samedi 13 novembre 2010

chapitre 13, suite

Une décharge intense le parcouru. Il chancela un dixième de seconde avant de s’approcher à nouveau de l’avocat et de lui glisser à l’oreille :
- Je m’ sent beaucoup mieux bonhomme. Muchas gracias ! Maintenant, bouge pas trop et mate un peu, enfin avec ce qui te restes pour zieuter ! Le spectacle va commencer ! Ta récompense quoi !

Le chasseur se retourna et commença à courir dans l’étroite ruelle. Son accélération fut foudroyante. Arrivé au milieu de celle ci, il bondit avec une agilité déconcertante jusqu'à la passerelle métallique du premier étage des escaliers de secours qui recouvraient le côté du bâtiment. Il continua son ascension à une vitesse vertigineuse, alliant souplesse et force pure. C’était comme s’il flottait sur l’enchevêtrement de poutrelles et d’escaliers.
Tarzan passant de liane en liane serait passé pour un vieillard sénile dans un parc à jeux.
Il se propulsa de plus de trois mètres sur le toit plat du bâtiment, en un dernier mouvement d’une agilité sidérante. Il s’approcha d’une vieille couverture, la jeta derrière lui et prit le lourd fusil à lunette qu’elle dissimulait. Sans perdre un dixième de seconde, le jeune loup courut vers le coin Nord de l’immeuble tout en vérifiant le réglage de la lunette. A deux mètres du vide, il plongea à terre, glissa sur le sol, posa son arme sur le rebord de l’immeuble et se mit en position de tir.
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- Allez le steack sur patte, une p’tite prière ! deux coups de feu retentirent.
Le boucher se tenait sur le pas de son commerce. Il se retrouva projeté par les  balles, une au thorax et l’autre en plein front, au fond de son commerce, des morceaux de cervelle, de peaux et d’os éparpillés de l’entrée au fond des étales de la boutique.
- Une véritable boucherie ! susurra le chasseur en laissant éclater un rire sonore qu’il eut le plus grand mal à réfréner.
- Allez, au suivant ! Murmura le sniper un large sourire éclairant son faciès de fauve.
Le déluge de balles commença. Le fleuriste, trois ménagères et les deux épiciers concurrents furent abattus comme des canards sur un stand de tir de fête foraine.
- Sur ce coup là, pas de jaloux, hein, les épiciers de mes deux ?
Le chasseur changea légèrement de position de position et pointa son arme vers le coin de la rue où la panique générale régnait déjà.

Cette panique se transforma en chaos total lorsque qu’une balle atteignit le réservoir d’un petit camion de livraison garé en double file. Sous l’effet du souffle la plupart des vitrines de la rue volèrent en éclat.
Les blessés se comptaient maintenant par dizaines. Une multitude de personnes erraient, slalomant entre les corps gisant à terre, appelant au secours, un portable à la main quand cela leur était encore possible. Brûlés, déchiquetés, saignant abondement de plaies par balles, la mort faisait son œuvre.
- Encore un détail et c’est fini ! Se dit-il à voie haute, installé au paroxysme de l’excitation par l’alchimie de ce qu’il avait prélevé sur l’avocat et de la réussite visible de son plan.
- Le chasseur changea à nouveau de position, se releva et pointa son arme vers l’avocat qui avait vainement essayé de ramper vers les poubelles adossées aux murs de la ruelle.
- Vivace le bestiaux ! T’aurais au moins pu éviter de laisser autant de sang p’tit père, c’est trop facile, ricana t’il.
D’un geste de défi il délaissa la lunette de son fusil et tira au jugé. La balle entra par une oreille et fit éclater l’ensemble de la boîte crânienne. Des morceaux d’os et de cervelle de l’ex-homme de loi se retrouvèrent éparpillés sur les murs des deux côtés de la ruelle.

Augusto ne deviendrait jamais autre chose qu’une victime anonyme parmi dix-huit autres cadavres du « sniper fou » comme titrèrent les journaux du lendemain.
Jamais il ne serait l’éminent représentant de la communauté latino-américaine que son destin était censé lui réserver.

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