mercredi 27 octobre 2010

chapitre 6 phrase 1 page 20

VI



Courte fuite


Même si cela ne faisait que trois heures que le garçon marchait, il lui semblait qu’univers tout entier le séparait du monde où il vivait encore ce matin. Il en venait même à regretter la sécurité toute relative de la maison post Pop-Art du sac à vin.
Il était perdu dans ses pensées. Il lui fallait trouver des solutions de survie mais en était totalement incapable.
Il se retrouvait seul et savait qu’il était recherché par de nombreux ennemis. Ses amis, son clan ? Ils ne les connaissait pas. Il devait donc se méfier de tout le monde !
Qu’allait-il faire maintenant ?
Comment pourrait-il oublier qu’il avait senti quelque chose juste avant que l’accident ne se produise sans qu’il ne fasse rien pour prévenir sa mère ! Il serait pour toujours le responsable de sa disparition. En plus, il n’avait su garder les mômes avec lui. Plus il tournait ces sombres pensées dans sa tête plus il se sentait minable. Incapable de faire quelque chose correctement.
Il ressassait à tel point sa responsabilité, se reprochant sa nullité dans les évènements de la journée, qu’il n’entendit pas la voiture approcher et se ranger à sa hauteur sur le bord de la route. C’est seulement quand il entendit la voix qu’il tourna la tête.
- Allez mon gars, c’est dur mais pas la fin du monde, pas vrai ?
- Tirez-vous ! J’attends ma mère et elle aime pas que je cause à des étrangers, répliqua sèchement le garçon sans même tourner la tête, continuant d’avancer.
- T’as pas entendu, mon gars ? Regarde par ici un instant s’il te plaît !
Interloqué par la fermeté du ton employé par l’homme dans la voiture, il se décida à regarder de quelle bouche ces paroles sortaient. Il vit alors le visage d’un homme d’une soixantaine d’année à la barbe parfaitement taillée, la chevelure argentée qui dépassait de la fenêtre. Mais ce qui le marqua le plus, c’était le regard vert sans cesse en mouvement du vieil homme. Un regard vif et dur mais qui à l’inverse d’inspirer la crainte, respirait la gentillesse, la simplicité. Le vieil homme lui inspira de suite confiance. Non, cet homme ne lui voulait aucun mal.
Il se sentit alors obligé de dire quelque chose.
- Et comment vous savez que c’est pas la fin du monde, articula t’il difficilement la bouche sèche, se retenant de fondre en larme
- Parce que tu le sais très bien que cela allait arriver. Et cela depuis fort longtemps. Bien longtemps avant ce drame, l’explosion et ta décision de continuer ta route. Ouais p’tit gars ! Tu sais depuis fort longtemps que tu ne dois pas te laisser prendre par nos ennemis. Tu sais parfaitement au fond de toi que j’ai raison. Laisse ton instinct te guider, p’tit gars. Tu sentira que tu peux me faire confiance, pas vrai ?
Sans lui laisser le temps de répondre l’homme ouvrit la porte posa un pied à terre, laissant apparaître un costume coûteux et des chaussures de villes impeccablement cirées. Le contraste était saisissant avec les pauvres guenilles qu’il portait. Après quelques secondes de silence, il ajouta
- Tiens, prend ça ! Sèche-toi le visage, en lui tendant un mouchoir qui lui servait de pochette, et grimpe dans la voiture. . Ca s’rait d’ailleurs une bonne idée de couper ta tignasse et de te trouver des vêtements un peu plus corrects si tu veux vraiment continuer de passer incognito. Pas vrai p’tit gars ?

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