mercredi 22 décembre 2010

Chapitre 26

Chapitre XXVI



Carla Allifesh , vengeance.


- oui, oui, ok Boss, j'ai bien compris. Je vais rester bien tranquille dans mon coin. Si vous me dites que c'est moi qui aurais l'honneur de dézinguer l'autre trouduc-tueur-de-gosse, je ne bouge pas jusqu'à vos ordres. Je garde les hommes avec moi et j'attends les ordres. C'est compris Boss, vous avez ma parole. C'est vous le chef, non ?

Sur ces mots, Carla Alifesh raccrocha son portable et, rouge de rage, le projeta avec une force inouïe à la tête de l'un de ses hommes. Il ne sourcilla même pas au "CPHONK" du téléphone qui explosa sous la violence du choc, sur son large front. Pourtant, l’œuf de pigeon qui se forma instantanément aurait arraché un cri de douleur à Hulk en personne.

Carla rumina une seconde. Pas plus. Ce n’était guère son genre de s’appesantir sur son triste sort.
Dans le vaste salon, elle toisait, perchée sur le bar qui occupait le fond de la pièce, une dizaine d'hommes alignés comme une rangée d'armoires à glace dans un dépôt de meubles.
Elle prit sa décision. Elle décroisa ses longues jambes, reprit ce qu'il restait de son portable des mains de l'homme qui essuyait son œil maintenant fermé, à l'aide d’un kleenex, qui avait l’air d’un timbre-poste dans ses énormes paluches.
Elle se retourna sans un mot et repris sa place de nouveau sur le comptoir, d’un saut efficace sinon élégant,  face à ses hommes.
Après s'être rincée le gosier d'une bonne lampée de vodka dans sa bonne vieille flasque, elle se mit à réfléchir à la mise en œuvre d'un plan visant à l'élimination définitive de ce connard de Nick. Le vieux pouvait toujours essayer de le protéger, d’hésiter à la possible utilisation de ses capacités, elle allait lui faire payer la disparition du petit.

Elle ne s’était pas tapé l’éducation de ses mômes pour rien ! Elle l’avait fait, patiemment, tranquillement retranchée sur son île privée, puis dans diverses grandes villes du monde et elle comptait bien retirer tout le bénéfice de son investissement, nom d’un chien ! Sans compter qu’elle avait fin par s’y attacher aux morveux….Si elle avait eu des enfant, elle ne les aurait pas élevé différemment ! !

Aucun des « hommes-armoires » n’osait bouger un cil. Tous connaissaient la femme qui se trouvait face à eux, et savaient qu’il valait mieux pour eux attendre que son thermostat repasse en mode mijotage. 
Ces poids lourds avaient encore à l’esprit sa dernière colère et la réaction qui l’avait suivie. Trois bâtiments fédéraux détruits, mais surtout, huit d’entre eux retournés à la poussière. Pour une simple erreur de cible et des ordres suicidaires de vengeance. Non, pas un d’eux n’oserait respirer avant que Carla n’ait terminé de fulminer. Ils la connaissaient et savaient pertinemment qu’un plan allait sortir de son esprit dans les minutes suivantes.

mardi 21 décembre 2010

chapitre 25 fin

Alors, ils vous traqueront. Votre départ correspond à un nouvel envol pour notre histoire. Notre civilisation doit perdurer !
L'homme qui paraissait vieillit et à bout de force se retourna pour que les enfants ne voient pas  les larmes rouler sur joues. Après s'être essuyé du revers de sa toge immaculée, il regarda les enfants une dernière fois alors qu'ils se mettaient en marche.
Ishars s'adressa au vieil homme une dernière fois.
-     Tu peux nous faire confiance et nous comptons sur ta connaissance pour nous aider au travers de Raleish, ta fille. Bonne chance maître.
Sans montrer son émotion, il  proclama envers sa petite troupe :
-     En route. Notre destin nous appartient. Avançons sans crainte vers un avenir serein. Demha, prends la tête de notre groupe et trace la route à travers ces bois ! Ils nous protégeront des envahisseurs.
Demha, une jeune fille à la haute stature et à l'allure altière prit la tête du groupe et s’engagea, sur l'étroit chemin qui disparaissait dans la pénombre des bois. Les autres enfants suivirent sans mot dire. Ce que leur avait dit le père de Raleish leur suffisait amplement pour l'instant.

Le vieux maître regarda un instant la petite troupe s’éloigner avant que les branches et autres buissons ne s’emmêlent, fabriquant une barrière infranchissable. Le sage, l’air satisfait et plein d’espoir, se retourna. Les larmes roulant sur ses joues, son teint devenu diaphane lui donnait l’air d’un vieil homme qui sait que sa fin est proche.
Il commença à redescendre vers la vallée, méditant sur les chances du petit groupe d’enfants de survivre au monde extérieur. Il avançait sans crainte vers une mort certaine. Il avait accompli sa mission : donner une chance à la survie de leur civilisation.

Tout cela, Ishars pouvait le ressentir, comme il appréhendait l'état d'esprit de chacun des membres de son groupe. Il se sentait en pleine confiance maintenant que son nouvel allié avait terminé établir l'ensemble des connexions avec son cerveau. Son champ de vision cérébral s'était tellement élargi maintenant. Totalement rassuré, il acceptait sans retenue le flot d'informations qui lui parvenait sans cesse. A cet instant, une route détaillée du chemin qu'ils allaient devoir parcourir lui et ses amis lui apparaissait aussi nettement que s'il l'avait déjà parcouru des centaines de fois.

Claude n'avait pas perdu une goutte des scènes qu’il venait de vivre, allongé sur son lit. Rassuré, il se décontracta et se laissa envahir, lui aussi, par un flot continu d'idées plus ou moins concrètes qu'il n'arrivait pas encore à canaliser et analyser complètement.
Instantanément, les ramures végétales qui l'immobilisaient se relâchèrent, se mirent en boule à la base de sa nuque. Après quelques instant, ces dernières se rétractèrent et disparurent, se réfugiant entièrement à l’intérieur de son corps.
Parmi toutes les choses qui parvenaient à son esprit, une seule revenait sans cesse, comme un signal. Nick était en danger. Il fallait le prévenir d'urgence. Des risques qui pouvaient s'abattre sur lui.
Claude se leva et se saisit de son portable, resté dans la poche de son manteau. Il reçut un choc en voyant la date que son téléphone indiquait. Trois jours s’étaient écoulés depuis qu’il avait ouvert la boîte.
Lui n’avait eu la sensation de n’avoir passé que quelques heures, allongé sur son lit. Visiblement cette fibre végétale, si spéciale, avait une notion du temps très différente de celle du commun des mortels.
Il intégra aussitôt que cela serait son quotidien, à présent. Cela faisait décidément de nombreux changements. Mais une confiance nouvelle l'habitait. Il se sentait fort et sur de lui comme jamais.
Il ne s'attarda donc pas plus longtemps sur ce sujet et composa le numéro de téléphone de Nick sans perdre une seule seconde.

lundi 20 décembre 2010

Chapitre 25, suite

-Nous devons faire vite. Ishars, soit toujours le plus détendu possible quand tu es en relation avec les végétaux. Ne discute jamais avec eux, ils savent ce qui est bon pour nous comme pour eux. Cela viendra avec l'expérience.
Le vieil homme termina, visiblement pressé :
- Il est temps, vous devez partir ! Ramassez vos affaires et suivez le chemin de l'est. Un autre groupe par vers le couchant. Allez toujours vers l'est, le second ordre te confirmera la direction, Ishars. Ne vous arrêtez pas avant deux jours où vous trouverez un refuge dans les grands bois que vous rencontrerez.
Le maître prit Ishars par l'épaule et l'attira à quelques mètres du reste du groupe. Il s'accroupit et commença à chuchoter à l'oreille du garçon.
-Voila, l'heure est venue de nous dire au revoir. Ne bouge pas un instant s'il te plaît.
Il sortit une petite boule verdâtre de sa poche et la fixa au cou de son jeune protégé. Instantanément des centaines de petites ramures végétales se répandirent autours de la tête du jeune adolescent. Quand elles commencèrent à s'insérer dans ses oreilles et son nez, Ishars eut un mouvement de recul. Mais le maître le tint fermement par les bras et continua :
- Laisse-toi faire petit Ishars ! Ne résiste jamais, ne le tente même pas ! Tu va voir. Dans quelques instants les plus petites ramures de cette mousse vont pénétrer ton cerveau. Elles ne vont pas te faire de mal, crois-moi.
Le maître attendit que le garçon se détende enfin.
- Cette chose que tu sens en toi maintenant va bientôt ne faire plus qu'un avec ton esprit. Tu recevras des informations de sa part mais tu garderas toujours ton caractère, ton libre arbitre et ta liberté de penser, de décider comme de te mouvoir. Le deuxième ordre est en toi pour toujours. C'est elle qui t'a choisi et c'est un honneur et un bonheur, tu peux me croire. Tu seras le seul à ressentir ce dont les végétaux supérieurs ont besoins pour vivre et s'épanouir. Mais ce que cela va t'apporter de plus important, c'est la possibilité qu'ils vont t'offrir d'améliorer le sort des tiens, des enfants de ton groupe et de leur descendance. Quand vous ne ferez plus qu’un, ces végétaux vont te suggérer toutes sortes d'innovations répondant à tous vos besoins. C'est ainsi, par exemple que nous avons tant de connaissances quand ceux qui s’appellent les hommes vivent comme des animaux. Il se retourna en direction des enfants qui les regardaient et reprit :
- sens-tu maintenant le dialogue s'instaurer entre vous ?
Ishars sentait en effet un flux d'informations lui arriver. Et la plupart d'entre elles lui ordonnaient de prendre la route. Il pouvait également voir ces hommes, ces envahisseurs qui massacraient les siens. Il en fit par au vieil homme Qui lui ordonna alors de rejoindre les autres enfants et de partir. Pendant qu'ils ramassaient leurs affaires, le Maître finit, le ton encore plus grave :
- Vous êtes l'avenir. L'avenir de deux espèces qui ont su s'allier pour évoluer dans la paix et la sérénité. Il vous faudra donc respecter cet équilibre entre les végétaux et vous. Et c'est Ishars qui vous dira comment le faire. C'est lui l'interface entre eux et vous. Alors, écoutez-le, sans jamais discuter.
Le maître s'approcha d'eux, vérifia leurs paquetages et termina :
-     Vous avez chacun d'entre vous dans vos affaires un cylindre de ce que les végétaux ont de plus résistant.  Nos alliés du Second Ordre nous les ont confiés. C'est votre bien le plus précieux, ne l'oubliez jamais. Certains contiennent de quoi sûrement faire disparaître toute trace de vie sur cette planète, d'autres tous les ingrédients nécessaires à la renaissance de celle-ci. Le moment venu, Ishars vous diras quoi en faire. C'est votre bien le plus précieux, bien plus précieux que votre propre vie, ne l'oubliez jamais !
-    Il est temps Ishars ! Ne vous retournez plus à présent et garder à l’esprit que vous êtes l’avenir de cette planète.
-    N'oubliez jamais d'où vous venez, ce que vous représentez et ce que vous pourrez apporter aux autres hommes qui sont en train de peupler cette Terre. Vous allez forcément les croiser. Mais restez vigilant ! Ne faites confiance à personne, ne comptez que sur vous. Ces hommes qui nous assaillent étaient nos frères autrefois. Et ils se sont perdus en se mélangeant avec une autre espèce. Ils ont oublié pourquoi ils s’étaient avancés vers le soleil couchant. Ce qu'ils y ont gagné en force physique, ils l'ont perdu en connaissance. Ils ont oublié qui ils étaient réellement et finissent d'anéantir leur dernière chance de se retrouver. Nous les appelons les Hommes rouges !

