mercredi 22 décembre 2010
Chapitre 26
Carla Allifesh , vengeance.
- oui, oui, ok Boss, j'ai bien compris. Je vais rester bien tranquille dans mon coin. Si vous me dites que c'est moi qui aurais l'honneur de dézinguer l'autre trouduc-tueur-de-gosse, je ne bouge pas jusqu'à vos ordres. Je garde les hommes avec moi et j'attends les ordres. C'est compris Boss, vous avez ma parole. C'est vous le chef, non ?
Sur ces mots, Carla Alifesh raccrocha son portable et, rouge de rage, le projeta avec une force inouïe à la tête de l'un de ses hommes. Il ne sourcilla même pas au "CPHONK" du téléphone qui explosa sous la violence du choc, sur son large front. Pourtant, l’œuf de pigeon qui se forma instantanément aurait arraché un cri de douleur à Hulk en personne.
Carla rumina une seconde. Pas plus. Ce n’était guère son genre de s’appesantir sur son triste sort.
Dans le vaste salon, elle toisait, perchée sur le bar qui occupait le fond de la pièce, une dizaine d'hommes alignés comme une rangée d'armoires à glace dans un dépôt de meubles.
Elle prit sa décision. Elle décroisa ses longues jambes, reprit ce qu'il restait de son portable des mains de l'homme qui essuyait son œil maintenant fermé, à l'aide d’un kleenex, qui avait l’air d’un timbre-poste dans ses énormes paluches.
Elle se retourna sans un mot et repris sa place de nouveau sur le comptoir, d’un saut efficace sinon élégant, face à ses hommes.
Après s'être rincée le gosier d'une bonne lampée de vodka dans sa bonne vieille flasque, elle se mit à réfléchir à la mise en œuvre d'un plan visant à l'élimination définitive de ce connard de Nick. Le vieux pouvait toujours essayer de le protéger, d’hésiter à la possible utilisation de ses capacités, elle allait lui faire payer la disparition du petit.
Elle ne s’était pas tapé l’éducation de ses mômes pour rien ! Elle l’avait fait, patiemment, tranquillement retranchée sur son île privée, puis dans diverses grandes villes du monde et elle comptait bien retirer tout le bénéfice de son investissement, nom d’un chien ! Sans compter qu’elle avait fin par s’y attacher aux morveux….Si elle avait eu des enfant, elle ne les aurait pas élevé différemment ! !
Aucun des « hommes-armoires » n’osait bouger un cil. Tous connaissaient la femme qui se trouvait face à eux, et savaient qu’il valait mieux pour eux attendre que son thermostat repasse en mode mijotage.
Ces poids lourds avaient encore à l’esprit sa dernière colère et la réaction qui l’avait suivie. Trois bâtiments fédéraux détruits, mais surtout, huit d’entre eux retournés à la poussière. Pour une simple erreur de cible et des ordres suicidaires de vengeance. Non, pas un d’eux n’oserait respirer avant que Carla n’ait terminé de fulminer. Ils la connaissaient et savaient pertinemment qu’un plan allait sortir de son esprit dans les minutes suivantes.
mardi 21 décembre 2010
chapitre 25 fin
L'homme qui paraissait vieillit et à bout de force se retourna pour que les enfants ne voient pas les larmes rouler sur joues. Après s'être essuyé du revers de sa toge immaculée, il regarda les enfants une dernière fois alors qu'ils se mettaient en marche.
Ishars s'adressa au vieil homme une dernière fois.
- Tu peux nous faire confiance et nous comptons sur ta connaissance pour nous aider au travers de Raleish, ta fille. Bonne chance maître.
Sans montrer son émotion, il proclama envers sa petite troupe :
- En route. Notre destin nous appartient. Avançons sans crainte vers un avenir serein. Demha, prends la tête de notre groupe et trace la route à travers ces bois ! Ils nous protégeront des envahisseurs.
Demha, une jeune fille à la haute stature et à l'allure altière prit la tête du groupe et s’engagea, sur l'étroit chemin qui disparaissait dans la pénombre des bois. Les autres enfants suivirent sans mot dire. Ce que leur avait dit le père de Raleish leur suffisait amplement pour l'instant.
Le vieux maître regarda un instant la petite troupe s’éloigner avant que les branches et autres buissons ne s’emmêlent, fabriquant une barrière infranchissable. Le sage, l’air satisfait et plein d’espoir, se retourna. Les larmes roulant sur ses joues, son teint devenu diaphane lui donnait l’air d’un vieil homme qui sait que sa fin est proche.
Il commença à redescendre vers la vallée, méditant sur les chances du petit groupe d’enfants de survivre au monde extérieur. Il avançait sans crainte vers une mort certaine. Il avait accompli sa mission : donner une chance à la survie de leur civilisation.
