lundi 31 janvier 2011

Chapitre 28, fin

Pour l’instant et les jours  à venir, l’homme à terre était irrécupérable.  Il avait trop de substance, appartenant à d’autres, qui l’empêchait de voir qui il était et ce qu’il pourrait devenir.
Claude décida de le laisser là, dans cette cave. Nick avait eu raison. Ce n’était pas encore le moment pour lui. Il devait retrouver sa vraie nature, son humanité.
Alors il se recula de trois pas en direction de la porte et de Charlène qui y était collée, l’air hagard, blanche comme un linge, et s’arrêta. Il était maintenant hors de portée du « pauvre apprenti tueur ».  
Toujours par terre, il était maintenant roulé en boule et n’émettait plus aucun son. Il saignait de la bouche et des oreilles, mais son nez s’était lui, arrêté de couler et le sang commençait déjà à coaguler en deux longues traînées épaisses et brunâtres.

Claude pensa très fort qu’il était temps de partir. Il espérait que ces alliés végétaux allaient revenir en lui.
Il dut s’y reprendre à quatre fois mais il y parvint. Les ramures, sortir lentement des orifices de l’homme enchaîné, les éclairs lumineux baissèrent d’intensité avant de cesser. La mousse qui recouvrait chaque fil devint de plus en plus fine à mesure que les échanges de communications cessaient entre Claude et son agresseur.
Moins de deux minutes plus tard tout était rentré dans l’ordre. Plus de trace de ces étranges brins végétaux, tous rentrés en Claude qui lui-même avait retrouvé sa personnalité propre. Mai sil n’avait rien oublié de ce qu’il avait appris de cet homme, toujours inerte sur le sol en ciment de la cave. Il frissonnait et tremblait, comme un toxicomane en manque. Les jours prochains allaient s’avérer décisifs pour lui. Soit, il survivrait au pire sevrage que l’on puisse imaginer, soit, il mourrait ou resterait si marqué par les atrocités qu’on lui avait enseignées  à pratiquer sur d’autres hommes, qu’il ne pourrait retrouver l’ensemble de ses facultés mentales.

Charlène compris que ce n’était pas le moment pour commencer à demander des explications. Elle laissa Claude passer devant elle qui, sans un regard la saisit par la main et la ramena doucement, comme s’il était épuisé dans l’immense hall d’entrée de la résidence « Dorlan ». Même une fois arrivées, il ne lui lâcha pas la main. Simplement pour lui faire comprendre qu’il était de nouveau lui-même, qu’elle n’avait plus rien à craindre et qu’il s’expliquerait le temps qu’ils récupèrent, l’un comme l’autre.

Charlène ne fit rien pour se séparer de cette main qui lui rappelait qu’elle vivait toujours dans un monde normal ou presque …

******

A des milliers de kilomètres de là, Nick  s’arrêtait sur le parking de l’hôpital où se trouvait le père d’Anua. La jeune femme aperçut dans l’instant son cher Raph en train de faire les cent pas devant l’établissement, faisant s’ouvrir et se fermer les deux larges portes vitrées de l’entrée. Il semblait ne pas s’en apercevoir au grand désespoir de l’infirmière de l’accueil.
Elle sourit en voyant le manège et se tourna vers Nick qui lui annonça sobrement :
- C’est bon, tu peux y aller,  je te libère de ma présence.
- C’est bien gentil à vous, mais je dois vous demander une chose : ou m’avez-vous connue ?
- Tu ne te souviens pas d’un gars qui criait tout le temps, d’une sordide cabane rafistolée et de quelques heures de marche ?
- Ben… J’ai eu le temps de réfléchir pendant que « Monsieur » conduisait son bolide mais je dois dire que … NON ! Une deuxième question et je m’en vais, OK ?
- Vas-y toujours !
- Ou cette cabane où nous aurions vécu ensemble se trouve t’elle ?
- Bien joué gamine ! Tu veux voir si ta capacité à revoir l’histoire de certains endroits peut te servir encore une fois ? Désolée, ma belle, mais je serais bien incapable de te le dire. Quelque part  dans le désert de l’Arizona, à une vingtaine de kilomètres d’une autoroute. Tu sais, j’étais pas vieux non plus. Et ma tâche était loin d’être aisée là-bas. Mais tu peux toujours demander à ton charmant agent spécial personnel de mener une petite enquête, OK ?
- Bon, ça va, un jour ça me reviendra…Ou pas, peu importe, non ? Allez, ciao « l’homme mystère » !

Anua ouvrit la porte, sortit de la voiture et mit sa main sur la poignée de la porte arrière du véhicule pour récupérer ses précieux cartons à dessins.
La voiture démarra en trombe avant de stopper à une trentaine de mètre de là. Anua avait encore le bras tendu vers une invisible portière. La fenêtre de la « Mercedes » s’ouvrit et la voix du géant retentit sur le parking :

- Pas la peine de porter ces poids morts, gamin ! Je m’occupe de tout. Mais promis , on se revoit demain ou après demain et je t’explique pourquoi j’en ai  besoin, d’accord ?

Et la voiture redémarra en trombe, sortit du parking  et disparut dans la nuit, tous feux éteints.

dimanche 30 janvier 2011

Chapitre 28, suite

Cela se fit en quelques secondes. Comme un groupe de serpents se lançant simultanément à l’attaque d’une proie ! La jeune femme, comme paralysé et toujours accrochée à son balai, n’en croyait pas ses yeux.
Les filaments  commencèrent à s’enrouler autour de la tête l’homme nu qui se mit à hurler lorsqu’ils pénétrèrent dans son corps par les mêmes orifices qu’elle les avait vus sortir de  son ami.
A mesure que les filaments s’introduisaient plus profondément dans la tête du jeune homme nu, la mousse semblait maintenant luire de milliers de minuscules éclairs verts, bleus et blancs.

Claude se sentait transporté. Il pouvait penser par lui-même et simultanément travailler à l’analyse des données fournies par ces choses qui avaient envahi son corps. Un échange qu’il pouvait décrire comme électrique et qui marchait dans les deux sens. Relâché de toute pression, Claude s’était relevé et regardait son redoutable adversaire se rouler par terre de douleur, tenter d’arracher les choses qui pénétraient dans son cortex.

C’est comme s’il avait le pouvoir de voir le déroulement de la vie de  cet homme. Il en recevait aussi toute l’expérience. Et quelle expérience !
C’est comme si la vie de son assaillant avait été une suite d’entraînement au combat, à la résistance à la douleur et à l’extermination de gens…Comme lui ! De personnes possédant  les mêmes capacités ou pouvant les acquérir un jour.
Ce pauvre assassin était pourtant comme lui. Lui aussi possédait cette capacité, ce don. Mais une substance dopante constituée de centaines de molécules, l’empêchait de ressentir la moindre pitié, d’accorder aux personnes comme Claude le droit de vivre. Il avait été transformé en machine de guerre que rien jusqu’à cet instant ne pouvait l’arrêter.

C’est pour cela que Nick l’avait si durement enfermé, enchaîné. Nick devait attendre qu’il soit faible, débarrassé de ces molécules qui l’aveuglait pour tenter de le sauver.
Il pouvait ressentir tout cela, le vivre, serait-il tenté de dire. Il savait qui plus est, que ce jeune homme et lui avait vécu ensemble.

Il se revoyait enfant transportant un panier avec, à l’intérieur, son agresseur bébé. Il était lourd, très lourd ! Il traînait plus le panier, qu’il ne le portait. Et pour cause ! Claude n’était qu’un bambin et le panier contenait une autre personne, son frère jumeaux.