dimanche 19 décembre 2010

Chapitre 25, suite

Les gamins semblaient considérer cette nouvelle avec tristesse. Un peu comme s’il s’agissait de la promesse d’un adieu.  Le maître, conscient de l’émotion des enfants, s'arrêta une seconde avant de reprendre:
Ecoutez-moi sans prêter attention aux cris que vous entendez, vous particulièrement Ishars, et Raleish.
Claude se nommait donc Ishars et vivait un instant visiblement crucial.
L’homme à la toge reprit :
De toutes manières, la fin des sept vallées était inéluctable. Il n'y en avait plus pour longtemps, la mer allait nous submerger d'ici peu mais nous pensions avoir le temps de vous préparer complètement.
Claude sentit la main de la jeune fille resserrer un peu plus la sienne.
- Nous sommes envahis par d'anciens camarades qui ont, il y a bien longtemps de cela choisi une autre voie. Ils se sont perdus et pensent retrouver "La Voie"en nous massacrant. Ces pauvres bougres n'arriveront à rien. Tout aura disparu d'ici leur arrivée dans les bois sacrés. Nos alliés végétaux mettent leur plan d'extinction à exécution.
Le maître s'adressait maintenant directement à lui ou plutôt à Ishars.
- Ishars, tu es le plus âgé et le plus responsable. C'est toi qui auras la responsabilité de tes camarades. Mais plus que cela, tu auras à porter le fardeau de notre héritage. Nous sommes sur cette planète depuis des milliers de générations.
- Nous sommes partis de Semagil après le cataclysme en  n’emportant avec que quelques fragments de mousses qui nous ont aidés à parvenir jusqu'ici grâce à Thakor que les végétaux avaient choisi pour communiquer avec nous. Oui, petit Ishars et toi aussi Raleish, c'est maintenant à vous de tout recommencer.
Ishars se permis pour la première fois d'interrompre le vieil homme.
-    Mais nous ne savons ou aller ! Et je n'ai pas fini d'apprendre la communication avec nos protecteurs du deuxième ordre, Maître.
La panique était cette fois bien palpable dans la voix du jeune garçon et Claude la ressentait comme s'il avait déjà vécu cette scène.
D'un seul geste l'homme ramena le calme dans la petite troupe. Claude remarqua au passage la grandeur des mains du maître. Celui-ci reprit :
- Ne craignez rien les enfants. Votre responsabilité est immense mais n'oubliez jamais et surtout toi, Ishars que tu seras perpétuellement conseillé et guidé par nos amis et alliés. Ces végétaux savent désormais que tu es le seul à pouvoir communiquer avec eux et connaissent ton ignorance. Et oui, ils savent que tu es leur seul recours. Fais leur confiance !
Il se tourna vers Raleish et continua :
- Toi petite, ton rôle sera de veiller sur Ishars durant les moments où il prendra conseil auprès de nos alliés du second ordre. Tu sais, Ishars peut être vulnérable dans ces moments là, tu comprends ? La jeune fille acquiesça et le vieil homme reprit :
- Quand vous aurez trouver un abri sûr, ta responsabilité sera celle de la pérennité du groupe. Comme on te l'a enseigné, tu devras gérer la reproduction en vue de l'élargissement le plus rapide de votre groupe. Te sens-tu à la hauteur Raleish ?
La petite fille répondit d'un oui fort et franc, révélant sa forte personnalité.
L’homme porta son regard vers  les autres et continua :
-Pour vous, les autres, vous devez absolument obéir aux ordres d'Ishars et de Raleish ! C'est bien compris ?
Tous hochèrent affirmativement de la tête. Pour la première fois le maître se tourna en direction du vacarme mêlé de cris venant du bas de la vallée et qui n'étaient plus très loin d'eux.

samedi 18 décembre 2010

Chapitre 25, suite

Claude fut tiré de sa rêverie par son oreille gauche qui le grattait impérativement. Il ordonna à donc à sa main gauche de gratter l'orifice en question. Rien !
Il lui était impossible de lever le bras. Revenant d'un seul coup à la réalité, il ouvrit les yeux. Cette fois, ce simple mouvement de paupières marcha sans disfonctionnement. Un cri tenta de sortir de sa bouche à la vue du spectacle qu'il voyait. Ce ne fut qu'un murmure sourd.

Claude, redressa la tête tant bien que mal, se regarda et vit avec stupeur qu'il était entièrement emberlificoté dans un entrelacs inextricable de filaments moussus. Ces choses le maintenaient tel un rôti bien ficelé et le découragèrent rapidement de tenter de bouger.
Prit de panique mais l'esprit de nouveau totalement clair, il essaya d'arracher de son torse où reposait ses mains un peu de cette couverture végétale qui le recouvrait.
Chaque fois qu'il arrivait à s'en défaire d'un morceau, l'ensemble des brins se resserraient un peu plus autours de lui. Il paniqua alors complètement, se débattit en tous sens et fut bientôt immobilisé. Ces fichues fibres de ce « cher Nick » le comprimaient au point d’avoir du mal à respirer. Il ne pouvait même plus bouger le bout de ses orteils.

Claude su força alors à se calmer, respirant régulièrement, tentant de ne plus faire le moindre geste. Ses battements de cœur ralentirent et bientôt il sentit avec un plaisir teinté de surprise l'emprise des fibres végétales se réduire légèrement.

Il ferma les yeux et se concentra sur son corps et ce qui le recouvrait. Claude s'aperçut que les filaments ne faisait pas que le recouvrir. Ils lui rentraient profondément dans les oreilles, le nez et la bouche. Il avait retrouvé son calme à présent.
A force de volonté, il fit quitter toute frayeur de son esprit. Une vision lui vint alors, comme un rêve éveillé.
Un homme en toge blanche s'adressait à un groupe d'enfant. Claude était l'un d'eux, un garçon d’une douzaine d’années, visiblement responsable d'un groupe de gamins. Il tenait une jeune adolescente par la main, écoutant religieusement le veil homme. La sérénité l’habitait, lui comme les autres enfants. Ils avaient tous pourtant le visage grave, une expression visiblement de circonstance. L'homme en toge blanche s'adressa à eux, fixant "l'enfant-Claude" droit dans les yeux.
- L'heure est grave, mes enfants. Il est temps de nous quitter, de laisser derrière vous les sept vallées, notre Ediniah. Je sais, vous n'avez pas terminé votre dernière d’étude, vous n’avez pas vu la vie des autres hommes, ces pauvres parmi les pauvres qui peuplent notre planète.  Ne vous inquiétez pas mes enfants !
L’homme s’accroupit et reprit :
- Je vais devoir vous livrer succinctement les plans de notre dissémination et les secrets de la survie hors de notre sanctuaire et sur nos zones extérieures.

vendredi 17 décembre 2010

Chapitre 25.