Tout cela, Ishars pouvait le ressentir, comme il appréhendait l'état d'esprit de chacun des membres de son groupe. Il se sentait en pleine confiance maintenant que son nouvel allié avait terminé établir l'ensemble des connexions avec son cerveau. Son champ de vision cérébral s'était tellement élargi maintenant. Totalement rassuré, il acceptait sans retenue le flot d'informations qui lui parvenait sans cesse. A cet instant, une route détaillée du chemin qu'ils allaient devoir parcourir lui et ses amis lui apparaissait aussi nettement que s'il l'avait déjà parcouru des centaines de fois.
Claude n'avait pas perdu une goutte des scènes qu’il venait de vivre, allongé sur son lit. Rassuré, il se décontracta et se laissa envahir, lui aussi, par un flot continu d'idées plus ou moins concrètes qu'il n'arrivait pas encore à canaliser et analyser complètement.
Instantanément, les ramures végétales qui l'immobilisaient se relâchèrent, se mirent en boule à la base de sa nuque. Après quelques instant, ces dernières se rétractèrent et disparurent, se réfugiant entièrement à l’intérieur de son corps.
Parmi toutes les choses qui parvenaient à son esprit, une seule revenait sans cesse, comme un signal. Nick était en danger. Il fallait le prévenir d'urgence. Des risques qui pouvaient s'abattre sur lui.
Claude se leva et se saisit de son portable, resté dans la poche de son manteau. Il reçut un choc en voyant la date que son téléphone indiquait. Trois jours s’étaient écoulés depuis qu’il avait ouvert la boîte.
Lui n’avait eu la sensation de n’avoir passé que quelques heures, allongé sur son lit. Visiblement cette fibre végétale, si spéciale, avait une notion du temps très différente de celle du commun des mortels.
Il intégra aussitôt que cela serait son quotidien, à présent. Cela faisait décidément de nombreux changements. Mais une confiance nouvelle l'habitait. Il se sentait fort et sur de lui comme jamais.
Il ne s'attarda donc pas plus longtemps sur ce sujet et composa le numéro de téléphone de Nick sans perdre une seule seconde.
lundi 20 décembre 2010
Chapitre 25, suite
Le vieil homme termina, visiblement pressé :
- Il est temps, vous devez partir ! Ramassez vos affaires et suivez le chemin de l'est. Un autre groupe par vers le couchant. Allez toujours vers l'est, le second ordre te confirmera la direction, Ishars. Ne vous arrêtez pas avant deux jours où vous trouverez un refuge dans les grands bois que vous rencontrerez.
Le maître prit Ishars par l'épaule et l'attira à quelques mètres du reste du groupe. Il s'accroupit et commença à chuchoter à l'oreille du garçon.
-Voila, l'heure est venue de nous dire au revoir. Ne bouge pas un instant s'il te plaît.
Il sortit une petite boule verdâtre de sa poche et la fixa au cou de son jeune protégé. Instantanément des centaines de petites ramures végétales se répandirent autours de la tête du jeune adolescent. Quand elles commencèrent à s'insérer dans ses oreilles et son nez, Ishars eut un mouvement de recul. Mais le maître le tint fermement par les bras et continua :
- Laisse-toi faire petit Ishars ! Ne résiste jamais, ne le tente même pas ! Tu va voir. Dans quelques instants les plus petites ramures de cette mousse vont pénétrer ton cerveau. Elles ne vont pas te faire de mal, crois-moi.
Le maître attendit que le garçon se détende enfin.
- Cette chose que tu sens en toi maintenant va bientôt ne faire plus qu'un avec ton esprit. Tu recevras des informations de sa part mais tu garderas toujours ton caractère, ton libre arbitre et ta liberté de penser, de décider comme de te mouvoir. Le deuxième ordre est en toi pour toujours. C'est elle qui t'a choisi et c'est un honneur et un bonheur, tu peux me croire. Tu seras le seul à ressentir ce dont les végétaux supérieurs ont besoins pour vivre et s'épanouir. Mais ce que cela va t'apporter de plus important, c'est la possibilité qu'ils vont t'offrir d'améliorer le sort des tiens, des enfants de ton groupe et de leur descendance. Quand vous ne ferez plus qu’un, ces végétaux vont te suggérer toutes sortes d'innovations répondant à tous vos besoins. C'est ainsi, par exemple que nous avons tant de connaissances quand ceux qui s’appellent les hommes vivent comme des animaux. Il se retourna en direction des enfants qui les regardaient et reprit :
- sens-tu maintenant le dialogue s'instaurer entre vous ?