S’il savait tout cela, il n’en gardait pas le moindre souvenir conscient. C’était seulement grâce aux brins végétaux qui les reliaient l’un à l’autre qu’il avait accès à ces souvenirs. Ces ramures végétales mystérieuses qui faisaient maintenant partie intégrante de lui, permettaient seules ce type de souvenir.
Comme sa première expérience, à  Paris lorsqu’il s’était vu vivre en accéléré la vie de centaine de personnes et en particulier de ce jeune adolescent qui avait du fuir avec ses amis devant l’arrivée d’assaillants. Il était alors celui qui devait montrer le chemin. En était-il de même aujourd’hui.

samedi 29 janvier 2011

Chapitre 28, suite

Charlène ne savait plus quoi faire. Elle voyait bien que la situation était mal engagée. Jamais Claude n’aurait le dessus, malgré ses efforts pour se libérer de l’emprise du jeune fauve. Elle décida de réagir.
Elle sorti dans le corridor, fouilla les ténèbres de la faible lueur de la flamme de son briquet et finit par trouver quelque chose, Un balai. Bon, ce n’était pas la panacée, mais la jeune femme, se souvint d’un film d’action, lequel, elle savait plus trop et c’était sans importance. Elle revint dans la cave et fit comme dans cette scène de film.

Elle longea le mur, histoire de ne pas se faire attraper pas le jeune fou nudiste et s’approcha des accroches murales de ses chaînes. Arrivée à celle qui était reliée au bras qui étranglait Claude, elle avança autant qu’elle le pu le long de ces épais maillons puis posa le manche du balai sur la chaîne. Alors, elle se mit à faire tourner le manche sur lui-même de manière a ce que cette maudite chaîne s’enroule autour. Cela marchait ! Peu à peu les maillons devenaient de plus en plus  nombreux autours du manche. Et la main du tueur de petit français à l’humeur changeante n’arrivait plus à maintenir la même pression sur son cou.

Claude ne voyait plus qu’une nuée de petits points blancs qui dansaient devant ses yeux.
Il était sur de mourir et il le regrettait mais plus un de ses muscles ne répondait à ses injonctions. Seul son cerveau, encore un peu oxygéné, sentait l’énorme pression qui s’exerçait sur sa trachée, son larynx, sa carotide, bref l’ensemble de cette zone. Juste à ce moment, il sentit un léger relâchement de la poigne de la chose puante qui se trouvait à califourchon sur son torse.
La seule chose qui lui vint à l’esprit fut de crier. Il essaya mais n’y arriva pas par faute suffisante d’air dans ses poumons. Alors il pensa très fort : « Au secours ! » ; avant  d’ajouter : « Pas la peine d’avoir des milliards de connexions végétales dans la caboche si c’est pour finir comme ça ! »

Charlène voyait bien qu’il serait difficile de faire mieux. Son manche à balai n’arrêtait pas de craquer et elle doutait fortement qu’il soit assez solide pour traîner l’homme  sauvage loin de Claude. Mais au moins, il ne parvenait plus à étrangler son ami. Elle décida de s’arrêter de tourner et garder la situation en place. C’est alors qu’elle vit la chose la plus étrange de sa vie !

La main du tueur ne parvenait plus à toucher le cou de Claude. C’est à ce moment que des filaments sortirent de sa bouche grande ouverte à la recherche d’un peu d’air.
Ces étranges brins moussus sortaient également de ses oreilles set de son nez. La mousse qui les recouvrait, semblaient grossir à mesure qu’ils s’éloignaient de Claude en direction de son agresseur.

vendredi 28 janvier 2011

Chapitre 28, suite

Claude, hésita une fraction de seconde puis tenta de tourner la poignée. Après deux essais infructueux, il dut se rendre à l’évidence. Elle était fermée ! Et pas moyen de l’enfoncer. Elle était en métal !
La chose qui était en lui, l’aida à résoudre le problème. Il se mit sur la pointe des pieds et pris la clé qui se trouvait sur le chambranle métallique, comme la porte au-dessus de la porte.
Enfin, il put ouvrir cette maudite porte en fer.
La pièce était plongée dans le noir et une odeur pestilentielle régnait. Même Charlène en eu un haut le cœur.
Claude appela :
-Y’a quelqu’un ? J’entre. Alors si vous êtes là, manifestez-vous, OK ?

Pendant qu’il parlait, sa main cherchait désespérément un interrupteur sur le mur en parpaing près de la porte. Il n’osait pas entrer. Une peur viscérale l’en empêchait. Sûrement un coup des végétaux qui l’habitaient.
 Il fit un pas, puis un deuxième vers l’intérieur. Il s’immobilisa comme paralysé. Son cerveau recevait une masse d’informations lui dictant de ne plus bouger, qu’un ennemi le guettait, là, dans le noir. Il demanda à Charlène de bien vouloir reculer dans le couloir et de chercher une boite d’allumettes, un briquet, une chose pouvant éclairer cette cave. Il parlait, sans s’en rendre compte d’une voix grave  et autoritaire.
La secrétaire reconnue immédiatement cette voix. C’était celle du Claude étrange et dangereux. Elle préféra ne rien dire et obtempéra. Le léger raclement de ses chaussures sur le sol suffirait bien au jeune homme comme signe de son obéissance.

Claude parlait maintenant tout bas :
-Allez viens, mon bonhomme ! Te caches pas bonhomme, viens là ! Je suis pas pour te maltraiter, tu….

Il ne put terminer sa phrase. Un bruit de chaînes s’entrechoquant et raclant sur le sol se fit entendre. Avant qu’il n’ait pu reculer, Claude se retrouva pris à la gorge  par une poigne de fer.
Cette main tentait de lui écraser la pomme d’Adam tout en faisant pression sur sa carotide.
Il commençait à suffoquer. D’un seul coup, une faible lueur apparut, qu’il prit d’abord comme un signe annonciateur de sa prochaine perte de conscience. Une lumière aveuglante éclaira soudain toute la pièce.

Charlène avait enfin grâce à son briquet, enfin trouvé au fond de son sac, pu dénicher un gros spot, derrière la porte de cette cave. Elle connaissait ce genre de lampe. C’était les mêmes qu’utilisaient les photographes pour leurs séances photos. Elle avait accompagné une de ses amies à une séance et savait parfaitement allumer ces puissantes lumières.

Le spectacle était saisissant.  Claude se trouvait maintenant à terre avec un jeune homme attaché aux poignets et aux chevilles par des chaînes. Il était nu et noir de crasse et de sang. L’assaillant était fin mais jouissait d’une musculature impressionnante. Mais ce n’est que lorsqu’il leva la tête pour regarder et jauger la nouvelle entrante qu’elle vit son visage.  Un visage de bête sauvage, avec ses yeux allongés et rougis. Et son regard perçant et menaçant qui la scrutait.
Jugeant certainement qu’elle ne représentait pas un danger, il se remit à sa tâche du moment, tuer Claude.

jeudi 27 janvier 2011

Chapitre 28, suite

Claude ou ce qu’il restait de lui, Tourna la tête, ouvrit la bouche. Mais pas un son ne sortit de l’orifice. Au lieu de cela, Il se précipita dehors, grimpa le perron quatre à quatre et s’arrêta net devant l’imposante porte en chêne vernie. Son nez frôlait la porte. En fait, ses fonctions olfactives, décuplées par la chose qui le dirigeait, étaient entièrement occupées à humer ce qui se trouvait à l’intérieur de la bâtisse.
Charlène le rejoignit, encore sous le choc de la conduite de Claude et de sa goujaterie. Mais qu’était devenu le frêle et gentil jeune homme qui avait réussi à la convaincre de partir avec lui ? A partir de maintenant, elle décida de rester légèrement en arrière de cet étrange personnage.

