau, il n'y était pour rien ! Il l'avait soutenue, peut être sauvée d'un horrible et définitif plongeon dans le passé et voilà  qu’elle passait ses nerfs sur lui. Faut se calmer ma fille ! Pensa Anua en regardant le policier au sourire éternel qui se tenait face à elle.

Elle commençait à se sentir redevenir elle-même, à prendre du recul sur son expérience, à pouvoir dégager le fil réel des évènements passés, de ce qu’elle avait vécu ou plutôt revécu.
- Ok, Ok, j'ai saisi ! Lui dit-il un franc sourire venant éclairer son visage. Il se retourna et cria à ses hommes : Tom, jack ramenez-vous et demandez aux hommes de la scientifique de venir ici dare-dare. Et vous, mademoiselle Petrersen, du calme, du calme, ajouta t’il en plongeant un regard autoritaire dans celui de la jeune femme.
Les flics rappliquèrent en quatrième vitesse avec leurs pelles, pioches et autres outils. Alors qu'ils allaient commencer à creuser, Anua s'interposa, menaçant Raphaël Furk d'une nouvelle crise de nerf si quiconque touchait à ce sol.
Elle lui expliqua que les cadavres enterrés lui expliqueraient le pourquoi du comment du massacre sur lequel il enquêtait et que le coupable des horreurs commises aujourd'hui ne pourrait être révélé que par une fouille minutieuse et patiente de type archéologique : "oui, au pinceau, mon p'tit Monsieur !" Lui dit-elle, souriant pour la première fois depuis son arrivée, face à l’air réprobateur et passablement agacé de l’inspecteur.
L'étrange disposition des morceaux de corps humains serait la même sous terre qu'à cent mètres de là. Elle lui jura, ils auraient même du être superposé, c'était juste une erreur de l'assassin. Oui, il n’y a qu’un seul assassin, enfin, en quelque sorte, soutint-elle en le fixant droit dans les yeux.
Anua lui demanda trois semaines. Il accepta de lui accorder après avoir téléphoné au directeur régional du FBI qui lui confirma qu'elle était bien saine d'esprit et en plus très compétente dans son domaine.
S’il resta stupéfait par l’assurance de la jeune femme, son charme et ce sourire entrevu pour la première fois, ne furent pas étranger à sa décision de se plier à ses requêtes. Il n’allait pas le regretter.