Chapitre XXV


L'EXPÉRIENCE INTERDITE DE CLAUDE.
INITIATION VÉGÉTARIENNE

A peine le seuil de sa petite chambre bonne franchit, Claude s'assit sur son lit et sortit la boîte de sa poche. Comme un enfant un jour de Noël, il essaya de se remémorer les recommandations de Nick Dorlan.
Il se leva, se rapprocha du minuscule évier qui équipait sa "garçonnière" et regarda le système d’ouverture de la boîte. Le coffret semblait luire de mille feux sous le modeste éclairage du néon qui surplombait son évier.
Il voulait tant voir ce brin végétal, de quoi il était fait et à quoi il ressemblait. Maintenant que Monsieur Dorlan retournait vers les Etats-Unis en première classe, une coupe de champagne à la main, il pouvait bien se permettre de s'amuser un peu avec son "joujou".

-     Zut, s'exclama t’il à la vue de son évier plein de la vaisselle des trois derniers jours. Monsieur Dorlan m'a bien dit qu'il fallait l'ouvrir dans un endroit propre et sec. Et ben tant pis, ça se fera ici !
Claude ne réfléchissait plus. Excité comme une puce venant de sauter sur un jeune chiot, il agissait mécaniquement. Son instinct avait pris le dessus. Habilement, il ouvrit la boîte d'une seule main, l'autre prenant un récipient, un petit bol dans le placard de cuisine qui se trouvait au-dessus de l'évier.
Rapidement, comme s'il avait fait cela toute sa vie, il prit le minuscule brin végétal qui ressemblait fort à du lichen et le posa délicatement dans le bol. Il jeta la boîte par terre sans un regard. Elle rebondit deux fois avant de finir son parcours sous son petit lit, une place, à un mètre de là, inutile.
Claude, maintenant dans un état second,  le regard dans le vide, ouvrit le robinet et fit couler de l'eau sur le brin qui, il y a trente seconde encore, se trouvait dans sa boîte. Beaucoup plus d'eau que ne lui avait conseillé Nick ! Il arrêta l'eau lorsqu'elle recouvrit entièrement le brin végétal.
Puis il prit le récipient. Ses yeux étaient maintenant révulsés, aussi blancs que des œufs en neige.
Il marcha comme un somnambule vers son lit. Il s'y allongea, posant délicatement le récipient, sur son sternum. Sa respiration semblait s'être arrêtée. En réalité, Claude dormait déjà profondément.

Quand il se réveilla, il commença par se dire qu'il avait fait un cauchemar. Il n'avait cessé de rêver qu'il traversait le temps.
D’abord homme demi-nu, errant dans une savane hostile, Claude avait, par la suite, vécu toutes sortes de vies dont la plupart se terminaient tragiquement.

Ces vies se déroulaient à des époques lointaines et où le confort n'avait pas sa place. La seule constante résidait dans le fait que nombres de visages venaient se placer face à  lui, l’air attentif, comme si on venait le regarder, le consulter.
Il s'était tour à tour sentit jeune, âgé et même très vieux, paré de mille identités. Chacune d’entre elles,  chacun de ces corps, qu'il avait habité, représentaient une vie passée, la vie défunte d’un sage.

jeudi 16 décembre 2010

Chapitre 24, suite

-     Désolé, mais je dois déjà filer. Mon vol est dans une heure trente. Je te contacte dans une semaine pour voir où tu en es de ta décision de t'engager avec nous et de l'expérience que tu auras faite. Ciao Claude ! Et fais bien attention à toi et à ceux qui t'entoure.
Nick fit quelques pas avant de se retourner et d’ajouter :
-     Ah oui, donne le bonjour à ta mère, de la part d'une vieille connaissance ! Dit lui qu'on a vécu six mois ensemble quand j’étais enfant.
Nick se rapprocha du jeune homme et lui sera vigoureusement la main. Puis il se dirigea vers la sortie du bar sans se retourner, laissant Claude seul, plongé dans ses réflexions.

Claude Mazière resta encore cinq bonnes minutes assis, le regard fixé vers la boîte puis se leva à son tour. Il se retrouva dans la rue sans s'en apercevoir tant il était absorbé par ses pensées. Il remonta dans sa voiture et rentra chez lui aussi vite qu’il put, incapable de penser à autre chose qu'à cette mystérieuse fibre qu'il détenait.

Il avait complètement oublié ce qui le bouleversait depuis plusieurs semaines. Oui, il allait être père, alors qu'il ne s'en sentait ni la maturité ni la capacité. En avait-il même l’envie alors que sa carrière décollait enfin ? Il n'avait même pas osé en toucher un mot à Nick, son futur employeur. Il se l’était pourtant promis.

Excité comme une puce à l'idée de ce qu'il détenait, il décida que la décision sur l’enfant à naître pourrait encore attendre une semaine avant de prendre un aspect plus concret. Et puis où était le problème, après tout ! Il était follement amoureux de la jeune femme qui portait son enfant. Elle devait rentrer de chez ses parents la semaine prochaine. Cela lui laissait amplement le temps de trouver les bons arguments pour qu'elle l'accompagne aux USA. Il faudrait aussi qu'il en touche un mot à sa mère. C’est elle qui lui avait présenté la jeune femme, après tout.
A ce moment précis de son existence, il se sentait capable de voler par-dessus les obstacles pouvant l'empêcher de réussir pleinement sa vie.
Tous les objectifs qu'il s'était fixés, voilà des années en ce qui concernait sa vie professionnelle aussi bien que privée, ne se voyait-il pas sur le point d’exploser ses rêves les plus fous ?

Arrivé chez lui, il se gara deux roues sur le trottoir et se précipita dans son studio, la main pressant inconsciemment la poche où se trouvait la précieuse boîte. Il n'avait qu'une hâte, l’ouvrir et réaliser cette fameuse "expérience interdite".
Il l'avait vu, plus de cent fois, ce genre de films dès qu’il avait obtenu le droit de sortir de l’internat chaque fin de semaine et se rendre au cinéma.
Claude était au paroxysme de l’excitation. Lui, le scientifique, ne s’était jamais lassé de lire et relire touts les romans de science-fiction dont les histoires ressemblaient, à s'y méprendre, à ce qu'il vivait depuis sa rencontre avec ce Monsieur Dorlan. Nick pour les intimes comme il pouvait l’appeler désormais.
Des végétaux si spéciaux et si dangereux à la fois qu'il fallait mille précautions pour les faire pousser. 
-       Non mais vous vous rendez compte ! » Pensa t’il à voix haute.

mercredi 15 décembre 2010

Chapitre 24

Chapitre XXIV


La remise des végétaux à Claude par Nick


Détendu et rassuré par cette conversation, Claude aborda des questions plus personnelles.
Pourquoi lui et la nature réelle du projet ? C'était bien beau de faire joujoux avec la nature, mais quelles étaient les véritables intentions de cet homme, assis là, en face de lui.
Nick sembla percevoir les doutes de Claude et lui annonça tout en fourrageant dans ses poches :
-      Si nous sommes d'accord sur l'essentiel, je me dois de te remettre quelque chose. Il parvint enfin à extraire une boîte de sa poche de pantalon et la tendit à Claude avant de poursuivre :
-     Ce minuscule coffre en platine contient l'aboutissement de presque deux milliards d'années d'évolution et de… soixante-quinze ans de recherche.
Nick s’arrêta au comble de l’excitation, un sixième sens lui dictant de ne pas trop en dire.
Il se répéta rapidement plusieurs fois comme un mantra : ne pas l’effrayer ! Juste faire en sorte qu’il prenne le maximum de précautions, qu’il aborde la chose sereinement. Nick reprit après ce court silence.
-     A première vue son contenu n'a rien d'exceptionnel. Quand tu l'ouvriras chez toi, mets cette fibre végétale sur un lit de terre et verse dessus deux gouttes d'eau. Assure-toi que ta préparation se trouve hermétiquement fermée et observe la progression de ces fibres.
- Tu verras, ce type de végétal ressemble beaucoup à du lichen enfin au départ, tout du moins. Poursuivit-il dans un murmure grave, se penchant vers Claude le plus possible. Tu ne dois sous aucun prétexte,  laisser ces végétaux se développer hors confinement. Observe les quatre jours grand maximum. Quand tu auras constaté les capacités de ces végétaux, il m'étonnerait fort que tu ne tombes pas à la renverse. Dis-toi alors que nous en sommes au stade de l'arborescence en laboratoire et que nous attendons ta venue pour expérimenter une plantation en pleine nature. Je repars tout à l'heure pour le vérifier de visu comment se portent « nos » petit protégés après deux mois de croissance.
Il se tu quelques secondes, fixa Claude comme pour le sonder, et repris :
-     Voilà, c'est tout ! Continua t’il, avant de le remettre en garde. Manipule ce que contient cette boîte avec la plus grande prudence. Si par malheur, le strict confinement n'est pas respecté, le développement de cette simple fibre pourrait provoquer une catastrophe écologique majeure ! Alors, prudence et ne crois pas que j’exagère, Claude !

Claude se saisit de la boîte comme s’il s'agissait d'une arme chimique de destruction massive. Il ne savait que penser de l'expérience qu'il devait mener. Etait-ce un test ou lui confiait-on réellement une découverte d'une grande valeur pour avoir son avis sur la chose ?