Ishars sentait en effet un flux d'informations lui arriver. Et la plupart d'entre elles lui ordonnaient de prendre la route. Il pouvait également voir ces hommes, ces envahisseurs qui massacraient les siens. Il en fit par au vieil homme Qui lui ordonna alors de rejoindre les autres enfants et de partir. Pendant qu'ils ramassaient leurs affaires, le Maître finit, le ton encore plus grave :
- Vous êtes l'avenir. L'avenir de deux espèces qui ont su s'allier pour évoluer dans la paix et la sérénité. Il vous faudra donc respecter cet équilibre entre les végétaux et vous. Et c'est Ishars qui vous dira comment le faire. C'est lui l'interface entre eux et vous. Alors, écoutez-le, sans jamais discuter.
Le maître s'approcha d'eux, vérifia leurs paquetages et termina :
- Vous avez chacun d'entre vous dans vos affaires un cylindre de ce que les végétaux ont de plus résistant. Nos alliés du Second Ordre nous les ont confiés. C'est votre bien le plus précieux, ne l'oubliez jamais. Certains contiennent de quoi sûrement faire disparaître toute trace de vie sur cette planète, d'autres tous les ingrédients nécessaires à la renaissance de celle-ci. Le moment venu, Ishars vous diras quoi en faire. C'est votre bien le plus précieux, bien plus précieux que votre propre vie, ne l'oubliez jamais !
- Il est temps Ishars ! Ne vous retournez plus à présent et garder à l’esprit que vous êtes l’avenir de cette planète.
- N'oubliez jamais d'où vous venez, ce que vous représentez et ce que vous pourrez apporter aux autres hommes qui sont en train de peupler cette Terre. Vous allez forcément les croiser. Mais restez vigilant ! Ne faites confiance à personne, ne comptez que sur vous. Ces hommes qui nous assaillent étaient nos frères autrefois. Et ils se sont perdus en se mélangeant avec une autre espèce. Ils ont oublié pourquoi ils s’étaient avancés vers le soleil couchant. Ce qu'ils y ont gagné en force physique, ils l'ont perdu en connaissance. Ils ont oublié qui ils étaient réellement et finissent d'anéantir leur dernière chance de se retrouver. Nous les appelons les Hommes rouges !
dimanche 19 décembre 2010
Chapitre 25, suite
Ecoutez-moi sans prêter attention aux cris que vous entendez, vous particulièrement Ishars, et Raleish.
Claude se nommait donc Ishars et vivait un instant visiblement crucial.
L’homme à la toge reprit :
De toutes manières, la fin des sept vallées était inéluctable. Il n'y en avait plus pour longtemps, la mer allait nous submerger d'ici peu mais nous pensions avoir le temps de vous préparer complètement.
Claude sentit la main de la jeune fille resserrer un peu plus la sienne.
- Nous sommes envahis par d'anciens camarades qui ont, il y a bien longtemps de cela choisi une autre voie. Ils se sont perdus et pensent retrouver "La Voie"en nous massacrant. Ces pauvres bougres n'arriveront à rien. Tout aura disparu d'ici leur arrivée dans les bois sacrés. Nos alliés végétaux mettent leur plan d'extinction à exécution.
Le maître s'adressait maintenant directement à lui ou plutôt à Ishars.
- Ishars, tu es le plus âgé et le plus responsable. C'est toi qui auras la responsabilité de tes camarades. Mais plus que cela, tu auras à porter le fardeau de notre héritage. Nous sommes sur cette planète depuis des milliers de générations.
- Nous sommes partis de Semagil après le cataclysme en n’emportant avec que quelques fragments de mousses qui nous ont aidés à parvenir jusqu'ici grâce à Thakor que les végétaux avaient choisi pour communiquer avec nous. Oui, petit Ishars et toi aussi Raleish, c'est maintenant à vous de tout recommencer.
Ishars se permis pour la première fois d'interrompre le vieil homme.
- Mais nous ne savons ou aller ! Et je n'ai pas fini d'apprendre la communication avec nos protecteurs du deuxième ordre, Maître.
La panique était cette fois bien palpable dans la voix du jeune garçon et Claude la ressentait comme s'il avait déjà vécu cette scène.
D'un seul geste l'homme ramena le calme dans la petite troupe. Claude remarqua au passage la grandeur des mains du maître. Celui-ci reprit :
- Ne craignez rien les enfants. Votre responsabilité est immense mais n'oubliez jamais et surtout toi, Ishars que tu seras perpétuellement conseillé et guidé par nos amis et alliés. Ces végétaux savent désormais que tu es le seul à pouvoir communiquer avec eux et connaissent ton ignorance. Et oui, ils savent que tu es leur seul recours. Fais leur confiance !