vendredi 26 novembre 2010

suite chapitre 17


Les hommes reprenaient maintenant l'incantation du sorcier tout en creusant une fosse circulaire à l'aide de leurs couteaux puis de différents objets leur tombant sous la main. Le vacarme de ces hommes couvert de sang et de terre, creusant et psalmodiant était assourdissant. Anua toujours dans la pensée du chaman se vit ordonner aux soldats en transe de déposer les différents bouts de corps des femmes dans un ordre bien précis dans la fosse circulaire qu'ils venaient de creuser. C'est alors qu'Anua ressentit peu à peu des coups qu'on lui assénait au visage. Les hommes remettaient maintenant de la terre et des pierres sur les restes atrocement mutilées de ces femmes. Ces même femmes qui priaient et chantaient, pleine joie, il y a moins d'une heure. Savaient-elles ce qui allait leur arriver ? Elle le croyait, le savait. Anua sentit plus distinctement qu'on la frappait au visage. Elle entendit de faibles appels. Elle se concentra dessus :
- An…sen…ou...elle…nua…pet…sen…rev…vous.
Son esprit revint doucement vers la réalité oubliant les terribles scènes auxquelles elle avait assisté. Puis de nouveau, elle entendit:
- Mademoiselle Petersen, Anua Petersen, réveillez-vous ! Qu'avez-vous ? Bon sang qu’est-ce qui c’est passé ? Vous êtes épileptique ou quoi ?
L’agent Furck ne savait de quelle manière prendre les évènements qui venaient de se dérouler. Il avait bien vu que la jeune archéologue n’était plus elle-même. Sa rationalité et son désir de reprendre cette enquête sur des bases classiques étaient mis à mal. Heureusement qu’il n’avait vu aucun journaliste dans les parages.
Il aurait été sinon obligé de répondre à tous les scribouillards et autres allumés fanas du paranormal, lui qui se considérait comme une personne logique et raisonnable, peut être parfois un peu pointilleux. Lui, surtout qui voulait s’appuyer sur la science, rien que la science et ses preuves irréfutables pour comprendre ce massacre et confondre le ou les auteurs de cette atrocité. Et qui est-ce qu’on lui avait mis dans les pattes ? Une chercheuse folle-dingue qui allait mettre à mal la méthode Furck.
Méthode qu’il avait expliqué à toute son équipe depuis son premier jour comme responsable de l’affaire du « tueur du mémorial », comme l’avait surnommé les médias.
Anua ouvrit subitement les yeux, vit qu'elle se trouvait dans les bras de l'agent Furk avant de sombrer dans un profond sommeil sans rêve.
A son réveil, quinze bonnes minutes plus tard, elle était allongée à l'arrière d'une ambulance, les mains en sang, un atroce mal de tête lui vrillant le cerveau. L'agent Furk se tenait près d'elle, un café bien chaud à la main.
- Mais bon dieu, qu'est-ce qui vous est arrivé ? Dit-il en lui tendant la boisson encore fumante.
- Merci ! Anua s'empara du café comme s'il s’agissait d’un médicament révolutionnaire.  Après une bonne rasade de liquide insipide auquel on avait gentiment une grande quantité de sucre, elle se tourna vers l’homme qui la portait dans ses bras, juste avant sa perte de connaissance et commença :
- je ne me souviens plus de…Puis tout lui revint d'un coup ! Aussi clairement qu’elle l’avait vécu sur le moment.
Elle raconta sa vision à l'agent Furk et le traîna jusqu'à l'endroit où elle avait tracé le cercle alors qu'elle était dans l'esprit du chaman. Raphaël Furk se laissa faire devant la farouche détermination de la jeune femme, comme reprise par ses démons.
- Voilà, c'est là ! Dit Anua en montrant de sa main bandée le cercle tracé au sol.
- C'est quoi, là ? Répondit-il. C'est surtout là qu'on vous a retrouvée en pleine crise de nerf. Vous grattiez par terre avec vos mains et personne n'a pu vous empêcher de finir ce cercle, bon dieu Mademoiselle Petersen ! Alors c'est là quoi au juste, là ? Répéta-il.
- Simplement l'explication du massacre pour lequel vous m'avez appelé, agent Furk, lui dit-elle en le fixant droit dans les yeux. Débordée par le ressac des émotions vécues lorsqu'elle passait de l'esprit de ces femmes à celui du chaman, elle se tut un instant. Une fois de nouveau assez calme pour s'expliquer simplement, elle repris:
- Là sous ce cercle que j'ai visiblement tracé avec mes mains, vu leur état, se trouve les corps de six femmes qui ont été violées, assassinées, découpées en rondelles puis enterrées là il y a plus de deux cent cinquante ans. C'est une histoire annexe à la bataille dont vous voyez la stèle, la haut derrière vous.

jeudi 25 novembre 2010

chapitre 17, suite

L'AFFAIRE DU "TUEUR HISTORIEN"
Anua, l’instinct


Anua avait compris après un rapide briefing que dans cette affaire, le meurtrier prenait un malin plaisir à décorer les scènes de crime avec un sens du morbide inégalé, mélangeant les morceaux de corps humains de ses différentes victimes en des lieux chargés d’histoire. Après ce court entretien au siège du FBI, le directeur régional l'avait conduite sur la scène de crime. C'est là, qu'elle fit la connaissance de Raph, qui courait en tous sens, essayant vainement de délimiter un périmètre de sécurité, la scène de crime s'étendant sur plus d’un demi hectare morcelée en plusieurs parties sur d’immenses champs, le long du fleuve. Les corps avaient été découverts non loin de la localité où avait eu lieu la bataille d'Ackia.

