vendredi 17 décembre 2010

Chapitre 25.

Chapitre XXV


L'EXPÉRIENCE INTERDITE DE CLAUDE.
INITIATION VÉGÉTARIENNE

A peine le seuil de sa petite chambre bonne franchit, Claude s'assit sur son lit et sortit la boîte de sa poche. Comme un enfant un jour de Noël, il essaya de se remémorer les recommandations de Nick Dorlan.
Il se leva, se rapprocha du minuscule évier qui équipait sa "garçonnière" et regarda le système d’ouverture de la boîte. Le coffret semblait luire de mille feux sous le modeste éclairage du néon qui surplombait son évier.
Il voulait tant voir ce brin végétal, de quoi il était fait et à quoi il ressemblait. Maintenant que Monsieur Dorlan retournait vers les Etats-Unis en première classe, une coupe de champagne à la main, il pouvait bien se permettre de s'amuser un peu avec son "joujou".

-     Zut, s'exclama t’il à la vue de son évier plein de la vaisselle des trois derniers jours. Monsieur Dorlan m'a bien dit qu'il fallait l'ouvrir dans un endroit propre et sec. Et ben tant pis, ça se fera ici !
Claude ne réfléchissait plus. Excité comme une puce venant de sauter sur un jeune chiot, il agissait mécaniquement. Son instinct avait pris le dessus. Habilement, il ouvrit la boîte d'une seule main, l'autre prenant un récipient, un petit bol dans le placard de cuisine qui se trouvait au-dessus de l'évier.
Rapidement, comme s'il avait fait cela toute sa vie, il prit le minuscule brin végétal qui ressemblait fort à du lichen et le posa délicatement dans le bol. Il jeta la boîte par terre sans un regard. Elle rebondit deux fois avant de finir son parcours sous son petit lit, une place, à un mètre de là, inutile.
Claude, maintenant dans un état second,  le regard dans le vide, ouvrit le robinet et fit couler de l'eau sur le brin qui, il y a trente seconde encore, se trouvait dans sa boîte. Beaucoup plus d'eau que ne lui avait conseillé Nick ! Il arrêta l'eau lorsqu'elle recouvrit entièrement le brin végétal.
Puis il prit le récipient. Ses yeux étaient maintenant révulsés, aussi blancs que des œufs en neige.
Il marcha comme un somnambule vers son lit. Il s'y allongea, posant délicatement le récipient, sur son sternum. Sa respiration semblait s'être arrêtée. En réalité, Claude dormait déjà profondément.

Quand il se réveilla, il commença par se dire qu'il avait fait un cauchemar. Il n'avait cessé de rêver qu'il traversait le temps.
D’abord homme demi-nu, errant dans une savane hostile, Claude avait, par la suite, vécu toutes sortes de vies dont la plupart se terminaient tragiquement.

Ces vies se déroulaient à des époques lointaines et où le confort n'avait pas sa place. La seule constante résidait dans le fait que nombres de visages venaient se placer face à  lui, l’air attentif, comme si on venait le regarder, le consulter.
Il s'était tour à tour sentit jeune, âgé et même très vieux, paré de mille identités. Chacune d’entre elles,  chacun de ces corps, qu'il avait habité, représentaient une vie passée, la vie défunte d’un sage.

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