Il se tourna vers Raleish et continua :
- Toi petite, ton rôle sera de veiller sur Ishars durant les moments où il prendra conseil auprès de nos alliés du second ordre. Tu sais, Ishars peut être vulnérable dans ces moments là, tu comprends ? La jeune fille acquiesça et le vieil homme reprit :
- Quand vous aurez trouver un abri sûr, ta responsabilité sera celle de la pérennité du groupe. Comme on te l'a enseigné, tu devras gérer la reproduction en vue de l'élargissement le plus rapide de votre groupe. Te sens-tu à la hauteur Raleish ?
La petite fille répondit d'un oui fort et franc, révélant sa forte personnalité.
L’homme porta son regard vers les autres et continua :
-Pour vous, les autres, vous devez absolument obéir aux ordres d'Ishars et de Raleish ! C'est bien compris ?
Tous hochèrent affirmativement de la tête. Pour la première fois le maître se tourna en direction du vacarme mêlé de cris venant du bas de la vallée et qui n'étaient plus très loin d'eux.
samedi 18 décembre 2010
Chapitre 25, suite
Claude fut tiré de sa rêverie par son oreille gauche qui le grattait impérativement. Il ordonna à donc à sa main gauche de gratter l'orifice en question. Rien !
Il lui était impossible de lever le bras. Revenant d'un seul coup à la réalité, il ouvrit les yeux. Cette fois, ce simple mouvement de paupières marcha sans disfonctionnement. Un cri tenta de sortir de sa bouche à la vue du spectacle qu'il voyait. Ce ne fut qu'un murmure sourd.
Claude, redressa la tête tant bien que mal, se regarda et vit avec stupeur qu'il était entièrement emberlificoté dans un entrelacs inextricable de filaments moussus. Ces choses le maintenaient tel un rôti bien ficelé et le découragèrent rapidement de tenter de bouger.
Prit de panique mais l'esprit de nouveau totalement clair, il essaya d'arracher de son torse où reposait ses mains un peu de cette couverture végétale qui le recouvrait.
Chaque fois qu'il arrivait à s'en défaire d'un morceau, l'ensemble des brins se resserraient un peu plus autours de lui. Il paniqua alors complètement, se débattit en tous sens et fut bientôt immobilisé. Ces fichues fibres de ce « cher Nick » le comprimaient au point d’avoir du mal à respirer. Il ne pouvait même plus bouger le bout de ses orteils.
Claude su força alors à se calmer, respirant régulièrement, tentant de ne plus faire le moindre geste. Ses battements de cœur ralentirent et bientôt il sentit avec un plaisir teinté de surprise l'emprise des fibres végétales se réduire légèrement.
Il ferma les yeux et se concentra sur son corps et ce qui le recouvrait. Claude s'aperçut que les filaments ne faisait pas que le recouvrir. Ils lui rentraient profondément dans les oreilles, le nez et la bouche. Il avait retrouvé son calme à présent.
A force de volonté, il fit quitter toute frayeur de son esprit. Une vision lui vint alors, comme un rêve éveillé.
Un homme en toge blanche s'adressait à un groupe d'enfant. Claude était l'un d'eux, un garçon d’une douzaine d’années, visiblement responsable d'un groupe de gamins. Il tenait une jeune adolescente par la main, écoutant religieusement le veil homme. La sérénité l’habitait, lui comme les autres enfants. Ils avaient tous pourtant le visage grave, une expression visiblement de circonstance. L'homme en toge blanche s'adressa à eux, fixant "l'enfant-Claude" droit dans les yeux.
- L'heure est grave, mes enfants. Il est temps de nous quitter, de laisser derrière vous les sept vallées, notre Ediniah. Je sais, vous n'avez pas terminé votre dernière d’étude, vous n’avez pas vu la vie des autres hommes, ces pauvres parmi les pauvres qui peuplent notre planète. Ne vous inquiétez pas mes enfants !
L’homme s’accroupit et reprit :
- Je vais devoir vous livrer succinctement les plans de notre dissémination et les secrets de la survie hors de notre sanctuaire et sur nos zones extérieures.
vendredi 17 décembre 2010
Chapitre 25.
L'EXPÉRIENCE INTERDITE DE CLAUDE.
INITIATION VÉGÉTARIENNE
A peine le seuil de sa petite chambre bonne franchit, Claude s'assit sur son lit et sortit la boîte de sa poche. Comme un enfant un jour de Noël, il essaya de se remémorer les recommandations de Nick Dorlan.
Il se leva, se rapprocha du minuscule évier qui équipait sa "garçonnière" et regarda le système d’ouverture de la boîte. Le coffret semblait luire de mille feux sous le modeste éclairage du néon qui surplombait son évier.
Il voulait tant voir ce brin végétal, de quoi il était fait et à quoi il ressemblait. Maintenant que Monsieur Dorlan retournait vers les Etats-Unis en première classe, une coupe de champagne à la main, il pouvait bien se permettre de s'amuser un peu avec son "joujou".