Décontenancé, il ne se rendit pas compte que Nick s'était levé, jetant quelques billets sur la table basse, et enfilait son par-dessus, prêt à partir. Claude restait immobile, les yeux rivés toujours sur la petite boite posée là, dans ses mains brillante de mille feux sous les spots du bar. Il avait mille questions qui tournaient à la vitesse de la lumière dans sa petite caboche mais pas un son ne pouvait sortir de sa bouche. Il sursauta en entendant la voix puissante de Nick :

mardi 14 décembre 2010

chapitre 23, fin

Il se força à lâcher la main de son interlocuteur, toussota deux fois le temps pour lui de reprendre ses esprits, priant pour qu'il n'y ait pas d'autre incongruité dans l'heure qui allait suivre. Il reprit la parole de nouveau calme et plein d'assurance:
-      Bien, asseyons-nous !
Claude obtempéra sans piper mot. Il ne savait plus quelle attitude prendre face à ce personnage pour le moins désarçonnant. 
- Il est saoul ou quoi , pensa t’il un peu trop fort.
En tous cas, il était encore bien différent de l'homme d'affaire étrange qu'il avait rencontré, voilà quelques semaines en arrière à New York.
Claude l’avait trouvé sympathique dans ce drôle de premier rendez-vous. Bien sûr, il y avait eu son attitude hypertendue et  cette et son obsession à aller voir le corps d'un homme qui s'était visiblement défenestré, alors qu'ils sortaient de l'hôtel où ils s'étaient vus en coups de vent.  Et même s’il avait insisté pour s'approcher, comme pour distinguer les traits du cadavre entouré de dizaines de policiers armés jusqu’au dents, cela le changeait de ses professeurs et autres chercheurs qu’il fréquentait en France. Nick lui avait simplement expliqué qu'il avait un ami dépressif qui habitait cette ville et qui menaçait perpétuellement de faire "un grand saut pour terminer en beauté !" Il voulait juste vérifier si ce n’était pas lui.
Mais, malgré ces anomalies comportementales, il ne pouvait s'empêcher de trouver Nick attachant, sans vraiment savoir pourquoi.
Il est vrai qu'il n'avait jusqu’à là, rencontré qu’une bande les vieillards cacochymes devant qui défendre ses théories novatrices en matière d'évolution des végétaux équivalait à démontrer que la terre est ronde aux religieux du moyen âge.
Ces même « caciques-je-sais-tout » qui régissaient les hautes instances scientifiques françaises et qui se montraient pour le moins frileux et bien trop politisés face aux projets qu'il défendait. Il avait devant lui un personnage d'une autre dimension, ça, c'était sûr !
Il restait à voir s'il pouvait travailler avec lui et lui accorder son entière confiance.

Enfin, ils commencèrent à discuter ! Dorlan paraissait avoir retrouvé son sang froid et lui expliqua clairement à ce qu’il lui proposait.
Et Claude ne fut pas déçu. Ses rêves les plus fous prenaient formes !
Oui, il aurait la responsabilité de décision sur l’ensemble de ses recherches, sur le fond et la méthode de travail. Il pourrait choisir ses collaborateurs et même le lieu de ses expérimentations, dès qu’elles seraient prêtes à démarrer.

lundi 13 décembre 2010

Chapitre 23, suite

D’un seul coup son nom vint interrompre sa réflexion et celles bon nombre d’autres personnes attablées.

-      Claude ! … Claude Mazère! Par ici ! S'exclama Nick, de sa voix gutturale. Il l’appelait  bien trop fort à son goût, mais l’émotion qu’il ressentait à cet instant lui faisait perdre tout contrôle. Il joignit le geste à la parole et se mit à agiter ses larges battoires, bras levés, menaçant de faire exploser le système d'éclairage surbaissé à cet endroit du bar.
Une bonne partie de la clientèle se retourna surprise par le volume et la sonorité des sons sortant de la gorge du colosse gesticulant assis au fond de la salle. L'usage voulait plutôt que l'on chuchote, en ce lieu.

Claude dut rendre les armes et fixa Dorlan en affichant un sourire forcé et plein de gêne. Il se dirigea vers l'homme qui continuait de secouer sa main et de beugler son nom, à sa grande désolation, lui qui aimait tant se fondre dans le paysage, ne pas se faire remarquer.
Et voilà qu'il se sentait comme éclairé par un halot de lumière, un peu comme une rock star en plein concert. Malgré cet accueil plus que déconcertant, il tenta de paraître aussi sûr de lui que possible.
La main qui s'abattit sur son épaule au moment où il tendait la sienne pour saluer son interlocuteur, acheva de le déstabiliser. Surpris par la force de ce geste, trop amical et inattendu, Claude trébucha sur le pied central de la table basse et tituba quelques secondes, menaçant de fracasser le mobilier du bar. Par un effort désespéré, il réussit à retrouver son équilibre.
Nick remarqua, quant enfin ils se serrèrent la main, que son jeune protégé était aussi rouge que la moquette qui recouvrait le sol.

Enfin, après tant d'année d'attente et de recherche, il allait pouvoir mieux connaître Claude et même peut être pouvoir s'en rapprocher pour longtemps pour peu qu'il accepte l'offre qu'il allait lui faire.

-      Salut Claude, comme on dit chez-vous ! Dit Nick dans un français parfait. Excuse la maladresse de mon accueil mais je ne me suis jamais fait aux décalages horaires. Ces satanés trajets au-dessus de l'Atlantique me font perdre tous mes repères sociaux ! Se sentit-il obligé d'ajouter, piquant à son tour un fard.

Le regard interloqué du jeune homme fit hésiter Nick quelques secondes. Vite, une excuse, pensa t'il avant de continuer
-       Le verre que je bois là depuis que je vous…t'attends, correspondrait à un double whisky que je m'enverrai derrière la cravate en me réveillant à six heures du matin… Enfin si j'étais alcoolique, ce que tu pourrais penser que je suis…Et puis zut ! Je t’en prie, asseyons-nous, termina t'il en constatant, consterné, le ridicule de son discours.

Même l'excuse de l'emploi de la langue française ne pouvait justifier une entrée en matière aussi calamiteuse. Il s'agissait quand même au départ d'un entretien professionnel de la plus haute importance. C'était quand même officiellement et pour une bonne part le prétexte de cette deuxième rencontre. Mais, pour le coup c'était mal parti et il aurait du mal à rattraper le coup. Heureusement qu'il restait l'argument massue de ce que contenait la petite boîte qu'il avait dans la poche.

Il s'en voulait de s'être laisser surprendre par les flots d'émotions refoulées depuis si longtemps. Et encore, s'il s'était écouté, il aurait pris Claude dans ses bras pour une longue étreinte et lui ébouriffer les cheveux !

dimanche 12 décembre 2010

Chapitre 23.

Chapitre XXIII



RENDEZ-VOUS CLAUDE/ NICK



 

Nick l'attendait confortablement installé dans un moelleux fauteuil club, sirotant un "cosmopolitain". Il s'était placé au fond de la salle volontairement pour avoir tous loisirs de voir dans quelles dispositions allait se trouver Claude.  Le premier contact, perturbé et gâché par ce tueur lancé à ses trousses, ne l’inquiétait pas trop.
Par contre, il savait Claude tenté par l'aventure qu'il lui proposait. Mais nick était certain qu’il hésiterait, un peu pour des raisons d'éthiques mais surtout par le problème qui le tracassait en ce moment. Claude allait être père.

Il n'avait découvert la situation dans laquelle se trouvait son jeune protégé que récemment. Nick avait oscillé entre plusieurs attitudes à prendre pour régler, le plus facilement, le dernier obstacle à la venue de Claude. Si sa mère, elle-même n’en était pas avertie, il ne faudrait surtout mettre tout cela sur le tapis. Mieux valait lui faire oublier ses tracas et lui faire voir à quel point la vie qu’il lui proposait, résoudrait toutes les angoisses du jeune homme. Il allait le plonger dans le bain, le mettre dans une situation de non-retour. C’était la seule solution.

Pour la dixième fois, il regarda sa montre. Plus l’heure approchait, plus il sentait l’émotion retenue toutes ces années refaire surface.
A dix-neuf heures, il le vit arriver. Ce grand jeune homme dégingandé, avait beau avoir fait un gros effort vestimentaire, on voyait assurément que l'apparence ne faisait pas partie de ses priorités. Il dégageait cependant un charme indéniable de ce grand échalas.
Son visage était mince et tout en longueur. Sa chevelure longue et brune encadrait un sourire dont il ne pouvait se débarrasser.

Cela lui avait d’ailleurs valu bien des ennuis dans son quotidien, tant on le prenait pour le gentil distrait de service. Il surveillait maintenant Claude depuis suffisamment longtemps pour lire en lui comme dans un livre.

Mais leur rencontre de New-York avait été si déstabilisante pour son jeune protégé, qu’il ne savait plus quelle attitude adopter ce soir. Nick était dans la plus complète confusion et cela était de mauvaise augure, il le savait.
Nick tout en réfléchissant à tout cela, continuait de scruter celui qu'il s'était juré de recruter. Pour l’instant, il admirait la manière nonchalante mais habile que Claude avait de se déplacer entre les tables du bar de l'hôtel. Ses yeux sombres allaient de gauche à droite à sa recherche. Claude était visiblement mal à l'aise malgré le mal qu'il se donnait pour le cacher.
Nick pouvait sentir toute la tension qui l'habitait.
"Oui, décidément,  il lui faudrait agir avec dextérité pour désamorcer la bombe ambulante qui se dirigeait vers lui !", pensa t’il en continuant de regarder le jeune homme.

Ses yeux enfin habitués à la semi-obscurité de l'immense salle de bar, Claude repéra son hôte. Il faut dire que même à cette heure de grands apéritifs pré dînatoires, la haute stature de nick Dorlan était repérable aisément. Même engoncé dans son profond fauteuil Club, le haut de son crâne effleurait les spots fixés au plafond, surbaissés à cet endroit de la salle pour garantir un maximum d'intimités.