Le jeune homme entièrement soumis aux végétaux qui dirigeaient son cerveau, sentit une odeur. Sa propre conscience compris qu’il y avait quelqu’un dans la maison et qu’il ne s’agissait pas de Nick. Il recula de la porte, reprenant peu à peu le contrôle de sa personnalité, cette satanée chose en lui rendant un peu d’espace de réflexion. Il se retourna vers Charlène :
- Mais qui est dans cette maison, bon dieu ? Il a une odeur si forte ! Ca ressemble à l’odeur d’un malade en phase terminale, voir même d’une bête morte !
- Rassurant, mon p’tit Monsieur « je-change-d’humeur-comme-de-chemise » ! Et si on entrait voir, non ?
La jeune femme passa devant Claude qui ne pouvait qu’admirer le courage de la jeune femme. Avec tout ce qui lui avait fait subir, elle n’avait même pas demandé le début d’une explication sur son comportement. Et pourtant, il y en avait des choses à dire !

Sans se démonter le mois du monde, la secrétaire composa le code permettant la neutralisation de l’alarme et l’ouverture de la porte. Une fois la porte ouverte, elle agrippa Claude par la manche, le fit entrer à son tour, puis referma la porte avant de recomposer le code à l’intérieur de la villa. Au moins il n’y aurait pas d’alarme et donc pas de policier dans les parages. C’était toujours ça de gagné dans cette journée de fou.
Elle ne savait pas pourquoi, mais elle faisait confiance à son nouvel ami français malgré toutes ses bizarreries.
- Allez, l’homme qui renifle les portes, on va ou ? Parce que moi je ne sens rien, j’te signal !
Claude avait gardé dans sa mémoire le « fil » de cette puanteur.
- Pas de problème, miss j’ai peur de rien, on y va. Mais je ne sais pas ce qu’on va trouver !

Il s’avança dans l’immense hall d’entrée  puis se dirigea, doucement d’abord puis de plus en plus vite vers une porte qui menait visiblement au sous-sol. Charlène lui avait emboîté le pas comme un fidèle page envers son chevalier.
Claude ouvrit la lourde porte et descendit l’escalier. Si les marches du premier niveau étaient recouvertes d’un superbe marbre blanc qui brillait de mille feux sous la lumière des appliques, il en était tout autrement pour la suite de la descente. Du ciment brut, de vieilles ampoules ça et là, accrochées au plafond, rendait l’atmosphère plus pesante.
Quatre niveaux plus bas, Claude s’arrêta net. C’était là, juste devant lui. Juste derrière la troisième porte  du corridor qui se présentait devant eux! Il demanda à Charlène :
- Tu sens maintenant ?

- Je commence en effet à sentir une drôle d’odeur. Mais ça peut aussi venir du moisi qui recouvre les murs, non ?  Jamais je n’aurais imaginé qu’il y avait un puits sans fond sous cette bâtisse.  C’est encore loin ?

- Non, ce ne sont pas les murs, oui et il y a encore cinq autres niveaux de sous-sol et non ce qu’on cherche se trouve juste là, derrière la troisième porte à gauche. J’ai bien répondu à tes questions, Charlène ?

La jeune femme, hocha de la tête affirmativement et esquissa un timide sourire, contente d’avoir retrouvé le Claude qu’elle aimait bien avec son sens de la répartie.

mercredi 26 janvier 2011

Chapitre 28, suite

- Alors, rassuré le p’tit frenchie à sa « MONMON » ? Demanda Charlène qui n’avait pas la moindre idée de la vision cauchemardesque de Claude.

- Pas vraiment, mais on fera avec, chérie ! Merci de vous inquiéter pour ma « monmon » comme tu dis.

Il se tourna vers le pilote qui avait entre temps, renvoyé l’ambulance et le remercia chaleureusement pour toute son aide. Le géant moustachu, se contenta de sourire et d’ajouter :
- Du moment que je ne vous ai pas de nouveau dans mon avion, cela aura été un plaisir, jeune homme. Monsieur Dorlan m’a également embauché pour mes qualités de gestion de crises et mes qualités dans les relations humaines. Un peu comme ce soir, si vous voyez ce que je veux dire.

Il s’inclina, retourna s’asseoir sur son siège de « comandant de bord » et termina
-Alors, si je comprends bien, vous et la secrétaire de Monsieur Dorlan, avez fait ce voyage uniquement pour téléphoner à votre mère d’un aérodrome de campagne, c’est ça ?

Charlène reprit d’un coup ses esprits et expliqua en deux mots que Monsieur Dorlan les attendait d’urgence dans sa villa de Cap Code. Elle lui demanda si la limousine de monsieur Dorlan était bien garée dans le hangar habituel. Elle ajouta :
-   Faudra patienter un peu, beau gosse, parce qu’il va falloir nous ramener. Et peut être rapido presto, OK, capt’aine ?

L’immense pilote, casquette toujours collée au sommet de son crâne, répondit par l’affirmative.
 La jeune femme le remercia d’un chaleureux sourire.  Le pilote en rougit jusqu’aux oreilles, et descendit la passerelle, histoire de se donner une contenance plus professionnelle. Il ne connaissait pas les rapports exacts de son patron avec cette ravissante jeune demoiselle, après tout.

Cinq minutes plus tard, Charlène, la charmeuse de pilote à casquette inamovible et Claude, cette fois au volant, filaient vers la villa de Nick. Ils espéraient tous deux le trouver là-bas et si possible en bonne santé.

Arrivé devant le portail de l’immense propriété de Nick, Claude, pris par ses pensées et par la chose qui l’habitait, ne ralentit même pas.
Si le portail en fer forgé, vola en éclat, il en fut de même pour l’avant de la limousine dont le moteur se mit à fumer immédiatement.
Charlène cria, dans un habitacle remplit d’air-bags gonflés devant comme sue les cotés de son auguste personne.
- Mais ça va pas dans ta p’tite tête ?  T’as pas pensé une seconde que j’avais le code              d’entrée !  Faut te faire soigner mon gars, t’es complètement barjot !

- S’cuses moi la belle secrétaire à son patron chérie mais quand je te dis qu’il y a urgence à retrouver Nick, c’est pas le moment de penser à ton p’tit confort, d’accord ma grande ?

Ce n’était plus Claude qui parlait mais un savant mélange de personnalités, alimentées par les brins végétaux qui avaient pris, cette fois entièrement, les commandes de son cerveau et enfoncé le pied du jeune homme sur la pédale de l’accélérateur.

La belle secrétaire ne reconnut même plus la voix qui s’adressait à elle. Elle préféra mettre cela sur son malaise dans l’avion et son état de fatigue. Plutôt que de parler pour rien, elle tenta de sortir de son sac sa lime à ongle. Elle se fit ensuite un devoir de percer un à un les énormes coussins gonflables qui la compressait et l’empêchait de voir le long chemin d’accès à la demeure de son patron.

Arrivé devant le perron de la villa ou même du manoir, tant la maison était massive, le pied de Claude écrasa la pédale de frein. Charlène hurla encore et se cogna la tête contre le tableau de bord. L’épaisse mousse amortit le choc et elle rebondit en arrière pour presque disparaître dans son moelleux siège.
- Heureusement qu’on a la super caisse du patron, mon p’tit père ! Parce qu’avec ma mienne, j’étais bonne pour des points de suture à la Frankenstein. Et toi de faire le garde malade, voir le mari comblé d’une estropiée pour le reste de ta vie, sombre crétin !

mardi 25 janvier 2011

Chapitre 28, suite

Elle rendit ensuite le téléphone à son « chauffeur » et enchaîna :

- Bon, cher Monsieur ! Allez-vous vous décider à me dire qui vous êtes et ce que vous me voulez ?
- Alors vraiment, c’est vrai ? Le mot gamin ne t’évoque rien ?
- Non, pourquoi ? C’était pas juste une façon de parler ? On s’est déjà vu, vous êtes un ami de mon père ?
- Hé, la miss, je suis un peu jeune pour être un bon ami de ton père. Enfin, quoique t’as raison, l’âge ne veut pas dire grand chose. J’ai bien une cliente de quatre-vingt-trois ans ! Mais non, je ne suis pas un pote de ton pauvre papa. Je t’ai dit que je t’expliquerais toute l’histoire bientôt. Alors, patience jeune et ravissante demoiselle ! t’étais bien moins curieuse quand t’étais enfant, je te promets. Maintenant, s’il te plaît laisse moi conduire. T’aime la musique ?  Alors regarde dans la boîte à gants et choisis ce qu’il te plaît. Mais plus un mot. Moi aussi j’ai eu une longue journée…. Vas-y et ….CHUUUT. Sinon je te laisse là sur le bord de la route, compris ?

