dimanche 30 janvier 2011

Chapitre 28, suite

Cela se fit en quelques secondes. Comme un groupe de serpents se lançant simultanément à l’attaque d’une proie ! La jeune femme, comme paralysé et toujours accrochée à son balai, n’en croyait pas ses yeux.
Les filaments  commencèrent à s’enrouler autour de la tête l’homme nu qui se mit à hurler lorsqu’ils pénétrèrent dans son corps par les mêmes orifices qu’elle les avait vus sortir de  son ami.
A mesure que les filaments s’introduisaient plus profondément dans la tête du jeune homme nu, la mousse semblait maintenant luire de milliers de minuscules éclairs verts, bleus et blancs.

Claude se sentait transporté. Il pouvait penser par lui-même et simultanément travailler à l’analyse des données fournies par ces choses qui avaient envahi son corps. Un échange qu’il pouvait décrire comme électrique et qui marchait dans les deux sens. Relâché de toute pression, Claude s’était relevé et regardait son redoutable adversaire se rouler par terre de douleur, tenter d’arracher les choses qui pénétraient dans son cortex.

C’est comme s’il avait le pouvoir de voir le déroulement de la vie de  cet homme. Il en recevait aussi toute l’expérience. Et quelle expérience !
C’est comme si la vie de son assaillant avait été une suite d’entraînement au combat, à la résistance à la douleur et à l’extermination de gens…Comme lui ! De personnes possédant  les mêmes capacités ou pouvant les acquérir un jour.
Ce pauvre assassin était pourtant comme lui. Lui aussi possédait cette capacité, ce don. Mais une substance dopante constituée de centaines de molécules, l’empêchait de ressentir la moindre pitié, d’accorder aux personnes comme Claude le droit de vivre. Il avait été transformé en machine de guerre que rien jusqu’à cet instant ne pouvait l’arrêter.

C’est pour cela que Nick l’avait si durement enfermé, enchaîné. Nick devait attendre qu’il soit faible, débarrassé de ces molécules qui l’aveuglait pour tenter de le sauver.
Il pouvait ressentir tout cela, le vivre, serait-il tenté de dire. Il savait qui plus est, que ce jeune homme et lui avait vécu ensemble.

Il se revoyait enfant transportant un panier avec, à l’intérieur, son agresseur bébé. Il était lourd, très lourd ! Il traînait plus le panier, qu’il ne le portait. Et pour cause ! Claude n’était qu’un bambin et le panier contenait une autre personne, son frère jumeaux.

S’il savait tout cela, il n’en gardait pas le moindre souvenir conscient. C’était seulement grâce aux brins végétaux qui les reliaient l’un à l’autre qu’il avait accès à ces souvenirs. Ces ramures végétales mystérieuses qui faisaient maintenant partie intégrante de lui, permettaient seules ce type de souvenir.
Comme sa première expérience, à  Paris lorsqu’il s’était vu vivre en accéléré la vie de centaine de personnes et en particulier de ce jeune adolescent qui avait du fuir avec ses amis devant l’arrivée d’assaillants. Il était alors celui qui devait montrer le chemin. En était-il de même aujourd’hui.

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