vendredi 3 décembre 2010

Chapitre 19

Chapitre XIX



CLAUDE MAZIERE



 

Il faisait nuit sur Paris. Cela faisait bien longtemps que Claude ne s'émerveillait plus devant la beauté des différents monuments parisiens qui défilaient devant ses yeux. Il roulait dans le trafic encore intense de la fin de la journée, descendant le boulevard saint Michel, sur la rive gauche de la Seine, en direction du Ritz situé de l'autre côté du fleuve.

Ses pensées tendaient uniquement vers ce rendez-vous dans ce luxueux hôtel de renommée internationale. Il ne pensait même plus au fait que sa vielle guimbarde, de trente ans d’âge, héritée de son grand-oncle, pouvait tomber en panne à chaque instant. Les perspectives alléchantes que laissait entrevoir cette entrevue lui donnaient enfin une chance de sortir de son train-train quotidien. De sa modeste chambre de bonne du sixième étage de la rue Bréa, à Montparnasse, où il résidait et de la fin prochaine de ses brillantes études. Ce rendez-vous pouvait décidément bouleverser entièrement sa vie.

Un homme d'affaire américain du nom de Nick Dorlan l'avait enfin re-contacté pour savoir s'il était éventuellement "OK" pour travailler  avec lui. Bosser à la mise en œuvre d'un projet d'avant garde sur la protection de l'environnement à partir d’une nouvelle génération de végétaux génétiquement modifiés.


Il avait vu Monsieur Dorlan pour la première fois il y a plus de deux mois. Un mail d’invitation à le rencontrer au plus vite. Il y avait répondu, un peu comme on répond à un jeu- concours, sans rien en attendre. Mais trois jours plus tard, il avait reçu une réservation pour un vol pour New- york avec hôtel quatre étoiles et tout le toutim. Il avait donc accepté l’invitation, plus pour le voyage qu’en plaçant quelque espoir pour son avenir professionnel. Il n’avait même pas encore terminé ses études. Il devait finir son doctorat dans un peu moins d’un an.  


Mais le soin que ce Monsieur avait pris dans l'organisation et le déroulement de ce voyage à New York, un vrai séjour VIP, tout cela pour un simple entretien informel, avait fortement impressionné le jeune Claude.

Mais une fois arrivé, l’attitude de Monsieur Dorlan lui avait semblé étrange. Un entretien reporté deux fois, puis un rendez-vous fixé dans sa petite suite. Petite suite dix fois plus grande que sa pauvre chambre de Paris.

Dorlan avait paru étrangement absent. Il ne cessait de passer du coq à l’âne et semblait vouloir partir au plus vite. Il avait d’ailleurs rapidement prié Claude de l’accompagner dans Central Park pour se " dégourdir un peu les jambes ". Tu parles ! Dehors, il faisait un froid de canard, il pleuvait des cordes et son hôte n’avait même pas de manteau à mettre sur son costume à quatre mille dollars.

Ne voulant pas contrarier cet étrange personnage, Claude avait accepté avec une grimace qui en disait long sur son envie de se promener.

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