Intimidé et ne sachant comment aborder cet homme, étrange, certes, mais qui pouvait bouleverser sa vie, Claude feignit de ne pas avoir vu son hôte et refit un nouveau tour d'horizon. Il désirait avant tout retrouver un rythme cardiaque raisonnable et retrouver un peu de calme. Il voulait être le plus claire possible et évacuer ses difficultés personnelles pour se concentrer sur les questions d’éthiques professionnelles.

samedi 11 décembre 2010

chapitre 22, suite

Après les avoir regardées avec attention pendant de longues secondes, il blêmit.
-     C'est vrai ? Comment les agresseurs pouvaient le savoir ?

Sur les photos du torse de Monsieur Petersen qui avait été soigneusement lavé par les infirmières, on pouvait lire distinctement trois mots : TUMEUR, CERVEAU, MORT.
Raph éteignit rapidement l’appareil et le rendit au médecin comme pour conjurer un mauvais sort.

-      Le pire dans cette histoire, c'est que c'est totalement vrai, agent Furk ! Monsieur Petersen est atteint d'une tumeur du cerveau grosse comme une balle de tennis. Il ne lui reste qu'entre trois et six mois à vivre.
L'air déstabilisé et légèrement ahuri, le docteur pousuivit:
-      Comment l’agresseur l’a t’il su ? Si ce n'est pas Monsieur Petersen qui lui a dit, je n'en ai pas la moindre idée. Ah oui, j’avais oublié. A son arrivée, Monsieur Petersen a affirmé clairement qu'il n'avait été enlevé que par un seul homme. Un être d’une force inouïe qui s'était désintéressé de lui après lui avoir enfoncé une longue chose ressemblant à une seringue dans l’oeil. Comment cet homme à pu diagnostiquer une tumeur du cerveau, je n'en ai pas la moindre idée! Il aurait fallut pratiquer une biopsie ou une "IRM' pour le savoir. Même si c'était le meilleur cancérologue du monde qui avait fait ces atrocités, il n'aurait pu le savoir. Tout ce que je peux rajouter, c'est qu'il ne fait pas l'ombre d'un doute que c'est à sa maladie qu'il doit le fait d'être encore vivant à cette heure ci. Les photos vous le prouvent.

Le médecin, visiblement soulagé d’avoir partagé ses informations avec les autorités, continua:
-      A vous de jouer maintenant! Les qui, comment et pourquoi, je vous les laisse ! Cela ne relève plus de mes compétences. Je reste quand même à votre disposition, si vous avez, dans le futur une question concernant le domaine médical. Ah oui, j’oubliais ! Le père de cette jeune femme est pour l'instant inconscient. Nous l'avons plongé dans un coma léger pour soixante-douze heures pour qu'il ne souffre pas trop ! Je vais de ce pas l'expliquer à sa fille sans trop rentrer dans les détails. Je vous laisse ce plaisir, enfin si vous le voulez ! Bonne chance agent spécial Furk !

    vendredi 10 décembre 2010

    Chapitre 22 avec corrections et suite

    CHAPITRE XXII


     


    DEUIL ET RESURRECTION DU PERE D'ANUA



     


    Cela faisait moins de quatre heures que Raph avait rejoint Anua à son appartement. Et voilà qu’ils avaient déjà. Ils filaient déjà tous deux, escorté par la police de Westmorland, vers les eaux du bayou où l'homme au gabarit de catcheur géant avait affirmé que le corps de son père se trouvait. Ils volaient sur l'eau sur les versions modernes des hydroglisseurs qui avaient été rendus célèbres par la série télé "Flipper le dauphin".

    Anua avait fait un bref récit de son aventure à son meilleur ami et abandonné Billie à son triste sort, couchée dans la chambre. Elle n'arrivait pas à se remettre du choc de l'intrusion puis de la bagarre des deux énergumènes. Elle ferait le maximum pour sa meilleure amie plus tard. L’heure n’était pas au chagrin et à cet instant, Anua ne désirait qu’une chose : retrouver son père.

    Elle s’était visiblement montrée convaincante. Moins de dix minutes après, ils s'étaient envolés pour un rapide tour d'hélicoptère jusqu'à Westmorland. Impressionné par sa plaque du FBI les policiers locaux ne s'étaient pas fait prier pour réquisitionner les trois hydroglisseurs des gardes forestiers.

    Anua tentait maintenant de faire le vide en son esprit pourtant très chahuté en cette journée pour tenter de localiser le lieu où les assassins de son père avaient jeté son corps. Elle demanda à Raph de faire stopper le vacarme des immenses hélices qui se trouvaient à l’arrière des engins sur lesquels ils se trouvaient. Il fit arrêter les moteurs d’un coup de talkies-walkies, sans poser de question.

    Anua tenta rejeter tout stress de son esprit. Alors qu'elle fermait les yeux pour une nouvelle tentative de localisation, Raph lui susurra à l'oreille :

    - s'cuse moi, belle dormeuse mais est-ce que t'entends ces gémissements ?

    Anua qui n'arrivait pas à visualiser les lieux autrement que par une vision d'un grand immeuble de vitre et d'acier, rouvrit les yeux, abandonnant toute velléité de comprendre sa vision.

    Bon sang, y'avait une ville la dessous ou quoi ! Pensa t’elle avant de se concentrer sur ce que Raph disait.

    - Ecoute, y'a du bruit qui vient du renfoncement, là, dit il en désignant une avancée rocheuse cachant un long secteur de rivage. Son index indiqua à Anua où regarder. Redémarrez et amenez-nous là-bas, ajouta t’il à l'attention du pilote de l'hydroglisseur.


    L'énorme hélice, empêchait de nouveau d'entendre quoique ce soit mais en arrivant en vue du renfoncement l'engin faillit bien chavirer sous les sauts hystériques d'Anua .

    Son père était là, allongé sur le dos quelque chose dans lui obstruant la bouche l'empêchant de crier. Mais les moulinets désespérés qu'il faisait avec ses bras, ne laissait aucun doute quant à son état. Il était bel et bien vivant.

    Alors que le pilote tentait de s’approcher sans heurter les énormes barres rocheuses que formaient la berge, Anua poussa un cri d'effroi.

    L'œil gauche de son cher papa pendait sur sa joue en se balançant à chacun de ses mouvements. Sa chemise déchirée laissait entrevoir de longues traînées brunâtres. Elles prouvaient la quantité de sang que son père avait perdu et créèrent une panique indescriptible dans le cœur de la jeune femme.

    Raph qui avait compris la gravité de la situation en un instant, demandait déjà dans son talkie-walkie l'envoi d'un hélicoptère pour venir chercher Monsieur Petersen en urgence absolue.


    Deux heures plus tard, Raph regardait Anua faire les cent pas dans le couloir jouxtant la salle d'attente du bloc opératoire de l'hôpital de San-Diego. Il avait pourtant mille choses à lui dire mais lui parler à cet instant n'aurait servi qu'à se faire envoyer faire paître. Seule la colère dominait chez elle en cet instant. Il le savait et pouvait aisément le comprendre.

    En début de soirée, le médecin apparut enfin. Anua avait bien dû parcourir une dizaine de kilomètres dans ce satané corridor, pensa Raph alors qu'il se levait pour saluer le docteur.


    A sa grande surprise le chirurgien se dirigea droit sur lui en lui faisant de petits signes de la main  lui indiquant par-là qu'il désirait lui parler seul et qu'Anua ne participe pas à cet aparté.

    Raph se dirigea vers Anua et lui expliqua rapidement que le médecin souhaitait lui parler seul. Il ajouta rapidement, avant qu’elle ne lui coupe la parole, que s'il voulait faire ainsi, c'était sûrement que son père avait repris conscience et avait révélé quelque chose d'important pour l'enquête.


    Après avoir protesté avec véhémence, Anua se rangea aux arguments de Raph , après qu’il lui expliqua que le docteur parlerait plus facilement à un représentant des forces de police, spécialement du FBI et qu'il jurait de tout lui dès la fin de l'entretien. Enfin, elle accepta et s’éloigna vers la rangée de sièges, au bout du couloir. Raph fit signe au chirurgien de le rejoindre.

    Une fois les deux hommes isolés de toute oreille indiscrète, Raph prit l'initiative d'entamer la conversation.

    - Bonjour, docteur ! Je suis l'agent spécial Furk, Raphaël Furk et je m'occupe de cette sombre histoire de kidnapping. Pourquoi voulez-vous me voir seul ?

    Le médecin toussota deux fois, le temps de clarifier ses idées, puis se lança :

    - Agent Furk, si je désirais vous voir à l'écart de la famille, c'est parce qu'il y a des détails macabres que la famille, cette jeune femme en l'occurrence, pourrait pas comprendre. Ce que j'ai à vous dire ne pourrait que l'inquiéter alors qu'il vaut mieux qu'elle soit mentalement prête à aider mon patient à cicatriser de ce qu’il a vécu. Et dieu sait si ce pauvre homme va avoir besoin d’être soutenu.

    Après un court silence gêné, il reprit avec un débit rapide et haché :

    - Mon patient, le père de cette femme, si j'ai bien saisi la situation, a été énuclée, avec grand soin, comme seul un chirurgien spécialisé l'aurait fait. Mais ça n'est pas le plus étrange. Nous avons trouvé dans l'orbite vide, une trace de déchirure des chaires qui remonte jusqu'au cerveau. Je ne sais pas avec quel instrument cela a été fait, mais l'enveloppe qui entoure la cervelle n'a pas été percée. Si Monsieur Petersen à perdu son œil, c'est un moindre mal.