En 1736, près de la ville actuelle de Tupelo dans l'État du Mississippi, Les Français avait tenté d'utiliser le fleuve pour relier leur colonie de la Louisiane avec la partie septentrionale de la Nouvelle France. Mais les amérindiens contestèrent le contrôle des rives du fleuve par les Français. Ackia, un village de la tribu Chickasaw, fut attaqué par une armée franco-indienne. Les Chickasaws, alliés par le besoin des britanniques repoussèrent l'attaque avec succès. C’est en ce lieu, qu’avait définitivement périt la volonté des français de dominer l’Amérique du Nord et laissés le champ libre aux Anglais. Un Mémorial avait été construit à cet endroit, longtemps après que cette bataille, qui ne concernait que quelques centaines de personnes, se soit déroulée. Une fois ses conséquences historiques bien comprises, cette petite escarmouche devint la fierté de la bourgade de Tupelo, Mississipi.

Anua avait arpenté pendant plus de deux heures ces lugubres champs, non loin du petit monument célébrant cette victoire anglophone.
Sur une large bande de trois cents mètres de long et d’une centaine de large, partant du fleuve étaient éparpillés d’innombrables morceaux de corps humains déchiquetés. Le sang semblait imbiber la terre.

Son cerveau n'avait pu supporter longtemps ces visions monstrueuses, d'une sauvagerie sans limite. Son esprit s’était peu à peu soustrait de ce paysage cauchemardesque et vagabondait. L’inconscient avait pris le dessus sur la simple vision du réel. Elle s'éloignait maintenant de la scène de crime, clôturée par d'innombrables rubans jaunes, et marchait en direction du fleuve.

Des images de prés, planté de tipis au milieu des herbes folles guidait maintenant sa marche silencieuse au milieu du carnage. Un sentiment de plénitude l’envahit. Des femmes indiennes formaient un cercle, se donnant la main, autour d'un feu près d'un tipi légèrement en retrait des autres.
Anua faisait partie de ses femmes. L'instant suivant, elle planait au-dessus du feu. Les six femmes prononçaient une prière à l'unisson.
Le chaman les repéra. Il exhorta ses troupes à le suivre en leur direction et leur hurla des ordres qu'aucun des hommes n'osa contester. Le chaman, aux yeux de meurtrières de château médiéval, ne portait aucun attribut que l'on serait en droit de voir sur un homme de son rang. Non ! Il était torse nu et simplement armé d'un long bâton.
Anua rentra dans l'esprit du chaman. Il hurlait ses ordres. Anua était troublée et effrayée. Il désignait les femmes aux hommes qui le suivaient, dans un langage qu'elle ne comprenait pas même s’il lui semblait familier.
Les hommes se ruèrent vers ces femmes toujours agenouillées, qui continuaient de psalmodier dans une langue proche de celle du chaman malgré l'imminence du danger. Les hommes se ruèrent vers elles et commencèrent à les frapper avec une violence extrême. Ils leur arrachèrent leurs vêtements et les violèrent sauvagement après les avoir rouées de coups. Les femmes qui n'étaient pas inconscientes restaient immobiles et sans réaction au milieu de ce déchaînement de violence.
Le chaman hurla de nouveau en direction de ses "soldats". Les hommes sortirent en une fraction de seconde leurs couteaux et commencèrent leur abominable besogne. Ils scalpèrent, à la manière des hommes blancs ces pauvres femmes qu'ils prenaient pour des sorcières. Puis, sans se préoccuper de savoir si elles étaient toujours en vie les dépecèrent habilement, comme ils l'auraient fait avec un bison. Ils coupèrent habilement grâce à leurs lames effilées, les mains des bras, les bras des torses et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il ne reste plus un seul membre à couper. Pour finir les têtes furent séparées des torses. De véritables torrents de sang coulaient, suivant les pentes du terrain.
Le chaman continuait de crier, traçant un large cercle au sol du bout de son bâton.
Anua, toujours dans un état second, ne se voyait pas reproduire à l’identique les gestes et cris du chaman.
Aucun, des nombreux policiers, membres du FBI et médecins légistes ne l’avaient remarquée. Ils étaient bien trop occupés et choqués pour lever la tête de leurs tâches respectives