Son laïus terminé, il la regarda et lui sourit franchement pour  lui faire comprendre que sa menace de la jeter hors de la voiture n’était qu’une plaisanterie.

Anua comprit le message, mit un CD de « Moby » et se mura dans le silence. Elle repensait à sa petite enfance et à quel moment elle avait bien pu rencontrer l’homme à ses côtés.
Elle ferma les yeux et…..S’endormit, encore sous le choc de cette terrible et longue journée.

*****


 Tente minutes après son réveil et une bonne tasse de café plus tard, Claude se sentait de nouveau d’attaque.
Enfin plutôt mort d’inquiétude. Le pilote avait réussi à joindre la police de Boston. L’officier de garde l’avait, après dix bonnes minutes de recherche, orienté vers l’ambassade de France. Claude avait alors pris le relais et téléphoné lui-même. Une fois la personne responsable de la liaison avec les forces de police française en ligne, il débita son histoire. Il avait eu le temps de la préparer tout seul, sans l’aide, enfin le croyait-il,  des choses en lui qui lui avait permis d’avoir cette vision cauchemardesque.

Claude raconta à l’officier de liaison que sa mère était atteinte de la maladie d’Alzaimher et qu’il n’avait plus de nouvelle d’elle  depuis la veille. Il mentit aussi sur le fait qu’il avait essayé de rentré en contacte avec les voisins de sa maman mais que toutes ses tentatives s’étaient soldées par des échecs. Il expliqua que le relais pour téléphone portable ne fonctionnait que si l’on se plaçait qu’à quelques endroit stratégique de son village comme les abords du cimetière et les dernières maisons placées sur le haut d’une petite colline. Et qu’il n‘avait donc réussi à joindre personne.
Il demanda s’il était possible de contacter la gendarmerie la plus proche, celle de  Callu pour qu’ils aillent au plus vite vérifier que sa mère ne s’était pas évanouie, une fois de plus dans la nature. Il fournit l’adresse et comment trouver la maison dans le village fait d’étroites ruelles.
Le responsable de l’ambassade se montra très coopératif, lui-même ayant son vieil oncle victime de cette même maladie.

Il demanda un instant et sept minutes après, montre en main, l’homme reprit la ligne. Il expliqua à Claude que les gendarmes partaient à l’instant et allaient même lancer des recherches autour du village si sa mère ne se trouvait pas à son domicile.

lundi 24 janvier 2011

Chapitre 28, suite

Elle se laissa entraîner par le colosse, jusque sur le Parking sans ne rien dire. Elle était bien venue là pour récupérer ses sceaux –cylindres, après tout ! Et vu la situation dans laquelle elle se trouvait, il y a encore dix minutes, elle s’estimait heureuse de se retrouver dehors et libre. En fin presque libre.
L’ex « Géant vert » la conduisit jusqu’à une superbe « Mercedes » et, une fois les portes ouvertes, la pria de monter dedans.
Malgré sa voie de stentor, il n’y avait aucune trace d’agressivité ni de menace potentielle dans ses propos. Anua obtempéra. Une fois au volant, le gigantesque inconnu démarra et fila vers la sortie. La barrière de la guérite de l’entrée du parking était levée et il n’y avait aucune trace du garde chargé de son bon fonctionnement.

- J’ai du un peu le molester mais, il va reprendre conscience d’ici peu. Ne t’inquiètes pas pour lui Anua. C’est bien comme cela que l’on t’appelle maintenant, pas vrai ?

Anua était sidérée par ce que cet homme connaissait d’elle :

- En effet, c’est bien mon nom mais pourquoi diable êtes vous venu m’aider ?

- Simplement parce que t’allais pas pouvoir t’en sortir et que chevalier servant, oui, tu sais, Ton fameux Raph, le gars du FBI n’était pas encore prêt à venir à ton secours. Ta copine billie, tu sais, celle que j’ai légèrement choquée en entrant la dernière fois chez toi pour t’éviter de faire enlever ou massacrer par le jeune gars que j’ai emmené avec moi, tu vois de quoi je parle ?


- Euh…Ben c’aurait été difficile à oublier. 

Répliqua Anua toujours aussi intriguée par cette masse humaine mais plus du tout effrayée.

- Bon. Ben ta copine, elle a cherché à t’empêcher de venir ici et n’ayant pas réussie à te rattraper, elle a prévenu le super flic. Et il doit être quelque part, en route pour ici. Je dirais à cinq ou six kilomètres de là, arrivant toutes sirènes hurlantes. C’est pour ça que je te demande de me faire un tout petit peu confiance et de lui téléphoner pur lui donner rendez-vous à l’hopital où ton  père est encore. OK gamin ?

- Bon alors, primo je n’ai rien d’un gamin, une gamine à la limite mais on a pas élevé les cochons ensemble et Anua me va très bien ! Secondo, j’ai pas mon téléphone et je voudrais bien passer chez moi poser mes rouleaux à  des..


L’homme ne lui laissa pas terminer sa phrase :

- Tiens, prend mon téléphone et s’il te plait, ne me prend pas pour une truffe, OK ? Je sais exactement ce que tu transporte et je peux te dire que ta maison n’est pas l’endroit le plus sur pour eux ! Alors demande à ton agent FBI de choc de bien vouloir nous retrouver à l’hosto, c’est compris ?

La question ressemblait fort à une dernière injonction avant répercussions peut être dommageable et Anua obtempéra. Elle se saisit du téléphone que son « nouvel ami » lui tendait et passa son appel à Raph en lui disant que tout allait pour le mieux et qu’elle se rendait voir son père. Elle lui demanda de le rejoindre là-bas sans poser de question.
Raph lui demanda de lui assurer qu’elle allait bien et lui dit qu’il serait à l’hôpital d’ici une demie- heure.

- Comme nous, Raph alors on se voit dans trente minute. Ah oui, Billie est avec toi ?

- Bien sur ! Tu la connais, non ? Comment peux-tu imaginer qu’elle ne soit pas là alors que tu t’en allais encore prendre des risques inconsidérés sur un de tes fameux coup de tête !


- OK, OK, c’était juste une question Monsieur le super agent Furk ! Alors à tout de suite, beau prince charmant ? Et ne fais pas de gringue  à ma copine !