    Le chirurgien prit Raph par le bras avant de poursuivre sur un ton énigmatique :

    - Mais le plus bizarre dans cette histoire, sont les marques que mon patient portait sur le torse. Tellement bizarre que j'ai fait réaliser des photos. De toute ma carrière, je n’ai jamais vu cela. Avant de vous les montrer, je voudrais vous préciser que ces entailles ont été faites avec un instrument non chirurgical, ne me demandez pas pourquoi. C’est une arme, plus grossière. Sans vouloir m’avancer, je parierais sur un couteau de chasse à dents. Les coupures sont profondes, le derme à été transpercé, je devrais dire arraché jusqu'à l'os. Ce travail de boucher nécessitera plusieurs opérations de chirurgie esthétique pour en atténuer les cicatrices.

    Le médecin sortit de sa poche un appareil photo numérique et fit défiler, lentement, huit clichés sous les yeux sidérés de Raph.

    jeudi 9 décembre 2010

    chapitre 22

    CHAPITRE XXII


     


    DEUIL ET RESURRECTION DU PERE D'ANUA



     


    Cela faisait moins de quatre heures que Raph avait rejoint Anua à son appartement. Et voilà qu’ils avaient déjà, broyant toujours du noir dans la chambre. Ils filaient déjà tous deux, escorté par la police de Westmorland, vers les eaux du bayou où l'homme au gabarit de catcheur géant avait affirmé que le corps de son père se trouvait. Ils volaient sur l'eau sur les versions modernes des hydroglisseurs qui avaient été rendus célèbres par la série télé "Flipper le dauphin".

    Anua avait fait un bref récit de son aventure à son meilleur ami et abandonné Billie à son triste sort, couchée dans la chambre. Elle n'arrivait pas à se remettre du choc de l'intrusion puis de la bagarre des deux énergumènes. Elle ferait le maximum pour sa meilleure amie plus tard. L’heure n’était pas au chagrin et à cet instant, Anua ne désirait qu’une chose : retrouver son père.

    Elle s’était visiblement montrée convaincante. Moins de dix minutes après, ils s'étaient envolés pour un rapide tour d'hélicoptère jusqu'à Westmorland. Impressionné par sa plaque du FBI les policiers locaux ne s'étaient pas fait prier pour réquisitionner les trois hydroglisseurs des gardes forestiers.

    Anua tentait maintenant de faire le vide en son esprit pourtant très chahuté en cette journée pour tenter de localiser le lieu où les assassins de son père avaient jeté son corps. Elle demanda à Raph de faire stopper le vacarme des immenses hélices qui se trouvaient à l’arrière des engins sur lesquels ils se trouvaient. Il fit arrêter les moteurs d’un coup de talkies-walkies, sans poser de question.

    Anua tenta rejeter tout stress de son esprit. Alors qu'elle fermait les yeux pour une nouvelle tentative de localisation, Raph lui susurra à l'oreille :

    - s'cuse moi la belle dormeuse mais est-ce que t'entends ces gémissements ?

    Anua qui n'arrivait pas à visualiser les lieux autrement que par une vision d'un grand immeuble de vitre et d'acier, rouvrit les yeux, abandonnant toute velléité de comprendre sa vision.

    Bon sang, y'avait une ville la dessous ou quoi ! Pensa t’elle avant de se concentrer sur ce que Raph disait.

    - Ecoute, y'a du bruit qui vient du renfoncement, là, dit il en désignant une avancée rocheuse cachant un long secteur de rivage. Son index indiqua à Anua où regarder. Redémarrez et amenez-nous là-bas, ajouta t’il à l'attention du pilote de l'hydroglisseur.

    L'énorme hélice, empêchait de nouveau d'entendre quoique ce soit mais en arrivant en vue du renfoncement l'engin faillit bien chavirer sous les sauts hystériques d'Anua .

    Son père était là, allongé sur le dos quelque chose dans lui obstruant la bouche l'empêchant de crier. Mais les moulinets désespérés qu'il faisait avec ses bras, ne laissait aucun doute quant à son état. Il était bel et bien vivant.

    Alors que le pilote tentait de s’approcher sans heurter les énormes barres rocheuses que formaient la berge, Anua poussa un cri d'effroi. L'œil gauche de son cher papa pendait sur sa joue en se balançant à chacun de ses mouvements. Sa chemise déchirée laissait entrevoir de longues traînées rouge-brunes. Elles prouvaient le sang que son père avait perdu et créèrent une panique indescriptible dans le cœur de la jeune femme.

    Raph qui avait compris la gravité de la situation en un instant, demandait déjà dans son talkie-walkie l'envoi d'un hélicoptère pour venir chercher Monsieur Petersen en urgence absolue.

    mercredi 8 décembre 2010

    chapitre 21 suite

      -       Tu est bien parti, "mon gros lapin", pour un petit du village, non ? Dit-il à haute voie, plagiant sa mère vénérée, corse d'origine et qui l’avait toujours dorloté, comme une vraie méditerranéenne.
    Le contraste promettait d’être fort avec le rendez-vous princier de ce soir, lui qui avait grandi dans un village d’à peine vingt-deux habitants, du moins en hiver.

    L'été, la population explosait. Le village passait alors à plus de deux cent cinquante âmes issues de la "diaspora" corse. Et cette explosion démographique se répétait dans toutes les vallées de l'île.

    Il y a encore quarante ans, seuls ceux qui avaient fait fortune " aux Amériques " revenaient avec leurs énormes voitures et leurs gadgets technologiques. Ils étalaient leurs richesses et ne pouvaient renoncer à leur confort.

    C’est ainsi que nombres d’habitations se sont retrouvées avec un genre de verrues de façade, accrochées aux vieux murs de pierre. Ces horribles choses, bâties à la va-vite, servaient à mettre à disposition de cette population aisée, toilettes et salles de bain.

    Très vite, l’eau courante se démocratisant, l’ensemble des familles en firent construire.

    C’est comme cela que les villages se sont vus défigurés par cet invraisemblable bric à braque de constructions en parpaings et ciment.  Aujourd’hui encore, la plupart des Corses du continent qui pour la plupart venaient de la région marseillaise perpétuaient cette tradition du " regardez, combien j’ai réussi ".

    Ils venaient passer l'été à montrer qu'ils n'avaient pas perdu leurs racines mais aussi combien ils avaient réussi, déboulant dans ces petits villages en gros quatre-quatre et autres berlines luxueuses qu'ils laissaient devant la maison familiale à la vue de tous.

    Cette mentalité pourrait apparaître archaïque, mais derrière ce "matuvisme" se cache en réalité un profond respect des traditions de ce peuple si déshérité et un attachement viscéral à cette terre.

    Cette île, occupée et exploitée par une succession d’envahisseurs tout au long de son histoire, était de toutes manières si pauvre, qu'elle avait poussé à l'exil des générations d’être humains,  faute de pouvoir les nourrir.

    Claude pensa qu'il aimerait bien un jour, lui aussi, faire partie de ces exilés venant étaler leur réussite d'outre mer. Il en aurait franchement souri si une ombre gigantesque ne venait obscurcir ses vingt-deux premières années de vie idyllique.

    Claude cessa de penser à ses problèmes personnels, à la Corse et ses particularismes en arrivant en vue du "Ritz". Par bonheur, il trouva une place de stationnement rapidement. Il y vit un signe de bon augure pour l'avenir. Il le savait, il était un incorrigible optimiste.

    mardi 7 décembre 2010

    chapitre 21

    Chapitre XXI


    Claude, second rendez-vous


     

    Le premier entretien avec nick Dorlan avait été un fiasco.  Claude espérait que celui-ci serait productif et répondrait à ses questions.

    Dans leurs échanges de mails, ils avaient abordé plus précisément le sujet. Dorlan lui avait longuement expliqué les moyens inimaginables pour lui, dans lequel Claude allait pouvoir travailler. Les moyens humains et financiers que Monsieur Dorlan avait promis de mettre à sa disposition, s'il acceptait de s'installer aux Etats-Unis, ne trouvaient nul équivalent en France voire dans toute l'Europe.

    Un point le faisait cependant tiquer : OGM !


    Si la protection de l'environnement était son cheval de bataille, l'utilisation du terme génétiquement modifié le faisait grincer des dents. Sa thèse qui portait sur ce sujet avait amené Claude à se méfier au plus haut point des sociétés privées se lançant dans la génétique. Il pensait que seuls des organismes d'état soumis aux règles internationales en la matière garantissaient un minimum de dérapages, là, où une erreur pouvait avoir des répercussions définitives sur la nature.


    De l'autre côté, Claude savait pertinemment qu'outre atlantique la recherche était presque entièrement financée par le secteur privé et que cette concurrence entre sociétés donnait à la recherche un dynamisme inconnu en Europe.

    Le mois dernier à New York, Monsieur Dorlan lui avait juste expliqué, entre deux coups d’œil vers la fenêtre de sa suite, que ce programme avait un objectif planétaire mais que le centre de recherche se trouvant en Californie. Il aurait donc à s'installer là-bas.


      Lui le petit étudiant qui terminait ses études de sciences de l'environnement et de génie génétique appliqués à protection de l’environnement n'avait pour l'instant, à se mettre sous la dent, qu'une vague proposition d'embauche de la part du CNRS.