- Zut, s'exclama t’il à la vue de son évier plein de la vaisselle des trois derniers jours. Monsieur Dorlan m'a bien dit qu'il fallait l'ouvrir dans un endroit propre et sec. Et ben tant pis, ça se fera ici !
Claude ne réfléchissait plus. Excité comme une puce venant de sauter sur un jeune chiot, il agissait mécaniquement. Son instinct avait pris le dessus. Habilement, il ouvrit la boîte d'une seule main, l'autre prenant un récipient, un petit bol dans le placard de cuisine qui se trouvait au-dessus de l'évier.
Rapidement, comme s'il avait fait cela toute sa vie, il prit le minuscule brin végétal qui ressemblait fort à du lichen et le posa délicatement dans le bol. Il jeta la boîte par terre sans un regard. Elle rebondit deux fois avant de finir son parcours sous son petit lit, une place, à un mètre de là, inutile.
Claude, maintenant dans un état second, le regard dans le vide, ouvrit le robinet et fit couler de l'eau sur le brin qui, il y a trente seconde encore, se trouvait dans sa boîte. Beaucoup plus d'eau que ne lui avait conseillé Nick ! Il arrêta l'eau lorsqu'elle recouvrit entièrement le brin végétal.
Puis il prit le récipient. Ses yeux étaient maintenant révulsés, aussi blancs que des œufs en neige.
Il marcha comme un somnambule vers son lit. Il s'y allongea, posant délicatement le récipient, sur son sternum. Sa respiration semblait s'être arrêtée. En réalité, Claude dormait déjà profondément.
Quand il se réveilla, il commença par se dire qu'il avait fait un cauchemar. Il n'avait cessé de rêver qu'il traversait le temps.
D’abord homme demi-nu, errant dans une savane hostile, Claude avait, par la suite, vécu toutes sortes de vies dont la plupart se terminaient tragiquement.
Ces vies se déroulaient à des époques lointaines et où le confort n'avait pas sa place. La seule constante résidait dans le fait que nombres de visages venaient se placer face à lui, l’air attentif, comme si on venait le regarder, le consulter.
Il s'était tour à tour sentit jeune, âgé et même très vieux, paré de mille identités. Chacune d’entre elles, chacun de ces corps, qu'il avait habité, représentaient une vie passée, la vie défunte d’un sage.
jeudi 16 décembre 2010
Chapitre 24, suite
Nick fit quelques pas avant de se retourner et d’ajouter :
- Ah oui, donne le bonjour à ta mère, de la part d'une vieille connaissance ! Dit lui qu'on a vécu six mois ensemble quand j’étais enfant.
Nick se rapprocha du jeune homme et lui sera vigoureusement la main. Puis il se dirigea vers la sortie du bar sans se retourner, laissant Claude seul, plongé dans ses réflexions.
Claude Mazière resta encore cinq bonnes minutes assis, le regard fixé vers la boîte puis se leva à son tour. Il se retrouva dans la rue sans s'en apercevoir tant il était absorbé par ses pensées. Il remonta dans sa voiture et rentra chez lui aussi vite qu’il put, incapable de penser à autre chose qu'à cette mystérieuse fibre qu'il détenait.
Il avait complètement oublié ce qui le bouleversait depuis plusieurs semaines. Oui, il allait être père, alors qu'il ne s'en sentait ni la maturité ni la capacité. En avait-il même l’envie alors que sa carrière décollait enfin ? Il n'avait même pas osé en toucher un mot à Nick, son futur employeur. Il se l’était pourtant promis.
Excité comme une puce à l'idée de ce qu'il détenait, il décida que la décision sur l’enfant à naître pourrait encore attendre une semaine avant de prendre un aspect plus concret. Et puis où était le problème, après tout ! Il était follement amoureux de la jeune femme qui portait son enfant. Elle devait rentrer de chez ses parents la semaine prochaine. Cela lui laissait amplement le temps de trouver les bons arguments pour qu'elle l'accompagne aux USA. Il faudrait aussi qu'il en touche un mot à sa mère. C’est elle qui lui avait présenté la jeune femme, après tout.
A ce moment précis de son existence, il se sentait capable de voler par-dessus les obstacles pouvant l'empêcher de réussir pleinement sa vie.
Tous les objectifs qu'il s'était fixés, voilà des années en ce qui concernait sa vie professionnelle aussi bien que privée, ne se voyait-il pas sur le point d’exploser ses rêves les plus fous ?
Arrivé chez lui, il se gara deux roues sur le trottoir et se précipita dans son studio, la main pressant inconsciemment la poche où se trouvait la précieuse boîte. Il n'avait qu'une hâte, l’ouvrir et réaliser cette fameuse "expérience interdite".
