vendredi 10 décembre 2010

Chapitre 22 avec corrections et suite

CHAPITRE XXII


 


DEUIL ET RESURRECTION DU PERE D'ANUA



 


Cela faisait moins de quatre heures que Raph avait rejoint Anua à son appartement. Et voilà qu’ils avaient déjà. Ils filaient déjà tous deux, escorté par la police de Westmorland, vers les eaux du bayou où l'homme au gabarit de catcheur géant avait affirmé que le corps de son père se trouvait. Ils volaient sur l'eau sur les versions modernes des hydroglisseurs qui avaient été rendus célèbres par la série télé "Flipper le dauphin".

Anua avait fait un bref récit de son aventure à son meilleur ami et abandonné Billie à son triste sort, couchée dans la chambre. Elle n'arrivait pas à se remettre du choc de l'intrusion puis de la bagarre des deux énergumènes. Elle ferait le maximum pour sa meilleure amie plus tard. L’heure n’était pas au chagrin et à cet instant, Anua ne désirait qu’une chose : retrouver son père.

Elle s’était visiblement montrée convaincante. Moins de dix minutes après, ils s'étaient envolés pour un rapide tour d'hélicoptère jusqu'à Westmorland. Impressionné par sa plaque du FBI les policiers locaux ne s'étaient pas fait prier pour réquisitionner les trois hydroglisseurs des gardes forestiers.

Anua tentait maintenant de faire le vide en son esprit pourtant très chahuté en cette journée pour tenter de localiser le lieu où les assassins de son père avaient jeté son corps. Elle demanda à Raph de faire stopper le vacarme des immenses hélices qui se trouvaient à l’arrière des engins sur lesquels ils se trouvaient. Il fit arrêter les moteurs d’un coup de talkies-walkies, sans poser de question.

Anua tenta rejeter tout stress de son esprit. Alors qu'elle fermait les yeux pour une nouvelle tentative de localisation, Raph lui susurra à l'oreille :

- s'cuse moi, belle dormeuse mais est-ce que t'entends ces gémissements ?

Anua qui n'arrivait pas à visualiser les lieux autrement que par une vision d'un grand immeuble de vitre et d'acier, rouvrit les yeux, abandonnant toute velléité de comprendre sa vision.

Bon sang, y'avait une ville la dessous ou quoi ! Pensa t’elle avant de se concentrer sur ce que Raph disait.

- Ecoute, y'a du bruit qui vient du renfoncement, là, dit il en désignant une avancée rocheuse cachant un long secteur de rivage. Son index indiqua à Anua où regarder. Redémarrez et amenez-nous là-bas, ajouta t’il à l'attention du pilote de l'hydroglisseur.


L'énorme hélice, empêchait de nouveau d'entendre quoique ce soit mais en arrivant en vue du renfoncement l'engin faillit bien chavirer sous les sauts hystériques d'Anua .

Son père était là, allongé sur le dos quelque chose dans lui obstruant la bouche l'empêchant de crier. Mais les moulinets désespérés qu'il faisait avec ses bras, ne laissait aucun doute quant à son état. Il était bel et bien vivant.

Alors que le pilote tentait de s’approcher sans heurter les énormes barres rocheuses que formaient la berge, Anua poussa un cri d'effroi.

L'œil gauche de son cher papa pendait sur sa joue en se balançant à chacun de ses mouvements. Sa chemise déchirée laissait entrevoir de longues traînées brunâtres. Elles prouvaient la quantité de sang que son père avait perdu et créèrent une panique indescriptible dans le cœur de la jeune femme.

Raph qui avait compris la gravité de la situation en un instant, demandait déjà dans son talkie-walkie l'envoi d'un hélicoptère pour venir chercher Monsieur Petersen en urgence absolue.


Deux heures plus tard, Raph regardait Anua faire les cent pas dans le couloir jouxtant la salle d'attente du bloc opératoire de l'hôpital de San-Diego. Il avait pourtant mille choses à lui dire mais lui parler à cet instant n'aurait servi qu'à se faire envoyer faire paître. Seule la colère dominait chez elle en cet instant. Il le savait et pouvait aisément le comprendre.

En début de soirée, le médecin apparut enfin. Anua avait bien dû parcourir une dizaine de kilomètres dans ce satané corridor, pensa Raph alors qu'il se levait pour saluer le docteur.


A sa grande surprise le chirurgien se dirigea droit sur lui en lui faisant de petits signes de la main  lui indiquant par-là qu'il désirait lui parler seul et qu'Anua ne participe pas à cet aparté.

Raph se dirigea vers Anua et lui expliqua rapidement que le médecin souhaitait lui parler seul. Il ajouta rapidement, avant qu’elle ne lui coupe la parole, que s'il voulait faire ainsi, c'était sûrement que son père avait repris conscience et avait révélé quelque chose d'important pour l'enquête.


Après avoir protesté avec véhémence, Anua se rangea aux arguments de Raph , après qu’il lui expliqua que le docteur parlerait plus facilement à un représentant des forces de police, spécialement du FBI et qu'il jurait de tout lui dès la fin de l'entretien. Enfin, elle accepta et s’éloigna vers la rangée de sièges, au bout du couloir. Raph fit signe au chirurgien de le rejoindre.

Une fois les deux hommes isolés de toute oreille indiscrète, Raph prit l'initiative d'entamer la conversation.

- Bonjour, docteur ! Je suis l'agent spécial Furk, Raphaël Furk et je m'occupe de cette sombre histoire de kidnapping. Pourquoi voulez-vous me voir seul ?

Le médecin toussota deux fois, le temps de clarifier ses idées, puis se lança :

- Agent Furk, si je désirais vous voir à l'écart de la famille, c'est parce qu'il y a des détails macabres que la famille, cette jeune femme en l'occurrence, pourrait pas comprendre. Ce que j'ai à vous dire ne pourrait que l'inquiéter alors qu'il vaut mieux qu'elle soit mentalement prête à aider mon patient à cicatriser de ce qu’il a vécu. Et dieu sait si ce pauvre homme va avoir besoin d’être soutenu.

Après un court silence gêné, il reprit avec un débit rapide et haché :

- Mon patient, le père de cette femme, si j'ai bien saisi la situation, a été énuclée, avec grand soin, comme seul un chirurgien spécialisé l'aurait fait. Mais ça n'est pas le plus étrange. Nous avons trouvé dans l'orbite vide, une trace de déchirure des chaires qui remonte jusqu'au cerveau. Je ne sais pas avec quel instrument cela a été fait, mais l'enveloppe qui entoure la cervelle n'a pas été percée. Si Monsieur Petersen à perdu son œil, c'est un moindre mal.


Le chirurgien prit Raph par le bras avant de poursuivre sur un ton énigmatique :

- Mais le plus bizarre dans cette histoire, sont les marques que mon patient portait sur le torse. Tellement bizarre que j'ai fait réaliser des photos. De toute ma carrière, je n’ai jamais vu cela. Avant de vous les montrer, je voudrais vous préciser que ces entailles ont été faites avec un instrument non chirurgical, ne me demandez pas pourquoi. C’est une arme, plus grossière. Sans vouloir m’avancer, je parierais sur un couteau de chasse à dents. Les coupures sont profondes, le derme à été transpercé, je devrais dire arraché jusqu'à l'os. Ce travail de boucher nécessitera plusieurs opérations de chirurgie esthétique pour en atténuer les cicatrices.

Le médecin sortit de sa poche un appareil photo numérique et fit défiler, lentement, huit clichés sous les yeux sidérés de Raph.

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