mercredi 24 novembre 2010

chapitre 17

Chapitre XVII

ANUA SE REBIFFE I
RAPH ARRIVE



Anua à peine libérée de ses liens par Billie se rua vers son téléphone portable. Finis les pleurs et autres jérémiades ! Terminées les questions sur la scène surréaliste qui venait de se dérouler sous ses yeux.
 Bordel de chiotte, On avait osé toucher à ce qu’elle avait de plus cher au monde : son père !
Le volcan qui sommeillait à l'intérieur de cette gracile et charmante jeune femme s’était réveillé.
Pendant que son amie essayait de camoufler l’énorme hématome qui faisait enfler son nez et clore à vitesse supersonique son œil droit en prenant une jolie teinte violacée, Anua composa le numéro de Raph.
Monsieur Raphël Furk de son vrai nom, agent spécial du FBI, s'il vous plaît ! Lui, au moins, allait lui venir en secours. Sinon à quoi pouvait bien servir celui qu'elle considérait comme son meilleur ami voire peut être l'homme avec qui elle allait passer le reste de ses jours pour peu qu'ils trouvent un peu de temps pour se retrouver et passer ce cap si délicat entre l'attirance et la vie à deux
Trois sonneries retentirent à ses oreilles avant que Raph ne décrocha. Oui, il venait tout de suite ! Il devait cependant trouver le temps de déléguer l'affaire sur laquelle il travaillait à des collègues qui aurait le cran de couvrir son absence. Et ils n'étaient pas légion au FBI à se porter volontaire pour qu'un collègue puisse partir dans l'instant régler un problème personnel ! Il lui fallait ensuite trouver un avion qui le déposerait à l'aéroport de L.A, si possible avec une correspondance aérienne pour le sud de la Californie. Il lui faudrait sinon louer une voiture pour parvenir jusqu'au domicile d'Anua situé entre San Diego et la mer de Salton. Quelle idée aussi d'aller s'enterrer au milieu de nul part, simplement parce que la boîte qui finançait ses travaux avait décider de se cacher en plein désert ! Une histoire de climat favorable à la conservation, lui avait-on dit…Ma fois, pourquoi pas après tout, admit-il, toujours aussi cartésien et fataliste qu’il était possible de l’être.
Bien décidée à attendre Raph sans bouger comme il lui avait recommandé, Anua s'occupa de Billie , choquée et incapable de repartir pour le moment.
Elle lui proposa, après l'avoir soignée, d'attendre avec elle l'arrivée de son principal atout. Son ami, son garde du corps estampillé "FBI" avec qui il se pourrait bien qu'elle finsse ses jours si leurs boulots respectifs leurs laissaient un peu de temps pour la romance. Et dire qu'il y a si peu de temps encore, elle se faisait du mouron pour sa petite carrière ! Tant de choses venaient de bouleverser sa vie à jamais, elle le ressentait au plus profond de son âme.
Billie avait préféré se reposer seule dans la chambre de son amie, la laissant seule face à ses problèmes. Plutôt que d'y réfléchir à chaud, elle se connaissait, elle préféra laisser son esprit vagabonder. Anua s'allongea sur le sofa qui avait vu se dérouler tant d'évènements ces dernières heures. Les yeux clos, son esprit dériva lentement vers sa rencontre avec Raph. Un échappatoire en attendant que la terrible réalité ne la rattrape.
Anua avait rencontré le lieutenant Furk il y a deux ans à peine. Tout juste gradé, il se retrouvait empêtré dans une affaire de meurtre en série. Six corps au moins venaient d'être retrouvé en rase campagne, sur un ancien champ de bataille dans l'état du Mississippi. Le FBI se devait d'agir vite sous peine de se voir ridiculisé définitivement par les médias. Le directeur régional avait fait appel à elle par le biais de son père, lui aussi vétéran du même bataillon de la boucherie Vietnamienne. Anua avait donc intégré l’équipe de terrain nouvellement dirigée par son futur meilleur ami et peut être plus : Raph.