En raccrochant, Anua entendit la voiture de Raph crisser des pneus. Un de ses fameux tête à queue, lui le grand spécialiste de la poursuite automobile.

dimanche 23 janvier 2011

Chapitre 28, suite

Anua regardait les gardes qui eux même, se regardaient. Ils semblaient savoir ce qu’il s’était passé à l’accueil et tentaient vainement de joindre les gros pontes du dernier étage.
-    Bordel de Merde ! Pourquoi personne ne répond plus ?
- Tu sais bien pourquoi, il a coupé les communications, c’est tout ! Répondit le garde qui tenait la jeune chercheuse aux rouleaux à dessin.
- Et alors on fait quoi ? On reste là et on attend le grand méchant loup ?
- J’en sais foutrement rien !
Joe, le garde fronca intensément comme pour bien montré qu’il réfléchissait intensément puis son visage se relâcha en même temps que sa bouche s’ouvrait :
- Ah si je sais, on monte la demoiselle au dernier et on règle son compte au petit rigolo qu’a chopé Bruce OK ?
L’autre vigile acquiesça de la tête. La décision était donc prise. L’homme releva Anua, la tenant toujours aussi fermement  par le bras et ils se dirigèrent vers les ascenseurs, à l’autre bout du couloir, à une quinzaine mètre de là.
Anua traînait ses précieux rouleaux à dessins tant bien que mal. Elle les avait récupérés sur le sol, les gardes s’en étant déjà complètement désintéressés.
Arrivés devant les ascenseurs, la surprise fut totale.
La porte de la cabine de droite émit le « ding » caractéristique de son arrivée ; mais quand les portes s’ouvrirent un homme, aussi haut et large que la cabine se jeta sur les deux hommes, les précipitant à terre.  De coups de pieds aussi précis que violents, les « Tasers » volèrent loin de leurs propriétaires.
Avant que l’un des deux vigiles n’ait le temps de réagir, deux coups de poing, dignes de Mohamed Ali, les laissèrent sur le carreau une bonne fois pour toute.

Anua reconnut instantanément son, peut être, sauveur. C’était le même individu qui avait pénétré chez elle, blessée Billie et emmené un autre agresseur sur son épaule comme s’il s’agissait d’un sac poubelle. Le géant vert !
- Bon dieu, vous me voulez quoi, cette fois-ci ?
- T’inquiètes, gamin….Enfin gamine, je devrais dire. Je suis venu uniquement pour te sauver toi et tes cylindres si précieux pour toi. Alors fais pas d’histoire te je t’emmène retrouver ton prince charmant du FBI, OK ?
Anua le regarda sans piper mot. Elle se demandait quand même comment cet homme pouvait en savoir autant sur elle et sa vie.

samedi 22 janvier 2011

Chapitre 28

CHAPITRE XXVIII


Claude ouvrit les yeux et cru à un mauvais rêve. Un géant, moustachu pour ce qu’il pouvait discerner de sa vision défaillante, était penché sur lui. Il voyait principalement une oreille et les trois gros poils roux qui s’en échappait. Il sentait aussi confusément que quelque chose lui comprimait la poitrine.
Il entendit une voix féminine lointaine mais qu’il connaissait dans le brouhaha qui s’évertuait à faire de son cerveau un gros tambour. Un peu comme dans un film, dont le nom lui échappait totalement et où un petit enfant jouait du tambour toutes les cinq minutes et faisait un vacarme impressionnant.
Il réussit, au prix d’un effort démesuré à enfin émettre un son :
- Ssss….illll vous ….p…p…plaît,  Arrê…Arrêtez de….m’et…m’étouffer, gro…grosse  oreille !
Il était content. Il avait réussi  à formuler une phrase et il sentait que sa capacité à s’exprimer revenait à une vitesse satisfaisante. Ce qui le gênait, c’était son incapacité à se souvenir  où il se trouvait.
Claude sentit avec soulagement que la pression exercé sur son thorax avait enfin disparu. Il rouvrit les yeux.
- Alors ou on est ? qu’est-ce que je fais par terre ?
Il se retourna et vit Charlène. Par chance il la reconnut.
- Eh, Charlène qu’est ce qui se passe ? j’ai comme un trou noir ! Mais ça va revenir si tu m’aides.
La jeune femme le regardait les yeux exorbités, un maigre sourire de le savoir un peu mieux lui barrant le visage.
Devant ce silence et cette drôle de tête, Claude  décida de dédramatiser :
- Ben alors, on peut même plus faire un petit somme ? Je viens de France, je maîtrise parfaitement le savoir-vivre. La sieste est un patrimoine national chez nous ! Et oui, un peu comme la Joconde ou les châteaux de la Loire, tu comprends ?
La jeune femme reconnue le jeune home un peu gauche qui s’était présenté plus tôt dans la journée même si cela lui paraissait un siècle. Elle  compris son jeu et rit franchement autant pour la blague que pour libérer un peu la pression qu’elle ressentait.
- Mais bien sur mister le frogie !  Votre effondrement et rester la bave aux lèvres en tremblotant comme  un hamster épileptique, font parti du savoir vivre à la française, et moi je suis une reine du rodéo, c’est ça ? Bon alors qu’est-ce qui c’est passé, sérieusement ?
- Je ne sais pas « Chère Madame » (en français) mais la dernière chose dont je me souviens, c’est notre départ du bureau de Nick et ta façon rallye de conduire.

vendredi 21 janvier 2011

chapitre 27 suite

Anua recula d’un pas lorsque le plus menaçant des deux vigiles, « Taser » toujours pointé sur la saisit sans ménagement par le bras. Elle ne pu retenir un gémissement de douleur, maintenant que l’homme lui tordait le bras dans le dos et la forçait à s’allonger sur le sol.
Elle parvint quand même à crier
- Hé, messieurs, je ne fais rien de mal !  Pourquoi me traitez-vous comme une voleuse ?
- Pardon m’zelle, dis l’homme qui la maintenait au sol. Ordre de tout en haut, vous comprenez ? Quand ces gens là disent fouille totale, c’est une fouille complète, vous me suivez ?
- J’aurais du mal à vous contre dire de toutes les façons. Pouvez vous au moins essayer de ne pas me casser le bras ?
L’autre garde s’attaquait aux rouleaux contenant les cylindres. Et il n’allait pas tarder à découvrir le pot aux roses. Anua tenta une dernière diversion :
- M’enfin, vous avez les images des caméras de surveillance de mon bureau, le garde à l’entrée pourra vous les montrer, hein ? C’est que ces affiches sont sans valeurs mais très fragiles, vous comprenez ? j’aimerais que vous fassiez très attention, je les ai enlevées de leurs cadres et il faut les manipuler avec une extrême attention. Alors demandez de voir les images de l’accueil, vous voulez bien ?
L’homme qui la maintenait toujours au sol, relâcha légèrement son emprise et permis à Anua de se mettre à genoux. Elle pouvait ainsi regarder l’autre homme hésiter à ouvrir les rouleaux à dessin. Ses énormes battoirs se contentaient de tapoter tranquillement dessus.
Au moins, il n’a plus les mains sur le couvercle, songea Anua.
Le garde qui la tenait toujours, se saisit de son talkie-walkie et dit :
- Bruce, Bruce, c’est joe, tu m’entends ?
Un long grésillement se fit entendre puis une voie lointaine dit en crachotant :

- Quoi , qu’est ce qui y’a Joe ? tu sais pas que je regarde le hockey ce soir ?  Et que je peux t’annoncer qu’on va se faire un paquet de pognon. Ton tuyau était au poil Joe et
- Stop bruce ! dit le Joe en question, raffermissant un peu sa prise comme si l’idée de se faire un petit paquet d’argent sur un pari sportif lui redonnais une dose de testostérone. Il continua
- Tu peux me dire si t’as des images de Mademoiselle Petersen dans son bureau ? c’est un ordre du dernier étages, tu saisis, Bruce ?
L’homme de l’accueil répondit du tac au tac
- Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Tu sais bien qu’ya pas de caméra dans les bureaux des scientifiques, bordel. Tu te rappelles qu’il y a deux ans on a eu un gars viré parc’qu’il matait une jeunette entrain de se changer et que depuis on a tout démonté. T’es bourré ou….
La liaison fut interrompue quelque secondes. Visiblement, le vigile de l’accueil avait lâcher son bouton de communication.
Un gros « CHPLONK » retentit et le silence se fit. Plus aucun grésillement, plus de voie de Bruce, juste le léger ronronnement de la climatisation du couloir où les deus gardes se regardaient interloqués par ce bruit suspect. Le bruit d’une chute de quelque chose de massif sur le sol.