Il l'avait vu, plus de cent fois, ce genre de films dès qu’il avait obtenu le droit de sortir de l’internat chaque fin de semaine et se rendre au cinéma.
Claude était au paroxysme de l’excitation. Lui, le scientifique, ne s’était jamais lassé de lire et relire touts les romans de science-fiction dont les histoires ressemblaient, à s'y méprendre, à ce qu'il vivait depuis sa rencontre avec ce Monsieur Dorlan. Nick pour les intimes comme il pouvait l’appeler désormais.
Des végétaux si spéciaux et si dangereux à la fois qu'il fallait mille précautions pour les faire pousser.
- Non mais vous vous rendez compte ! » Pensa t’il à voix haute.
mercredi 15 décembre 2010
Chapitre 24
La remise des végétaux à Claude par Nick
Détendu et rassuré par cette conversation, Claude aborda des questions plus personnelles.
Pourquoi lui et la nature réelle du projet ? C'était bien beau de faire joujoux avec la nature, mais quelles étaient les véritables intentions de cet homme, assis là, en face de lui.
Nick sembla percevoir les doutes de Claude et lui annonça tout en fourrageant dans ses poches :
- Si nous sommes d'accord sur l'essentiel, je me dois de te remettre quelque chose. Il parvint enfin à extraire une boîte de sa poche de pantalon et la tendit à Claude avant de poursuivre :
- Ce minuscule coffre en platine contient l'aboutissement de presque deux milliards d'années d'évolution et de… soixante-quinze ans de recherche.
Nick s’arrêta au comble de l’excitation, un sixième sens lui dictant de ne pas trop en dire.
Il se répéta rapidement plusieurs fois comme un mantra : ne pas l’effrayer ! Juste faire en sorte qu’il prenne le maximum de précautions, qu’il aborde la chose sereinement. Nick reprit après ce court silence.
- A première vue son contenu n'a rien d'exceptionnel. Quand tu l'ouvriras chez toi, mets cette fibre végétale sur un lit de terre et verse dessus deux gouttes d'eau. Assure-toi que ta préparation se trouve hermétiquement fermée et observe la progression de ces fibres.
- Tu verras, ce type de végétal ressemble beaucoup à du lichen enfin au départ, tout du moins. Poursuivit-il dans un murmure grave, se penchant vers Claude le plus possible. Tu ne dois sous aucun prétexte, laisser ces végétaux se développer hors confinement. Observe les quatre jours grand maximum. Quand tu auras constaté les capacités de ces végétaux, il m'étonnerait fort que tu ne tombes pas à la renverse. Dis-toi alors que nous en sommes au stade de l'arborescence en laboratoire et que nous attendons ta venue pour expérimenter une plantation en pleine nature. Je repars tout à l'heure pour le vérifier de visu comment se portent « nos » petit protégés après deux mois de croissance.
Il se tu quelques secondes, fixa Claude comme pour le sonder, et repris :
- Voilà, c'est tout ! Continua t’il, avant de le remettre en garde. Manipule ce que contient cette boîte avec la plus grande prudence. Si par malheur, le strict confinement n'est pas respecté, le développement de cette simple fibre pourrait provoquer une catastrophe écologique majeure ! Alors, prudence et ne crois pas que j’exagère, Claude !
Claude se saisit de la boîte comme s’il s'agissait d'une arme chimique de destruction massive. Il ne savait que penser de l'expérience qu'il devait mener. Etait-ce un test ou lui confiait-on réellement une découverte d'une grande valeur pour avoir son avis sur la chose ?
Décontenancé, il ne se rendit pas compte que Nick s'était levé, jetant quelques billets sur la table basse, et enfilait son par-dessus, prêt à partir. Claude restait immobile, les yeux rivés toujours sur la petite boite posée là, dans ses mains brillante de mille feux sous les spots du bar. Il avait mille questions qui tournaient à la vitesse de la lumière dans sa petite caboche mais pas un son ne pouvait sortir de sa bouche. Il sursauta en entendant la voix puissante de Nick :
mardi 14 décembre 2010
chapitre 23, fin
- Bien, asseyons-nous !
Claude obtempéra sans piper mot. Il ne savait plus quelle attitude prendre face à ce personnage pour le moins désarçonnant.
- Il est saoul ou quoi , pensa t’il un peu trop fort.
En tous cas, il était encore bien différent de l'homme d'affaire étrange qu'il avait rencontré, voilà quelques semaines en arrière à New York.