mardi 23 novembre 2010

Chapitre 16 fin

Si la société marchait si bien, s’étaient en grande partie par l’attention individuelle que Nick voulait que l’on porte à chacune des personnes qui leur confiait de l’argent, quelle qu’en soit le montant. Il détestait le mot client. Chacun d’eux était toujours appelé par son nom. C’était la règle si l’on désirait rester travailler avec lui. En contre partie les conditions de travail étaient excellentes. Souplesse horaire, prise en compte de la situation individuelle de chacun, bref l’écoute et l’arrangement prévalaient du moins, tant que le boulot était fait avec sérieux et méticulosité.
Une fois dans son bureau, Nick enleva son par-dessus et son pull, se servit une boisson fraîche et s’installa dans son profond fauteuil en cuir noir, spécialement conçu pour lui. Il était large et profond, doté d’accoudoirs moelleux. Idéal les personnes devant rester assises de longs moments avait argumenté l’artisan à la livraison de l’imposant siège, voyant l’air dubitatif de Nick devant la taille hors norme du siège.
Il s’enfonça dans son si précieux fauteuil, prit une gorgée de sa boisson et se mit à étudier les derniers indices boursiers sur internet. Il avait complètement mit de côté les évènements de ces derniers jours. Ils avaient pourtant été riches en enseignements ! Bon sang, il avait enfin réussi à tenir sa promesse ! Il avait retrouvé les frangins et même prit contact avec eux. Même s’il les faisait surveiller depuis des années, cela faisait bougrement du bien de les voir pour de vrai !
Mais s’il voulait pouvoir continuer son opération « regroupement familial », il lui fallait  se débarrasser au plus vite de son gagne-pain. Et du mieux possible dans l’intérêt des personnes dont il gérait les biens.
Il se replongea donc dans la lecture fastidieuse des derniers cours des différentes actions sur lesquelles il avait misé.
Satisfait des résultats, Nick vérifia ensuite les résultats de ses collaborateurs. Même s’il savait qu’ils donnaient le meilleur d’eux même, il tenait à tout vérifier. L’avenir de sa société et donc de son indépendance allait de paire avec la totale confiance que ses "relations de travail" lui accordaient en lui confiant leur argent. Il s'en portait garant et jusqu’à présent, personne n’avait eu à se plaindre de ses investissements.
Il corrigea rapidement quelques placements de ses courtiers qu’il jugeait hasardeux, puis décida de s’occuper des comptes de ses propres « amis » pour la semaine à venir.
Nick se cala bien droit dans son fauteuil, les bras posés sur son bureau. Ses mains effleuraient le clavier de son ordinateur. Dès qu’il se sentit prêt, il posa l’arrière de son crâne dans un demi-cercle de métal, rembourré de mousse et recouvert de cuir. Ce drôle de repose tête se trouvait tout en haut de son dossier comme les tétraplégiques en utilisent pour les soutenir et cessa tout mouvement.
Il fit le vide dans son esprit, ferma les yeux et se concentra. Il se remémora les courbes des différentes actions depuis six mois.
Seuls son front et ses sourcils s’agitaient, se crispaient et se détendaient, en concordance avec la vitesse phénoménale à laquelle tournaient ses cellules grises. Le reste de son visage restait immobile, comme si l’énergie déployée par son cortex lui ordonnait d’abandonner le reste de son corps
Ses doigts commencèrent une course folle sur le clavier et débuta une série de vente, d’achat et de passages d’ordre de toutes sortes à une vitesse hallucinante.