jeudi 20 janvier 2011

Chapitre 27, suite

Claude et Charlène avaient eu le temps de faire plus ample connaissance dans le magnifique jet de Nick Dorlan.
Bien sur, ils étaient très différents l’un de l’autre et la barrière de la langue n’avait rien arrangé. Il s’en était suivi quelques quiproquos longs et compliqués à démêler. Mais ils avaient eu pour avantage de provoquer de gros fou rires qui avaient bien détendu l’atmosphère entre eux et éloigné pour un moment l’inquiétude au sujet de Nick.
Alors  qu’ils se posaient tout en douceur sur un minuscule aérodrome situé à moins de quinze kilomètres de la résidence « Dorlan », Claude reçu une nouvelle alerte dans sa tête : il devait de toute urgence contacter sa mère. Quelqu’un cherchait à s’en prendre à elle ! Il vit même, l’espace d’un millième de seconde le visage de l’homme en question.
Si cette image correspondait à la réalité, on ne pouvait même pas parler d’un homme comme  Claude définissait l’être humain ! Non, il ne s’agissait que d’une bête, assoiffée de sang  et ne ressentant pas la moindre émotion. Claude n’avait vu que son visage mais cela lui avait suffit pour comprendre à quel genre monstre il avait affaire.
Pire qu’un tueur en série, anonyme dans la foule, cet « animal » avait des yeux jaunes, écarquillés et remplis de haine pour ses prochaines victimes. Dans vision furtive, Claude l’avait vu comme au cinéma, en un rapide travelling arrière. Ce visage monstrueux  s’accompagnait d’un corps massif, musculeux et recouvert de cicatrices longues et semblant former un motif. Il avait juste eu le temps de le remarquer. L’homme, le monstre avançait torse nu, seulement habillé d’un pantalon noir. Plus effrayant encore, il s’avançait dans la nuit sans la moindre gêne et commençait l’escalade d’un mur qu’il avait reconnu immédiatement, la maison du village !
Claude, une fois l’avion arrêté, se précipita sur la pauvre Charlène pour lui hurler de le conduire dans le cockpit, pour voir le pilote. Il lui expliqua en la traînant, tant que faire se peut, entre les sièges, le bar et autres aménagements luxueux mais encombrants pour une carlingue d’avion, jusqu’à la porte encore fermée de la cabine de pilotage.
Il tambourina à la porte jusqu’à ce que le pilote daigne enfin l’ouvrir. L’homme, de large stature, sa casquette toujours vissée sur la tête, ne laissait rien voir de la cabine située derrière lui. Claude, se retourna vers Charlène et lui expliqua dans anglais plus qu’approximatif, tant il était sous l’émotion de sa vision, qu’il devait absolument se servir de la radio de bord pour joindre la police en France.
Son état d’excitation et son visage blanc comme un linge et secoué de spasmes divers, convainquirent la jeune femme de parler à ce si beau commandant de bord.
Charlène lui trouvait même une légère ressemblance avec son patron chéri qu’ils étaient venus « soit disant » sauver. Elle n’en était toujours pas vraiment convaincue, mais un peu d’action l’amusait.
Après quelques minutes d’explication avec le pilote, elle parvint à le convaincre d’appeler la police de Boston pour qu’il se mette en relation avec la police française.
Alors que capitaine à la casquette indévissable, tentait d’entrer en relation avec la police, par le biais de la tour de contrôle, Claude se mit à trembler et frissonner comme si la peste bubonique venait de s’attaquer à lui.
Le temps que le pilote se retourne pour voir se qui se passait, Charlène s’écarta vivement, pour laisser cet étrange français s’affaler de tout son long  sur l’épaisse moquette qui recouvrait le sol du jet. Le commandant, laissa choir la radio et se précipita sur Claude, encore secoué de spasmes et la bave aux lèvres.

mercredi 19 janvier 2011

chapitre 27 suite

- Vous pouvez me donner l’adresse de cette résidence ? Il me semble qu’il m’avait dit devoir s’y rendre. Je vous en conjure, Mademoiselle, votre patron tant aimé va avoir de graves ennuis si je n’arrive pas à le joindre rapidement ! Donnez-moi simplement le numéro de téléphone te l’adresse de cette maison et je me charge de le retrouver. Vous êtes d’accord ?
- Euh… ben… bon… d’accord, si vous me dites que Nick est en danger, je vous donne tout ce que vous me demandez. Une minute, s’il vous plaît !
La jeune femme plongea suer son clavier d’ordinateur, tapa sur le clavier à une vitesse supersonique et cliqua une dernière fois sur la souris.
- Je vous imprime tout ce que j’ai sur cette villa. Elle se trouve au sud de Boston, à Cap Code. Vous savez ou c’est et comment vous y rendre au plus vite….C’est pas Paris ici !
- Non, dit Claude. Je n’ai aucune idée d’où cela se trouve et encore moins comment y aller ! Mais vous avez peut être une idée, Hein ?
- Je sais ! je vais venir avec vous…Nick à un jet privé et j’ai toutes les autorisations pour le faire décoller pour lui.
- Alors, parfait. Allons-y ! Il n’y a plus une minute à perdre, je vous le promets !

Dix minutes après Claude et Charlène, il avait fini par lui demander son nom, roulaient à tombeau ouvert en direction d’un petit aérodrome privé du New-Jersey.


*******

Anua parvint enfin à son bureau et introduit sa carte dans le lecteur. De nouveau, le « ptuit-ptuit » retentit, à son grand soulagement.
Elle entra comme une voleuse dans son propre bureau, veillant à ne faire aucun bruit, et se dirigea vers la rangée de bibliothèques qui recouvrait le mur à sa gauche.
Ignorant son coffre,  Anua déplaça trois énormes volumes de l’encyclopédie « universalis » qui se trouvaient sur la dernière étagère. Malgré leur taille, elle n’eut aucun problème pour le faire.
Il s’agissait de livres factices ! Billie lui avait offert ces faux volumes, justes les tranches collées les unes aux autres dont elle s’était servie lors d’une expédition de chasse au trésor sous-marine, dangereuse et située  en pleine mer rouge, repaire de pirates yéménites.
Anua laissa tombé par terre les faux livres et s’empara de « ses » deux cylindres en bois inconnu qu’elle avait caché là quant elle avait senti la tempête médiatique se lever contre elle. Elle pris sur son bureau deux cartons à dessin longs et cylindriques et, délicatement, introduisit les cylindres à l’intérieur, non sans les avoir préalablement enveloppés dans de quelconques affiches qu’elle avait décroché du mur.
Bien lui en pris !
A peine sortie de son bureau que deux gardes et pas des rigolos, s’avançaient vers elle, lui intimant de ne plus bouger, pointant leurs « Tasers » vers elle.
Anua obtempéra immédiatement, posa ses deux cartons verticalement à coté d’elle et attendit.
Les deux gardes communiquaient visiblement par talkie-walkie avec un des gros pontes de l’institut. Après quelques secondes de palabres, ils lui demandèrent ce qu’elle venait faire là, alors qu’elle ne faisait plus partie du personnel « provisoirement ».
Elle resta calme et afficha son plus beau sourire, malgré le ton agessif et bien peu courtois des deux hommes. Elle leur répondit :
- Quoi, vous ne savez pas ce qui est arrivé à mon père ? Prévenez votre chef à l’autre bout du talkie que je suis venu récupérer quelques affiches sans valeur que mon papa m’avait offert et que je veux lui amener à l’hôpital, OK, les gars ? Allez, prévenez votre « big boss », on m’attend moi ! Le médecin à dit que se réveiller dans un décors plus familier serait bon pour mon père, vous comprenez ?
Les deux hommes communiquèrent ces informations à leur patron, le patron de l’institut en vérité et attendirent une réponse. Même Anua pu l’entendre :
- Ok ! Je suis au courant pour Monsieur Petersen. Il a été victime d’une grave agression aujourd’hui. Alors fouillez la, fouillez la bien et vérifiez que se ne sont que des affiches, compris Messieurs ?
- Bien Monsieur, tout de suite Monsieur.
Les deux hommes s’approchèrent de la jeune femme, l’air menaçant et bien déterminés à lui faire subir une fouille totale.
Anua était foutue. C’est en tous cas ce qu’elle se dit, lorsque que l’un des deux gardes lui intimait l’ordre de lever les bras alors que l’autre commencait à se saisir de l’un des rouleaux à dessin.