Claude l’avait trouvé sympathique dans ce drôle de premier rendez-vous. Bien sûr, il y avait eu son attitude hypertendue et cette et son obsession à aller voir le corps d'un homme qui s'était visiblement défenestré, alors qu'ils sortaient de l'hôtel où ils s'étaient vus en coups de vent. Et même s’il avait insisté pour s'approcher, comme pour distinguer les traits du cadavre entouré de dizaines de policiers armés jusqu’au dents, cela le changeait de ses professeurs et autres chercheurs qu’il fréquentait en France. Nick lui avait simplement expliqué qu'il avait un ami dépressif qui habitait cette ville et qui menaçait perpétuellement de faire "un grand saut pour terminer en beauté !" Il voulait juste vérifier si ce n’était pas lui.
Mais, malgré ces anomalies comportementales, il ne pouvait s'empêcher de trouver Nick attachant, sans vraiment savoir pourquoi.
Il est vrai qu'il n'avait jusqu’à là, rencontré qu’une bande les vieillards cacochymes devant qui défendre ses théories novatrices en matière d'évolution des végétaux équivalait à démontrer que la terre est ronde aux religieux du moyen âge.
Ces même « caciques-je-sais-tout » qui régissaient les hautes instances scientifiques françaises et qui se montraient pour le moins frileux et bien trop politisés face aux projets qu'il défendait. Il avait devant lui un personnage d'une autre dimension, ça, c'était sûr !
Il restait à voir s'il pouvait travailler avec lui et lui accorder son entière confiance.
Enfin, ils commencèrent à discuter ! Dorlan paraissait avoir retrouvé son sang froid et lui expliqua clairement à ce qu’il lui proposait.
Et Claude ne fut pas déçu. Ses rêves les plus fous prenaient formes !
Oui, il aurait la responsabilité de décision sur l’ensemble de ses recherches, sur le fond et la méthode de travail. Il pourrait choisir ses collaborateurs et même le lieu de ses expérimentations, dès qu’elles seraient prêtes à démarrer.
lundi 13 décembre 2010
Chapitre 23, suite
dimanche 12 décembre 2010
Chapitre 23.
samedi 11 décembre 2010
chapitre 22, suite
vendredi 10 décembre 2010
Chapitre 22 avec corrections et suite
jeudi 9 décembre 2010
chapitre 22
mercredi 8 décembre 2010
chapitre 21 suite
- - Tu est bien parti, "mon gros lapin", pour un petit du village, non ? Dit-il à haute voie, plagiant sa mère vénérée, corse d'origine et qui l’avait toujours dorloté, comme une vraie méditerranéenne.
mardi 7 décembre 2010
chapitre 21
lundi 6 décembre 2010
chapitre 20 fin
Quatre heures ! Quatre heures seule à tourner dans le salon à attendre de Raph. Elle était sure qu’il faisait de son mieux pour faire le trajet entre Dallas et ce coin perdu en Californie du sud où Anua avait accepté de résider le jour où elle avait signé son contrat de travail avec la fondation "Pharmacorp". La fondation, branche d'une multinationale de produit pharmaceutique, exigeait que les personnes qu'elle subventionnait habitent dans un rayon de cinquante kilomètres autour de leur centre de recherche ultra moderne de San Diego. Si les plus grand chercheurs, toutes disciplines conjuguées, s'y étaient pliée, Anua n'avait pu qu'accepter cette clause du haut de ses vingt-trois ans. Et voilà pourquoi elle attendait depuis, ce qui lui semblait une éternité son Raph vêtu de ses habits de sauveur, son super héros alias « Flegmator ».
Quant à Billie, d'habitude si efficace dans la résolution des petits soucis de la vie et prête à tout sacrifier pour aider sa meilleure amie, avait visiblement le cerveau bloqué sur la case "besoin de récupérer». Elle dormait toujours d'un sommeil agité et ne s'était levée, l'œil hagard, que pour satisfaire à besoin naturel. Juste une pause avant de repartir pour un tour sous la couette, sans un mot, pale comme un linge.
Enfin la sonnerie de son portable, un son de clairon militaire qu'Anua avait attribué à Raph, se fit entendre. Elle se rua vers l'appareil posé sur le velours vert du canapé et prit l'appel.
Dans une cacophonie de crachotements et grésillement en tous genres, elle réussit à comprendre qu'il était parti de l'aéroport de Los Angeles il y a deux heures, et qu'il serait chez elle sans moins de trente minutes. Une petite demi-heure, si la police de la route ne l'arrêtait pas pour conduite dangereuse, lui retirait sa précieuse plaque estampillée FBI et le jetait dans sombre cachot.
Au grand étonnement de Raph, aucun rire ne vint ponctuer sa blague, certes de mauvais goût à cet instant, mais qui était coutumière dans leur relation. Entre eux, la moquerie et l'autodérision était de mise. Dans le cas présent, elle était simplement destinée à détendre l'angoisse étouffante qu’il avait sentie dans la voix d’Anua. Elle lui répondit de se dépêcher d'une voix diaphane et éclata en sanglots avant de raccrocher. Raph surprit de l'entendre pleurer pour la première fois, appuya inconsciemment encore un peu plus fort sur l'accélérateur.