Il avait l’impression d’être relié par un fil à l’ensemble des acteurs du marché boursier. Du développement de la plus petite entreprise cotée à la peine de cœur d’un capitaine d’industrie ou à la dépression d’un spéculateur, rien ne semblait pouvoir lui échapper. Il sentait la moindre opportunité, le plus petit contre-temps. Même la météo, sur l’ensemble des transports de marchandise à l’échelle de planétaire, lui apparaissait comme une ombre sur la réussite éventuelle d’une opération commerciale.
Ses paupières demeurèrent closes durant tout ce temps.
Un gros quart d’heure plus tard, tout était terminé. Epuisé par cet effort cérébral intense, il s’écroula sur son bureau. Il dormait comme un sac. Son cerveau l’exigeait après de telles séances. Mais ce pouvoir de concentration et de mémorisation, qu’il avait senti se développer en lui au fil des années, lui permettait d’effectuer un travail de plusieurs jours, en quelques minutes. Autant de temps libre pour ses véritables objectifs.
Sauf catastrophe totalement imprévisible et jamais vue sur les marchés boursiers l’ensemble de ses opérations se solderaient par de substantiels bénéfices. En plus, il avait gagné au minimum sept jours pour continuer sa mission, ce qu’il s’était juré de réaliser depuis si longtemps.
Nick dormit ainsi une bonne demi-heure. A son réveil, il ne prit même pas le soin de relire les ordres qu’il venait de passer durant sa « transe boursière », comme il aimait appeler cet épisode hebdomadaire.

Il avait bien d’autres choses en tête avec, en particulier, le rendez-vous fixé en fin de semaine avec l’homme qui l’avait recueillit au moment où il connaissait les pires tourments de sa jeune existence. Un rendez-vous avec l’homme qui l’avait élevé et qui lui avait montré en quoi son corps et son esprit étaient à ce point différents de ceux du commun des mortels. Mais où pour la première fois, il allait devoir mentir à son mentor.

lundi 22 novembre 2010

Chapitre 15 fin, chapitre 16 (2 pages)

Anua, la première fondit en larme sous le choc de la fin annoncée de son père. Billie ne tarda pas à la rejoindre dans un concert de larmes et de reniflements.
Anua se jura intérieurement de mettre fin à cette histoire morbide. Oui ! Elle allait tout faire pour essayer de retrouver son corps en suivant les indications que lui avaient fourni l’homme qui l’avait tendrement appelé frangine.
Elle en était tout émue, mais n’aurait pu commencer à en expliquer le pourquoi.
 

CHAPITRE XVI

NICK DORLAN




Nick Dorlan conduisait, pour une fois bien au-dessus de la limitation de vitesse. D'habitude si placide, il était en ce moment nerveux et inattentif aux autres, ce qui ne lui ressemblait guère. Il se reprochait de ne pouvoir s'occuper de tout en même temps. Ces derniers mois avaient été chargés, avec touts ces voyages et ces prises de contact discrètes. Son retour dans le monde de son enfance avait été bien plus éprouvant pour sa grande carcasse qu'il ne voulait bien le reconnaître. Et dire qu'il devait partir pour Paris dès ce soir
Il n'avait pas mis les pieds au bureau de la semaine et il s'en inquiétait. Il ne voulait surtout pas que ses employés ne se sentent abandonnés. Même s’il y avait peu de circulation en ce vendredi après-midi, il faisait preuve d’une réelle aptitude à se faufiler entre les voitures. Il les dépassait sans coup férir grâce au puissant moteur de sa Mercedes cl 600 amélioré par un mécanicien de génie. Un de ses nombreux amis, accessoirement forts utiles, qu'il s'était fait dans sa vie new-yorkaise. Il consulta sa montre et vit avec plaisir qu’il serait à son bureau bien avant la clôture de la bourse de New-York.
Nick Dorlan dirigeait une société de courtage en bourse qui se situait au trente-deuxièmes étage de la célèbre « Chrysler tower » en plein centre de Manhattan.
 Il avait du emménager là à la suite de l’effroyable attentat qui avait réduit en poussière les « Twin-towers ». Par bonheur, tous ses salariés étaient sortis indemnes de cette monstrueuse catastrophe. Il leur avait accordé une matinée de congé en raison des excellents résultats du mois passé.
Juste ce jour là, le hasard faisait bien les choses, quand même !