mardi 18 janvier 2011

Chapitre 27, suite

Au même instant où Claude s’engouffrait dans l’ascenseur de l’immeuble du bureau de Dorlan, Anua passait sans problème la barrière de sécurité de l’institut scientifique « Sciences research » où elle travaillait il n’y avait pas encore si longtemps.
Par bonheur, le garde à l’entrée la connaissait bien et revenait de maladie et n’était donc pas au courant de sa mise à pied. Le plus difficile commençait.
Anua espérait du fond de son cœur que sa carte magnétique qui lui permettait d’accéder à  son bureau où elle avait caché ces fameux « cylindre en bois de bambou » marchait encore. On lui avait repris sa carte d’accès aux différents laboratoires mais pas celle des « quartiers administratifs ».
Arrivée dans l’immense hall d’entrée, elle salua d’un grand signe de la main le réceptionniste quand il leva la tête de ses écrans et lui fit un large sourire. Le garde la scruta un instant, leva nonchalamment la main avant de se replonger dans le visionnage de son match de hockey. Ce petit détail avait son importance et Anua savait que les différents vigiles de l’accueil passait leur temps devant la télé au lieu de regarder la vingtaine d’écran de surveillance de l’immeuble.
Elle se dirigea vers l’ascenseur qui menait à son bureau et passa sa carte dans le lecteur, l’air le plus décontracté qu’elle pouvait afficher.
Avec étonnement et soulagement la porte de l’ascenseur s’ouvrit avec un « ding » salvateur.
La jeune femme appuya sur le bouton du troisième, celui de son bureau et songea que le plus difficile était derrière elle. Elle avait tort.

*******

Claude parvint, après un bon quart d’heure de recherche dans le dédale de couloir de l’immense « Chrysler building », à trouver les bureau de Dorlan investissement. Il se retrouva, à l’accueil,  face à une jeune femme plongée dans la lecture d’un volumineux magasine féminin. Il toussota, histoire de montrer à la réceptionniste qu’il était bien là.
Il dut répéter trois fois  et de plus en plus fort ses raclements de gorge avant que la jeune femme ne lève les yeux et ne les plonge dans ceux de Claude.
- Oh pardon !  Je ne vous avait pas entendu … Vous êtes malade ? Vous désirez une pastille contre la toux Monsieur ?
Le naturel et le charmant sourire de la jeune femme déconcerta Claude qui resta muet plusieurs secondes. La très belle réceptionniste continuait de le fixer droit dans les yeux, accentuant son malaise. Il finit par articuler :
- Excusez-moi ma je, euh dois, euh voir Monsieur Dorlan au plus vite…..s’il vous plait Mademoiselle .
- M’sieur Dorlan ? Vous avez rendez-vous ? Vous êtes Monsieur ?
Dit elle sans le lâcher des yeux et affichant des dents aussi blanches et brillantes que si elle participait au tournage d’une publicité pour un dentifrice.
- je m’appelle Claude….Enfin …Monsieur Mazère et je sors de l’avion en provenance de Paris pour voir Nick Dorlan, Mademoiselle. Auriez-vous l’amabilité de bien vouloir le…
- De Pariiis ! quelle chance vous avez ! C’est la ville la plus romantique du monde ! Je rêve d’y aller mais vous savez avec mon salaire, c’est pas demain que je pourrais m’y rendre ! Enfin, c’est la vie, pas vrai ?
Claude n’en revenait pas de la décontraction de le jeune femme  devant lui. Elle travaillait dans un bureau d’investissement quand même, pas dans bar de seconde zone ! ! !
- Mademoiselle, s’il vous plait, écoutez-moi, OK ?  Il est urgent que je voie Nick Dorlan. Pouvez-vous simplement lui dire que suis là. C’est urgent ! Vous connaissez ce mot, URGENT ? dit-il en accentuant chaque intonation de ce dernier mot.
- I M P O S S I B L E lui rétorqua la jeune femme sur le même ton sans se départir de son sourire spécial blancheur.
- Mademoiselle, si je vous demande de le prévenir, c’est que c’est très urgent, vous comprenez ?
- Bien sur que je comprends, je ne suis pas idiote, Jeune homme. Nick, enfin Monsieur Dorlan n’est pas là, vous me suivez ?
- Et il doit revenir quand ? Demanda Claude.
- Ben c’est que c’est le patron, il va et viens à sa guise, vous me suivez toujours ?
Ca y était !  Elle le prenait pour un débile maintenant…Un comble !
- Ecoutez, Jeune fille, repris Claude avec sa plus grosse voie. Je viens de loin, je suis fatigué et je vous demande juste si vous savez si votre patron dois revenir et quand, vous me comprenez ?
- Ok, ok,ok, pas la peine de monter sur votre « grand cheval » rétorqua la splendide jeune femme. Monsieur Dorlan n’est pas là, et je ne sais pas quant il revient. C’est plus clair, là ?
Claude ne savait plus quoi dire. Il décida de jouer le tout pour le tout avec cette charmante jeune femme qui jouait à merveille le rôle d’idiote…A moins qu’elle ne le soit vraiment !
Il reprit sur un ton plus calme :
- Si je débarque chez-vous, ici directement de Paris, c’est uniquement pour prévenir votre boss d’un grave danger qu’il court ! Vous aimez votre boulot et votre patron ?
La jeune femme relâcha ses zygomatiques et blêmit instantanément à ces mots.

-   Bien sur que j’aime travailler avec Nick !  C’est le meilleur et le plus gentil des hommes et…
Claude la coupa en décidant de profiter de son désarroi :
-   Si vous tenez à lui, je vous conseille très fortement de me donner un endroit où le rejoindre ou de me donner un numéro de téléphone où je puisse le joindre ! Je vous jure que sa vie est en jeu, Mademoiselle.
La jeune femme parut chanceler un moment, ouvrit la bouche, puis arriva enfin à retrouver le son.
- Je…Je…n’ai…aucun moyen de le joindre, il est parti, il y a plusieurs jours…Il ne viens pas tous les jours vous savez… Vous êtes bien Claude Mazère, c’est ça ?
Claude acquiesça de la tête. La jeune femme reprit :
- Ben, Monsieur Mazère, je ne sais pas où est Nick en ce moment mais il m’a dit que vous étiez très important pour lui et que je devais vous le passer tout de suite si vous téléphoniez. Je vais donc vous faire confiance. La seule chose que je sais, c’est que Nick devait voir son oncle ce soir. Mais je ne sais absolument pas où ! Son oncle possède plusieurs résidences, c’est un homme très riche mais ce que je peux vous dire, c’est que sa résidence principale se trouve en Californie. Même s’il en a une autre ici sur la côte est.

La jeune femme parlait maintenant sur un rythme si rapide que Claude avait du mal à la suivre. Son anglais n’était pas si bon en fin de compte. Mais à l’évocation d’une résidence sur la côte est des USA, son esprit se réveilla, comme si une lumière rouge venait de s’y allumer.

lundi 17 janvier 2011

Chapitre XXVII

Chapitre XXVII


Comme on se retrouve


Claude avait fini de repenser à cette chose en lui, qui vivait et participait maintenant à chaque décision et même réflexion de sa vie. Bon d’accord elle était en lui, mais ne violait jamais ni sa liberté de penser, ni son libre arbitre… Quoiqu’il se retrouvait dans avion en approche de la côte Est des Etats-Unis.
Serait’il assis là, maintenant, sans ce végétal aussi vieux que la Terre est Terre ? ? ? La question, il pouvait toujours se la poser, oui ! ! ! Mais à quoi cela aurait’il servi ? C’était comme cela et Claude comptait bien savoir où cette histoire allait le mener.