Il était arrivé quelque chose de grave à Anua. Les salops qui lui avaient fait du mal allaient le payer cher, il s'en fit le serment ! Slalomant dans le trafic comme dans l'éternelle poursuite automobile des films d'action, il commença à se concentrer sur ce qu'il savait d'Anua. De sa forte personnalité, de ses étranges dons qui l'avait tant aidé et des moyens qu'il pourrait mettre en œuvre pour lui venir en aide.
- Enfin, dès qu’elle m’en aura dit un peu plus sur ce qui était arrivé, pensa t’il à propos de celle qui pouvait faire battre son cœur.
dimanche 5 décembre 2010
Chapitre 20.. Une autre vue ...
- Il peut apparaître n'importe où. Ce monstre n'est pas fait comme toi et moi. Il ne ressent rien de positif, son seul but est la destruction totale de certaines personnes. Il a été élevé pour cela, et pour tout te dire, il a ça dans ses gênes. Il reçoit des ordres et les appliques. Mais qui commande cette machine à tuer, je n'en sais rien. J'avais bien trop peur pour m'attarder dans cette âme sombre. J'avais trop peur qu'il m'entraîne dans son schéma de pensée, que je reste bloquée dans son esprit ou de devenir comme lui pour toujours.
samedi 4 décembre 2010
chapitre 19 suite
Le plus étrange se produisit quant ils sortirent de l’hôtel. Un attroupement s’était formé à une vingtaine de mètres de là. Dorlan, empoigna littéralement Claude par la manche avec une force ne lui laissant guère le choix pour se rapprocher. Il fendit la foule, Claude dans le rôle de la balle de ping-pong projeté contre les personnes que Nick Dorlan écartait sans ménagement. Ils se retrouvèrent ainsi tous les deux au bord du trottoir. Un homme gisait dans une mare à deux mètres de là. Un chauffeur de taxi, l’air hagard, garé en travers de l’avenue, répondait à une horde de policiers.
Dorlan, le tenant toujours aussi fort, se retourna vers lui, blafard et déclara :
- Bien, c’est bien… Je vais devoir partir dans peu de temps. Allons boire un verre au bar, ok ?
Une fois assis au comptoir avec une bière à la main, cet étrange personnage lui déclara :
- Claude, laisse moi parler. Ton travail m’intéresse depuis longtemps et je souhaite pouvoir t’en parler plus calmement. Je ne suis pas très bien aujourd’hui. Prend quelques jours ici, balade-toi, fais-toi plaisir et fait tout mettre sur la note de l’hôtel. Je te re-contacte dès que les choses iront mieux. Je dois régler quelques problèmes et je viens à Paris dès que possible. Là bas nous aurons le temps. Qu’en penses-tu ?
Claude ne pensait rien du tout ! Il était mal à l’aise. Mal à l’aise d’avoir vu un corps dans un sale état et mal à l’aise du comportement de son « hôte ». Il n’était pas venu pour faire du tourisme, non de dieu !
Sa nature pondérée repris le dessus et il répliqua :
- Comme vous voulez ! Si vous ne voulez pas me dire ce qui c’est passé aujourd’hui, libre à vous. Je repars demain à Paris. Réglez vos problèmes et si vous avez encore besoin de moi, nous nous reverrons à Paris si vous voulez. Ca vous va ?
- Merci, Claude. Je vois que tu n’as pas perdu ni de ton flegme ni de ta répartie ! Je suis un homme sérieux.
Il vida sa bière, se leva et, lui prenant la main, ajouta :
- Je te promets que si je t’ai choisi, ce n’est pas au hasard. Et je te jure que ta vie va changer du tout au tout à notre prochaine rencontre. Bon, ne me juge pas sur cette journée. Je te promets de mieux me tenir la prochaine fois. Allez, salut gamin et à très bientôt.
Et il le planta là, au comptoir d’un bar, en plein New-York. Claude n’en revenait pas.
Le soir, après plusieurs heures de réflexion, affalé sur le somptueux canapé de sa « chambre », Claude décida de laisser une autre chance à Nick Dorlan. Il avait été visiblement secoué par une affaire. Affaire qui ne le regardait pas, en tout cas jusqu’à leur prochain rendez-vous. Si prochain rendez-vous il y avait. Et puis qu’avait-il à perdre ?
Après tout, il n’avait aucune autre offre de travail pour le moment. De plus, ce projet l’intriguait au plus au point. Et au moins, ce Dorlan sortait du cadre classique de son environnement universitaire carré, triste et ennuyeux à mourir.