Ses bureaux étaient modestes tant par la taille que par la décoration spartiate. Nick avait en horreur les bureaux surchargés de dorures et d'épaisses moquettes qui foisonnaient dans les autres entreprises qui avaient choisi comme adresse, ce célèbre gratte-ciel.
Il salua comme à l’accoutumée la jeune femme qui officiait à l’accueil. Il aimait lui faire sentir l'importance que représentait la jeune femme pour lui et la société.
Même s’il ne l'avait pas vu depuis plusieurs jours, Nick préférait toujours détendre l'atmosphère plutôt que de parler directement de travail. La déconctraction, la franchise et la bonne entente étaient les règles d'or de la conception qu'il se faisait de relation de patron à employés.
Et il se faisait un devoir de l'appliquer en toute circonstance, même s'il était très pressé comme aujourd'hui. En la regardant rêvasser, plongée dans la lecture de l'un de ses fameux hebdomadaires féminins dont elle raffolait, il s'amusa à la faire sursauter. Nick fit résonner volontairement sa voix forte et grave, un large sourire aux lèvres :
- Salut Charlène ! Alors, plus qu’une heure et c’est parti pour un week-end salvateur ?

Elle fit tomber dans la corbeille, d’un geste maladroit, le magasine qu’elle lisait en cette fin de semaine tranquille. Elle savait pourtant que son patron ne lui ferait aucune remarque à ce sujet. Pourtant d’habitude peu farouche, Charlène ne put s’empêcher de rougir comme une collégienne devant le garçon de ses rêves, dès que leurs regards se croisèrent. Son patron, si gentil qu’il puisse être, l’intimidait énormément avec sa grande taille et son visage carré qu’adoucissaient ses longs cheveux bouclés et ses grands yeux verts au regard doux et malicieux.
Charlène avait l’impression que Nick Dorlan pouvait lire dans ses pensées les plus secrètes quand il plongeait son regard dans le sien. Et ça la gênait particulièrement surtout si l’on connaissait ses sentiments envers lui. A l’instar de la majorité des autres employées féminines que comptait la société, Charlène craquait pour le charme et l’humour du patron. Il se démenait tant pour eux. Elle prit sur elle pour se reprendre, essaya d’afficher un sourire neutre et de le héler, alors qu’il s’en allait vers son bureau. :
- Monsieur Dorlan, attendez une seconde s’il vous plaît ! Voici les messages des personnes qui ont tenté de vous joindre durant votre absence. Un certain Monsieur Solder a téléphoné pas moins de douze fois depuis votre départ, lundi dernier.
- Qui ça ? Solder, non ça ne me dit rien. Je verrai tout à l’heure ce qu’il veut. En attendant, ma petite hôtesse, secrétaire, maman adorée j’ai un max de travail ! Bipez-moi quand vous partez mais ne me passez plus personne. Et je ne veux pas voir votre mignon minois à la porte de mon bureau, OK !
En se dirigeant vers son bureau, il ajouta :
- Il faut que je me tape les bilans des résultats hebdomadaires à envoyer aux personnes qui nous font vivre en nous confiant leurs économies. Autant dire que la soirée promet d’être longuette. Surtout sans vous pour tenir la baraque !

Il repartit en direction de son bureau, laissant un rire sonore résonner dans l’ensemble des bureaux où travaillaient encore ses sept collaborateurs qui finalisaient leurs propres bilans hebdomadaires. Après les avoir terminés, ils les enregistreraient sur leurs ordinateurs, les laissant à disposition du patron. Et aucun ne partirait avant d’être sur que le boss n’ait qu’un bref coup d’œil à y jeter. Ca n’était pas du zèle mais l’expression d’une réelle d’une fidélité. La rémunération des traders si bonne soit-elle, n’était que la partie visible de leur attachement à leur travail.
Encore une étrangeté de la société de Nick.