    La seule chose qui l'empêchait de sauter de joie et de partir sur-le-champ, était son attachement irrationnel pour l'île où il avait grandi et ou il se rendait chaque fois que possible, la Corse. C'est sur cette île qu'il s'était épris d'amour, oui, c'était bien le terme ; d'amour pour la nature. Cette montagne plantée en pleine Méditerranée et patrie de Napoléon et de Paoli, s'il vous plaît, Claude la connaissait en long, en large et en travers.


    La Corse, où plus quatre-vingt-dix pour cent de la population vivait sur le bord de mer, laissait à Claude des espaces naturels dont l’homme s’était retiré progressivement depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Lui, aussi loin qu’il se rappelle, était resté fidèle à son village reculé, niché à flanc de montagne.

    Cet état d’abandon de l’intérieur, difficile d’accès, lui avait permis de profiter gratuitement d’un laboratoire naturel géant.

    Enfant solitaire, il avait mis à profit ces successions de vallées et de montagnes, un sanctuaire végétal qui n'avait plus vu d'homme, par endroits depuis plusieurs siècles, pour développer son amour inné de la nature et plus précisément de la flore.


    Il avait pu ainsi mettre en œuvre ses théories novatrices concernant la botanique après maintes expériences sur ces étendues végétales quasiment vierges à seulement une heure et demie de Paris. Il allait d'ailleurs défendre sa thèse de doctorat le mois prochain et enfin terminer ses études. Il n'avait pourtant que vingt-deux ans.

    lundi 6 décembre 2010

    chapitre 20 fin

    ******

    Quatre heures ! Quatre heures seule à tourner dans le salon à attendre de Raph. Elle était sure qu’il faisait de son mieux pour faire le trajet entre Dallas et ce coin perdu en Californie du sud où Anua avait accepté de résider le jour où elle avait signé son contrat de travail avec la fondation "Pharmacorp". La fondation, branche d'une multinationale de produit pharmaceutique, exigeait que les personnes qu'elle subventionnait habitent dans un rayon de cinquante kilomètres autour de leur centre de recherche ultra moderne de San Diego. Si les plus grand chercheurs, toutes disciplines conjuguées, s'y étaient pliée, Anua n'avait pu qu'accepter cette clause du haut de ses vingt-trois ans. Et voilà pourquoi elle attendait depuis, ce qui lui semblait une éternité son Raph vêtu de ses habits de sauveur, son super héros alias « Flegmator ».
    Quant à Billie, d'habitude si efficace dans la résolution des petits soucis de la vie et prête à tout sacrifier pour aider sa meilleure amie, avait visiblement le cerveau bloqué sur la case "besoin de récupérer». Elle dormait toujours d'un sommeil agité et ne s'était levée, l'œil hagard, que pour satisfaire à besoin naturel. Juste une pause avant de repartir pour un tour sous la couette, sans un mot, pale comme un linge.
    Enfin la sonnerie de son portable, un son de clairon militaire qu'Anua avait attribué à Raph, se fit entendre. Elle se rua vers l'appareil posé sur le velours vert du canapé et prit l'appel.
    Dans une cacophonie de crachotements et grésillement en tous genres, elle réussit à comprendre qu'il était parti de l'aéroport de Los Angeles il y a deux heures, et qu'il serait chez elle sans moins de trente minutes. Une petite demi-heure, si la police de la route ne l'arrêtait pas pour conduite dangereuse, lui retirait sa précieuse plaque estampillée FBI et le jetait dans sombre cachot.
    Au grand étonnement de Raph, aucun rire ne vint ponctuer sa blague, certes de mauvais goût à cet instant, mais qui était coutumière dans leur relation. Entre eux, la moquerie et l'autodérision était de mise. Dans le cas présent, elle était simplement destinée à détendre l'angoisse étouffante qu’il avait sentie dans la voix d’Anua. Elle lui répondit de se dépêcher d'une voix diaphane et éclata en sanglots avant de raccrocher. Raph surprit de l'entendre pleurer pour la première fois, appuya inconsciemment encore un peu plus fort sur l'accélérateur.
    Il était arrivé quelque chose de grave à Anua. Les salops qui lui avaient fait du mal allaient le payer cher, il s'en fit le serment ! Slalomant dans le trafic comme dans l'éternelle poursuite automobile des films d'action, il commença à se concentrer sur ce qu'il savait d'Anua. De sa forte personnalité, de ses étranges dons qui l'avait tant aidé et des moyens qu'il pourrait mettre en œuvre pour lui venir en aide.
    - Enfin, dès qu’elle m’en aura dit un peu plus sur ce qui était arrivé, pensa t’il à propos de celle qui pouvait faire battre son cœur.

    dimanche 5 décembre 2010

    Chapitre 20.. Une autre vue ...

    Chapitre XX



    De l’autre coté de l’histoire.



    Dix jours plus tard, à New York, plus de quatre-vingts agents du FBI quadrillaient entièrement le périmètre de l'hôtel Plazza. Snipers, brigade d’intervention, agents en civils tous étaient là. Ils avaient tous en tête les dessins de l'homme à abattre tirés de la description ultra précise d'Anua. Raph se trouvait bien évidemment sur place et coordonnait les agents depuis une fourgonnette banalisée garée sur le trottoir à cent mètres de là, face à l'hôtel. Il y était inscrit sur ses flancs en grosses lettres "Plomberie Furk et fils". Ce nom et ces couleurs et qui faisait marrer plus d'un agent pour ne pas dire l'ensemble des forces de police présentent sur le terrain, était surmonté d'un logo. Un superbe dessin où s'enchevêtrait de multiples tuyaux de toutes les couleurs, plus criardes les unes que les autres. Raph répétait à volonté qu’autant être le plus visible possible si l’on voulait rester immobile dans un des plus beaux quartiers de New-York.

    Inutile de préciser que l'ensemble de l'opération, du véhicule au nom des hommes présent ce jour là avait été choisi par Raph en personne. Il avait planifié avec l'aide d'Anua les moindres détails de l'arrestation. C'est d'ailleurs elle qui lui avait dit que le tueur se contrefichait d'être repéré ou pas. Seul comptait sa "mission".

    D'où l'aspect voyant du véhicule. Pas vraiment discret le van, il est vrai mais redoutablement efficace à partir de l'instant qu'il n'était pas repéré par la proie recherchée. Raph voulait vérifier en premier lieu la justesse des dires d'Anua. Ce véhicule était, à l’inverse de son apparence criarde et vieillotte, un concentré de technologie. Il était en effet suréquipé des derniers gadgets Hi-Tech susceptibles d'aider à la capture de ce tueur si particulier.


    L'équipement avait également choisi par Raph et Anua lors d'un dîner dans un restaurant japonais. L'un comme l'autre avait attendu cette date impatiemment pour passer enfin un peu de temps ensemble. Et même s’il n'y avait pas eu de place pour la romance lors de ce repas, les deux jeunes gens en étaient ressortis toujours plus proches, surs des sentiments qui commençaient à naître entre eux.


    Le tueur fut repéré sur la façade Est de l'hôtel alors qu'il passait du huitième au neuvième étage avec une aisance reptilienne qui glaça le sang de l'agent qui le premier, le vit dans la lunette de son fusil.

    - Comment avait-il bien pu arriver jusqu'à là sans qu'on le repère, non d'un chien, jura Raph en jaillissant de sa fourgonnette. Il se souvint alors des paroles mystérieuses d'Anua quand elle lui avait raconté ce qu'elle avait vu lorsqu'elle se trouvait dans la tête du monstre comme elle le surnommait durant leurs conversations :


    • Il peut apparaître n'importe où. Ce monstre n'est pas fait comme toi et moi. Il ne ressent rien de positif, son seul but est la destruction totale de certaines personnes. Il a été élevé pour cela, et pour tout te dire, il a ça dans ses gênes. Il reçoit des ordres et les appliques. Mais qui commande cette machine à tuer, je n'en sais rien. J'avais bien trop peur pour m'attarder dans cette âme sombre. J'avais trop peur qu'il m'entraîne dans son schéma de pensée, que je reste bloquée dans son esprit ou de devenir comme lui pour toujours.


    Anua, saisit le bras de Raph et ajouta :

    - Soit prudent avec ce gars, s’il te plaît ! Quand je te dis que c'est un monstre et qu'il est différent de nous, je ne rigole pas. Ce n'est pas un homme à par entière. Cette chose, cette aberration est donc totalement imprévisible pour nous.


    Le tueur interrompit son ascension pour se retourner face au vide, comme s'il se savait observé. Après quelques secondes, il fixa la caméra qui le filmait depuis la camionnette et afficha l'espace d'un instant une esquisse de sourire. Puis toute expression disparue de son visage et le monstre se remit en mouvement.

    Raph se dit plus tard, au visionnage de la vidéo qu'en effet, cet homme ne ressemblait que de loin au commun des mortels.

    L'assassin, qui se savait traqué, bondit d'une corniche à l'autre et grimpa de trois étages, à une vitesse incroyable. Il tentait maintenant de trouver un recoin où se dissimuler.

    L’agent Furck, qui voyait la scène, aidé de ses jumelles, demanda l'autorisation de faire intervenir ses agents pour tenter le bloquer entre deux niveaux et de le récupérer vivant.

    Ses supérieurs ne furent pas de cet avis et préférait une solution beaucoup plus radicale.

    Le tueur essayait maintenant de pénétrer dans l'hôtel par une des fenêtres du dix-huitième étage en se balançant, seulement accroché à un rebord de fenêtre par les dernières phalanges de sa main gauche. Il était visiblement pressé de se soustraire à la surveillance dont il faisait l'objet.

