mercredi 20 octobre 2010

fin chapitre 1

Les deux petits gamins prirent leurs jambes à leurs cous et plongèrent dans l’herbe en s’esclaffant. L’adolescent, l’air grave, les regarda faire avant de remonter sans perdre une seconde la pente en ciment de la pile du pont pour se mettre derrière, bien à l'abri, de manière à pouvoir observer les gamins.
C’est à ce moment qu’un frisson le parcouru. Comme lors de « l’accident ». Ne se fiant  plus qu’a son instinct, il décida de remonter plus haut, passant même par-dessus la barrière, s'écorchant au passage les mains, pour se retrouver sur la route enjambant à cet endroit l’autoroute sur laquelle ils marchaient jusqu’à là.
Dommage que les gamins ne puisse escalader cette barrière, regretta t’il en regardant les barbelés fixés en haut  du grillage et l'état de ses doigts ensanglantés. Mais là, il devait se protéger, il le sentait. De cette manière, il était sur de pouvoir se sauver si les frangins se faisaient attraper. Et il était prêt à en mettre sa main à couper que cela allait arriver. La sueur qui lui coulait le long de la nuque ne l’avait jamais trompée jusqu’à ce jour. Cela aussi loin que sa mémoire lui permette de remonter.
La voiture de police passa devant eux et sembla disparaître lorsqu’elle se rangea vivement sur la bande d’arrêt d’urgence et stoppa nette, coupant sirène et moteur. Alors qu’un silence étrange régnait quelques instant, le garçon couché sur le trottoir du pont, vit presque simultanément les deux bambins se redresser, se figer avant de replonger lorsque la voiture de police entama une marche arrière. Quatre autres véhicules de police apparaissaient à quelques centaines de mètre de là, côte à côte, barrant l’autoroute et avançant sans se soucier des limitations de vitesse, gyrophares allumés et sirènes hurlantes.
- Mais quel crétin ! Pourquoi j’ai pas pensé à changer de route avant ! Y’avait qu’à monter sur un pont comme je suis maintenant, on y serait arrivé si j’avais vraiment voulu et s’en aller par les petites routes, bon dieu ! Y’en a tous les cinq cents mètres, quel abrutit je fais, c’est pas possible. C’était simple d’y penser, quand même ! S’auto-flagella t’il.

L’adolescent n’attendit pas de voir ses « frangins » se faire embarquer dans les véhicules pour commencer à se mettre en marche sans se presser. Sûr des réponses que feraient les enfants, tout du moins jusqu’à ce qu’on les conduise à un poste de police pour les entendre.
Il ressentit même un soulagement mêlé de honte à se voir ainsi libéré d’une telle responsabilité.
- C’est certain que je m’en sortirai mieux tout seul pour le moment. Mais quand tout le bazar se sera calmé, je les récupérerais et je m’occuperais d’eux. On continuera à vivre ensemble jusqu’à ce qu’ils soient grands. Ouais, je l’jure !

En même temps, sachant parfaitement que ce ne serait pas aussi simple, il se fit le serment de les revoir un jour, et de leur révéler la vérité. Enfin de la toute petite partie de vérité qu’il avait pu glaner depuis qu’il était petit.
Il s’éloigna vers l’Est, il sentait le soleil lui réchauffer le dos. Il fredonnait sans s’en rendre compte : « tout va bien, je vais bien, tout va beau, il fait beau…… » Une comptine que sa mère fredonnait quand il n’était encore qu’un enfant comme un autre...

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