dimanche 21 novembre 2010

Chapitre 15 suite

Pris une nouvelle fois au dépourvu, le jeune homme aux yeux de fauve, était toujours perché en haut la bibliothèque dans un équilibre précaire. Il se passa la main à l’arrière de sa tête jusqu’à ce qu’il se saisisse du cylindre planté dans sa nuque. Il retira délicatement le tube et l’aiguille de son cou et les jeta violemment par terre aux pieds des deux amies, fagotées sue le canapé.
Anua et Billie essayaient tant bien que mal de suivre les événements. Elle en tournaient la tête à l’unisson, de droite à gauche, à chaque mouvement des deux hommes ou objet volant non identifiés, comme des spectatrices assidues d’un match de tennis.
Erick eut le temps de saisir et jeter mollement un dernier livre en direction du géant avant de chuter lourdement par terre, tremblant des pieds à la tête, les yeux révulsés, un filet de bave s’écoulant par les commissures de ses lèvres.
- Voilà, c’est terminé ! Pour lui, c’est le retour au bercail. Malheureusement, il est sûrement  trop tard pour son frère. Il a déjà franchi la limite, il a tué. Et un paquet de gens !

L’homme, nullement gêné par sa grande taille, se pencha vers Erick et s’assura de son état de santé. Rassuré, il se dirigea vers les deux femmes et leur enleva leur bâillon, tirant d’un coup sec sur l’adhésif. Mais pas un cri ne sortit de leur bouche. Elles étaient bien trop choquées pour pouvoir prononcer le moindre mot. C’est lui, au contraire, qui reprit la parole un sourire illuminant enfin son visage :
- Mesdames, dit-il en jetant négligemment sur son épaule le corps du jeune homme secoué de quelques spasmes nerveux, je vais vous laisser pour aujourd’hui. Tenez, je vous laisse le couteau pour pouvoir vous détacher dès que j’aurais quitté l’appartement.
- Ah oui, j’allais oublier ! Anua, je suis désolé, ne compte pas trop revoir ton père. Les monstres qui se sont emparés de lui sont sans pitié. Ils ont du l’abattre juste après l’enregistrement du message qu’ils t’on fait entendre. Je suis désolé de n’avoir rien pu faire pour lui mais je devais te sauver en priorité.
Un silence pesant régna quelques instants, alors que des larmes commençaient de couler sur les joues blafardes d’Anua.
- Il y a des moments dans la vie où l’on aimerait pouvoir se dédoubler, mais ça, je ne peux pas encore le faire ! Je peux pourtant faire beaucoup de choses pour toi, mais ça non ! S’il te plait, ne m’en veux pas. Je sais à quel point tu l’aimais. C’était un homme bien. Va à Westmorland sur la mer de Salton et demande à la police de fouiller le cours d’eau qui longe la ferme des Horgins. C’est là-bas que tu trouveras ton père.

Paraissant sincèrement triste de n'avoir pu faire plus, il se dirigea, cette longue diatribe terminée, vers le trou béant où se trouvait la porte avant l’irruption du complice des meurtriers du père d’Anua.
Le géant vert se retourna une dernière fois. Il fixa un long moment Anua avant de continuer de sa voix gutturale sur un ton qui aurait très bien pu être celui d’un proche réellement touché par la mort de son père :
- On sera amené à se revoir très vite, Anua, « p’tite  frangine ». Je dois d’abord m’occuper de lui, dit-il en tapotant le postérieur de l’homme perché sur son épaule. Il me faut également finir de convaincre quelqu’un que tu seras ravi de revoir, j’en mettrai ma main à couper !
- En attendant que je revienne pour tout t’expliquer, je te conseille de déménager. Pourquoi ne vas-tu pas habiter chez ta copine ? Elle semble à même de t’aider, non ?
Il sourit aimablement à Billie.
-Et t’en faits pas, les mauvaises passes ont toujours une fin.
Sur ces mots le géant, à l’air si nostalgique, disparut trimbalant toujours le corps du kidnappeur comme s’il portait son manteau sur l’épaule en laissant les deux jeunes femmes affalées sur le sofa. Des milliers de questions sans réponses embouteillaient leurs esprits comme une autoroute un jour de départ en vacances.