    Raph entendit l'ordre dans son talkie-walkie. Une fraction de seconde plus tard, une balle tirée par l’un des snippers planqués sur tous les toits et autres postes de tir possibles, toucha l'homme en pleine tête.

    Sa chute fut vertigineuse. Personne n'aurait pu encaisser un tel choc. Même pas ce psychopathe tant redouté. Finalement, ce n’était qu’un homme. Anua avait sûrement exagéré pour le protéger. Cette idée ne lui déplaisait pas du tout, bien au contraire.


    Pourtant, à peine eut-il touché le sol, après une chute de plus de quarante mètres qu’il se mit à ramper tant bien que mal sur le macadam. Comment pouvait-il encore bouger ?


    Raph avait vu de nombreux corps victimes de défenestration. La majorité d’entre eux, tombé de bien mois haut que ce tueur, présentaient de graves traumatismes crâniens, pour utiliser le jargon médico-légal. Ils avaient en fait la tête totalement exposée. Sans parler des membres brisée en mille morceaux et des colonnes vertébrales qui ait subit des dommages irréversibles.


    Le crâne de cette chose maléfique, dont il manquait le côté droit, laissait s'échapper un liquide rosâtre qui formait une traînée derrière lui. Mais rien ne semblait ne pouvoir l’arrêter.

    Il continua d'avancer jusqu'au bord du trottoir et trouva la force de regrouper ses membres brisés pour, dans un dernier sursaut, se précipiter sous un taxi, qui commençait à ralentir en direction du bord de la chaussée pour prendre en charge un client.

    Quand les forces de police arrivèrent, il était trop tard. Le mystérieux "tueur du mémorial" comme l'avait surnommé la presse à scandale, avait rendu son dernier soupir.


    Anua ne fut guère surprise de ce dénouement. Elle qui avait pénétré les pensées les plus secrètes du tueur, savait bien qu'il n'était animé que par la chasse, la traque et la réussite des missions qu'on lui avait attribuées. Il se fichait éperdument de lui-même. Il n'agissait pas en individu détraqué mais obéissait à une autorité supérieure, oeuvrant à l'accomplissement du dessein de celle-ci. Anua avait appris une chose en s'introduisant dans l'esprit du "chaman". Il s'agissait d'une communauté ancienne et cloisonnée de manière à ce que ses membres ne puissent révéler, en cas de capture, le moins de renseignements possible. Et si cette organisation était restée floue pour Anua, elle l'était certainement tout aussi floue pour le tueur.

    La mort qu'il donnait si volontiers lui était totalement égale pour sa propre personne. La violence et la mort régissaient son univers. Sa vie n’avait aucune importance. Seule la réussite des missions qu'on lui octroyait, importaient. Là non plus, Anua n'avait pu comprendre la manière dont cette clique d'hallucinés schizophrènes fonctionnait où même de quel type de personnes elle était composée.

    samedi 4 décembre 2010

    chapitre 19 suite

    Alors qu’ils sortaient de la chambre, Monsieur Dorlan semblait de plus en plus nerveux. Il ne cessait de se retourner vers la fenêtre du bout du couloir et marchait à une vitesse folle vers les ascenseurs. Comme si quelqu’un pouvait rentrer par une fenêtre située au neuvième étage d’un building en plein centre de Manhatan ! !
    Le plus étrange se produisit quant ils sortirent de l’hôtel. Un attroupement s’était formé à une vingtaine de mètres de là. Dorlan, empoigna littéralement Claude par la manche avec une force ne lui laissant guère le choix pour se rapprocher. Il fendit la foule, Claude dans le rôle de la balle de ping-pong projeté contre les personnes que Nick Dorlan écartait sans ménagement.  Ils se retrouvèrent ainsi tous les deux au bord du trottoir. Un homme gisait dans une mare à deux mètres de là. Un chauffeur de taxi, l’air hagard, garé en travers de l’avenue, répondait à une horde de policiers.
    Dorlan, le tenant toujours aussi fort, se retourna vers lui, blafard et déclara :
    - Bien, c’est bien…  Je vais devoir partir dans peu de temps. Allons boire un verre au bar, ok ?
    Une fois assis au comptoir avec une bière à la main, cet étrange personnage lui déclara :
    - Claude, laisse moi parler. Ton travail m’intéresse depuis longtemps et je souhaite pouvoir t’en parler plus calmement. Je ne suis pas très bien aujourd’hui. Prend quelques jours ici, balade-toi, fais-toi plaisir et fait tout mettre sur la note de l’hôtel. Je te re-contacte dès que les choses iront mieux. Je dois régler quelques problèmes et je viens à Paris dès que possible. Là bas nous aurons le temps. Qu’en penses-tu ?
    Claude ne pensait rien du tout ! Il était mal à l’aise. Mal à l’aise d’avoir vu un corps dans un sale état et mal à l’aise du comportement de son « hôte ». Il n’était pas venu pour faire du tourisme, non de dieu !
    Sa nature pondérée repris le dessus et il répliqua :
    - Comme vous voulez ! Si vous ne voulez pas me dire ce qui c’est passé aujourd’hui, libre à vous. Je repars demain à Paris. Réglez vos problèmes et si vous avez encore besoin de moi, nous nous reverrons à Paris si vous voulez. Ca vous va ?
    - Merci, Claude. Je vois que tu n’as pas perdu ni de ton flegme ni de ta répartie ! Je suis un homme sérieux.
    Il vida sa bière, se leva et, lui prenant la main, ajouta :
    -  Je te promets que si je t’ai choisi, ce n’est pas au hasard. Et je te jure que ta vie va changer du tout au tout à notre prochaine rencontre. Bon, ne me juge pas sur cette journée. Je te promets de mieux me tenir la prochaine fois. Allez, salut gamin et à très bientôt.
    Et il le planta là, au comptoir d’un bar, en plein New-York. Claude n’en revenait pas.

    Le soir, après plusieurs heures de réflexion, affalé sur le somptueux canapé de sa « chambre », Claude décida de laisser une autre chance à Nick Dorlan. Il avait été visiblement secoué par une affaire. Affaire qui ne le regardait pas, en tout cas jusqu’à leur prochain rendez-vous. Si prochain rendez-vous il y avait. Et puis qu’avait-il à perdre ?
    Après tout, il n’avait aucune autre offre de travail pour le moment. De plus, ce projet l’intriguait au plus au point. Et au moins, ce Dorlan sortait du cadre classique de son environnement universitaire carré, triste et ennuyeux à mourir.

    vendredi 3 décembre 2010

    Chapitre 19

    Chapitre XIX



    CLAUDE MAZIERE



     

    Il faisait nuit sur Paris. Cela faisait bien longtemps que Claude ne s'émerveillait plus devant la beauté des différents monuments parisiens qui défilaient devant ses yeux. Il roulait dans le trafic encore intense de la fin de la journée, descendant le boulevard saint Michel, sur la rive gauche de la Seine, en direction du Ritz situé de l'autre côté du fleuve.

    Ses pensées tendaient uniquement vers ce rendez-vous dans ce luxueux hôtel de renommée internationale. Il ne pensait même plus au fait que sa vielle guimbarde, de trente ans d’âge, héritée de son grand-oncle, pouvait tomber en panne à chaque instant. Les perspectives alléchantes que laissait entrevoir cette entrevue lui donnaient enfin une chance de sortir de son train-train quotidien. De sa modeste chambre de bonne du sixième étage de la rue Bréa, à Montparnasse, où il résidait et de la fin prochaine de ses brillantes études. Ce rendez-vous pouvait décidément bouleverser entièrement sa vie.

    Un homme d'affaire américain du nom de Nick Dorlan l'avait enfin re-contacté pour savoir s'il était éventuellement "OK" pour travailler  avec lui. Bosser à la mise en œuvre d'un projet d'avant garde sur la protection de l'environnement à partir d’une nouvelle génération de végétaux génétiquement modifiés.


    Il avait vu Monsieur Dorlan pour la première fois il y a plus de deux mois. Un mail d’invitation à le rencontrer au plus vite. Il y avait répondu, un peu comme on répond à un jeu- concours, sans rien en attendre. Mais trois jours plus tard, il avait reçu une réservation pour un vol pour New- york avec hôtel quatre étoiles et tout le toutim. Il avait donc accepté l’invitation, plus pour le voyage qu’en plaçant quelque espoir pour son avenir professionnel. Il n’avait même pas encore terminé ses études. Il devait finir son doctorat dans un peu moins d’un an.  


    Mais le soin que ce Monsieur avait pris dans l'organisation et le déroulement de ce voyage à New York, un vrai séjour VIP, tout cela pour un simple entretien informel, avait fortement impressionné le jeune Claude.

    Mais une fois arrivé, l’attitude de Monsieur Dorlan lui avait semblé étrange. Un entretien reporté deux fois, puis un rendez-vous fixé dans sa petite suite. Petite suite dix fois plus grande que sa pauvre chambre de Paris.

    Dorlan avait paru étrangement absent. Il ne cessait de passer du coq à l’âne et semblait vouloir partir au plus vite. Il avait d’ailleurs rapidement prié Claude de l’accompagner dans Central Park pour se " dégourdir un peu les jambes ". Tu parles ! Dehors, il faisait un froid de canard, il pleuvait des cordes et son hôte n’avait même pas de manteau à mettre sur son costume à quatre mille dollars.

    Ne voulant pas contrarier cet étrange personnage, Claude avait accepté avec une grimace qui en disait long sur son envie de se promener.