dimanche 24 octobre 2010

chapitre 5, page 16

V

Carla Allifesh.


Si sa mémoire était bonne, ce dont elle doutait fortement, ça faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien. Tout se déroulait exactement comme elle l’avait prévue.
Bien calée dans le siège baquet de  sa « Camaro », les cheveux au vent, c’était du pur plaisir. Ah les décapotables ! Même si le siège se trouvait être trop bas pour elle, putain de dieu que c’était bon de s’éclater comme au bon vieux temps !
Ben oui, on n’a pas toujours le temps de choisir le modèle qui vous mettra le plus en valeur quand il s’agit de dérober en moins de trente secondes une voiture sur un parking de supermarché.
Lancée à plus de 180 Km/H, slalomant sur toute la largeur de l’autoroute entre les camions, voiture et autres mobiles-homes nombreux en cette fin d’été propice aux migrations de populace. Carla se sentait enfin redevenue elle-même. Elle se fit d’ailleurs la remarque que quelques mois de « congés » de ce type lui ferait le plus grand bien. Terminées dit elle à voie haute, les longues journées assise sur un transat à siroter des cocktails en regardant l’immensité de l’océan et du vide de sa vie. Fini la marmaille braillant et les jeunes couples enlacés estampillés « just-married » dans des hôtels qu’ils ne pourraient s’offrir à nouveau que pour leurs vingt ans de mariage avec trimage intensif pour y arriver si leurs couples tenaient jusqu’à là.
Concentrée à l’extrême sur sa conduite, elle arborait cependant un large sourire en s’imaginant les événements qui devaient suivre d’ici à la fin de la journée.
-Se la jouer fine et récupérer le gros lot ! J’ai pas intérêt à me rater si j’veux pas me retrouver une nouvelle fois sur la touche, dit-elle en se remémorant le coup de fil qu’elle avait reçu en fin de semaine dernière qui lui annonçait sa participation à une nouvelle mission. Bref, qui signifiait son retour sur le devant de la scène.
Bien sur, les sirènes de police l’inquiétaient quand même un peu malgré l’habitude qu’elle avait de gérer ce type de situation. Mais ce qui la tracassait d’avantage c’était le son de rotor d’hélicoptère qu’elle discernait depuis un bon moment. C’était un petit désagrément dont elle se serait volontiers passée avant d’avoir récupéré le colis. Elle n’avait pas envisagé de rencontrer si tôt ce genre de problèmes dans le plan qu’elle avait élaboré depuis le mail salvateur qu’elle avait reçue il y à peine 72 heures. Si le but de la mission était clairement indiqué, Carla avait une totale liberté d’action pour arriver au but qu’on lui avait fixé.
Heureusement le temps jouait en sa faveur. Pas le temps de gamberger sur le pourquoi du comment, l’heure était à l’action !
Eclatant d’un rire aussi sonore qu’incongru à la vue des risques fous qu’elle prenait en conduisant de la sorte, Carla plongea la main dans la poche de son blouson en cuir pour en sortir ses trois fétiches. Sa flasque de vodka chromée, dont elle but sans attendre une bonne rasade, son pistolet automatique qu’elle arma et son téléphone portable.
 Alors qu’ils atterrissaient tous trois sur le siège passager, elle planta un violent coup de frein. Elle venait de voir, furtivement, dans le rétroviseur, trois formes sauter d’un vieux pick-up et s’engager au pas de course sur la voie d’accès de l’autoroute.
Rapide dans sa prise de décision, Carla décida qu’elle se préoccuperait d’eux plus tard. Elle repris de la vitesse et empoigna son téléphone. Elle pressa sans lâcher le volant la touche de rappel et marmonna quelques mots sur un ton qui ne laissait guère de doute à son destinataire sur l’importance de lui obéir. Son interlocuteur devait agir maintenant, il en avait tout intérêt et en avait parfaitement conscience !

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