jeudi 10 février 2011

chapitre 30, fin

Des sirènes dans le lointain décidèrent les deux hommes à partir. Le chaman prit le temps de s’injecter le contenu d’un de ses prélèvements puis réajusta son pansement de fortune. Galen « Le Nouveau » introduisait à son tour le cylindre à la base de sa nuque. Une dose bien méritée, qu’il venait juste de prendre sur l’un des corps encore fumant.

Dix minutes de ménage sommaire à base de jets de corps dans les débris encore brûlants de la cabane satisfirent les deux hommes. Ils s’engagèrent alors directement dans le petit maquis bordant le bord de la route. Ils continuèrent, à marche forcée malgré la nature de plus en plus hostile, comme s’il ne s’agissait que d’une composante inévitable mais intégrée au plus profond de leur être depuis toujours.

Deux heures plus tard et plusieurs crêtes plus loin, ils montaient à l’arrière d’un énorme pick-up, volé dans l’après-midi à un berger des environs.
Le conducteur, un homme petit et aussi appliqué sur sa conduite qu’un enfant sur son cendrierde fête des mères, démarra à fond de train sur une large piste forestière qui allait les emmener de l’autre coté de la montagne.
Dès qu’ils eurent retrouvé une petite route enneigée, le chauffeur, un vrai GPS en son genre, prit la direction du littoral où les attendait un puissant hors-bord, devant les faire passer en Italie.

D’importantes forces de police se déployaient pour encercler le village. Alors que Pompiers et médecins s’échinaient à atténuer les dégâts humains et matériels, un homme se dirigeait vers le vieux séchoir muni d’un bidon.
Arrivé sur place et sans un regard pour les scènes d’horreurs qui s’étalaient devant lui, le villageois déversa le contenu de son jerrycan sur l’ensemble de la scène du massacre et prit son briquet.
Instantanément, le pétrole mélangé à des produits chimiques, prit feu et acheva de détruire ce qu’il restait des corps. 
L’homme ne s’attarda pas. Les larmes aux yeux, il prit son téléphone, composa un numéro pré programmé et attendit qu’on décroche. Quand son interlocuteur se manifesta d’un « Allô » à l’accent étranger il se contenta de dire :

- Rien à faire Monsieur ! Ils étaient deux, un tireur très doué et la chose, la bête humaine. Tout le monde y est passé… Même la mère de Claude est à compter parmi les disparues. Je suis désolé mais ils étaient trop fort cette fois. Prenez soin du petit. Désolé Monsieur.
L’homme raccrocha.

Il jeta son bidon dans un roncier envahi de toutes sortes de déchets et reprit la direction du village par d’étroites ruelles.  Rapidement, il se fondit à la masse des habitants réunis autours de la fontaine, là où une tente, un minuscule hôpital de campagne, avait été dressée à la hâte.
Alors et seulement alors, il s’autorisa à fondre en larmes. Des amis et de la famille étaient morts cette nuit et il n’avait rien pu y faire.
Le membre de la cellule psychologique, dépêchée sur place en urgence tenta d’entamer un dialogue. Peine perdue ! L’homme répondit par quelques signes de la tête puis se leva et retourna s’enfermer dans sa maison. Une fois à l’intérieur, il prit sa meilleure bouteille d’eau de vie et se fit un devoir de la terminer, verre après verre.

On le retrouva le lendemain matin, pendu à une des poutres maîtresses de son grenier.

Les policiers apprirent par les autres habitants qu’il était l’oncle de Madame Mazère dont le corps restait introuvable.
Malgré l’apport de la brigade anti-terroriste et de nombreux policiers scientifiques, le mystère de cette attaque sur un village isolé et sans problème reste encore entier.

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