Deux Heures après et d’interminables queues de vérification de douane, Claude se retrouvait à l’arrière de l’un des fameux taxis jaunes de New-York. Il filait maintenant vers les bureaux de Nick Dorlan. C’est alors qu’une nouvelle alerte vit le jour en lui. L’inquiétude le submergea. Il  ressentait comme un signal d’alarme dans tout son corps.
Cette alarme lui disait qu’il devait joindre sa mère au plus vite. Claude sorti son portable, composa le numéro et attendit la sonnerie. Après cinq « tuit-tuit » la messagerie se mit en marche.
- Bon dieu de merde, c’est pas vrai maman, lacha’til à haute voix au grand étonnement du chauffeur qui se retourna pour voir si tout allait bien, s’il n’avait pas à faire à un fou.
Le visage livide et décomposé de son passager, le rassura pour sa sécurité personnelle mais l’inquiéta sur la santé de son client.
- Tout est OK m’sieur ?  Demanda t’il avec un accent hindou à couper au couteau.
Claude lui fit signe que  oui de la tête, accroché à son téléphone comme s’il s’agissait d’une précieuse relique. A la fin de l’annonce de messagerie de sa mère Claude ne sut quoi faire.
Un message l’inquiéterait, elle ne savait même pas où il se trouvait. D’un autre coté, il devait lui faire part du peut être danger qu’elle courait. Il se décida à couper la poire en deux et dit :
- Salut m’an !  Ecoute-moi bien. Là, je suis en déplacement, tu sais pour voir cet américain qui veut m’embaucher et qui te passe le bonjour, je ne sais pas pourquoi. Comme je n’ai pas pu t’avoir depuis trois jours, essaye de me rappeler rapidement. J’ai un truc urgent à te dire !  Allez salut m’an et téléphone moi vite. A plus tard, j’attends ton appel, bisous.
Et il raccrocha. En repensant à ce qu’il venait de dire, il se trouva ridicule. Pourquoi ne pas lui avoir dit de faire attention, d’aller chez des amis ou de la famille mais de fuir l’endroit où elle se trouvait ?
Le taxi se rangea le long du trottoir, interrompant les sombres pensées de Claude.
- Z’êtes arrivé m’sieur
- Que… quoi bafouilla le jeune homme avant de se reprendre.
- Merci beaucoup. Je vous dois combien ?
Le chauffeur tapa de son index jaunit de nicotine le compteur devant lui. Claude sortit quelques billets et les fit passer par la trappe prévue à cet effet.
L’indien compta les billets et se retourna avec un large sourire :
- Merci jeune homme ! Il est rare de voir des gens aussi généreux que vous. Même des touristes je vous jure ! Si vous avez besoin de quoi que ce soit appelez-moi, ajouta t’il en lui faisant passer sa carte de visite au logo de la compagnie.
Claude s’aperçut alors qu’il avait laissé un billet de cinquante dollars au chauffeur. Quel crétin ! Avec ces billets tous de la même taille il avait pensé donner cinq dollars ! Tu m’étonne qu’il ait le sourire ! Il finit par prendre la carte, fit un geste du genre « c’est tout naturel, ce pourboire » et sortit du taxi pour foncer  dans le hall de l’immeuble des bureau de  Dorlan.

vendredi 14 janvier 2011

chapitre 26... si ça passe ???

Monsieur Solder venait juste de refermer son portable. Il le manipulait entre ses doigts comme s’il pouvait triturer la conversation qui venait de s’achever. Entendre chaque intonation de son interlocutrice.
Il connaissait bien le ton qu’avait pris Carla et n’aimait pas ça ! Il la connaissait par cœur, la trouvait performante pour une pièce rapportée mais cette conversation le laissait dubitatif.  Carla n’avait-elle pas cédé au principal défaut de ses congénères abâtardis, le sentiment ou dans ce cas précis, le ressentiment.  Et si tel était le cas, que préparait-elle ?
Il devait vite le découvrir pour garder la main sur le jeu. Il ne s’était pas sacrifié toutes ces années, fondu dans la peau d’un autre pour rien ! Il sentait la colère gronder en lui et ne s’aperçut même pas qu’il venait de broyer son téléphone entre ses mains. De petits morceaux de plastique s’enfonçaient dans sa chair faisant couler son sang sur le sol immaculé de la grande pièce vitrée.  Il décida d’aller prendre conseil auprès de la seule personne pouvant le renseigner, le maître. A peine avait-il franchi le seuil de la pièce, que de petites épines commençaient à sortir du sol là où le sang s’était répandu.
Deux minutes après d’étranges cactus en forme de cornet poussaient à grande vitesse, se repaissant de  leurs maigres entrelacs de racines des quelques rares traces de sang qui restaient à terre.

*******


Anua était effondrée et folle de rage. Pourquoi s’en prendre à son père et comment avait-on pu lui faire cela ? Pour quelques morceaux de bois  étranges ? Pour des cylindres-sceaux qu’elle n’aurait pas du trouver à certains endroits ?
Même les chefs de l’orthodoxie historique n’auraient pas osé agir de la sorte. Et comment auraient-ils su pour la maladie de son père ?
Depuis deux heures qu’elle était rentrée chez elle, tout cela tournait dans sa pauvre caboche déjà bien fatiguée.
Allongée sur son lit, Anua attendait Raph, ce traître, félon entre tous, qui l’avait lâchement abandonné à son triste sort dans l’épreuve la plus difficile de sa courte vie.
Oh, bien sûr, Monsieur avait le beau rôle ! Il devait enquêter, rassembler des indices et retrouver ce monstre, ces monstres ! !
Et elle alors ? N’y avait-il pas, sur place, une dizaine de flics subalternes capables de faire ces petites choses ?
Décidément personne ne comprenait rien à cette histoire. Elle l’avait dit à Raph en sortant de l’hôpital. C’était elle, le centre de l’affaire. Son père n’avait-il pas été enlevé par sa faute, que tout était lié à ses découvertes ?
Elle devait faire quelque chose. Utiliser sa capacité de déduction pour remettre les pièces de ce puzzle morbide en place.
Que savait-elle ? D’abord, elle avait fait ces étranges découvertes qui dérangeaient visiblement pas mal de gens, même à la fondation. Puis deux personnes dont l’une semblait  connaître beaucoup de chose sur elle, s’étaient battues chez elle. Enfin son père enlevé par un ou des assassins qui n’avaient pas juger bon de l’achever parce qu’il était malade.
Et ce dont qui s’était développé lors de cette macabre histoire policière, que venait-il faire là dedans ? En quoi pouvait-il lui être utile ?
Anua avait pris sa décision ! ! Elle allait filer à son bureau, quitte à en enfoncer la porte et récupérer ces cylindres si mystérieux. Après, elle allait voir ce qu’elle pourrait en tirer par le laboratoire du FBI et d’autres, indépendants qu’elle connaissait, si cela ne suffisait pas.
Elle noua ses cheveux habilement à l’aide d’un stylo bille, mit son manteau et sorti en claquant la porte. Billie, toujours recluse dans la chambre d’Anua, se décida de se lever et courue derrière son amie. Trop tard, l’ascenseur descendait déjà.
Billie, malgré le mal de tête qui lui vrillait encore le tête, se précipita dans l’escalier, sachant parfaitement que son amie risquait de s’attirer encore plus d’ennuis avec ses décisions à l’emporte pièce.