mardi 9 novembre 2010

chapitre 11, 2 pages.

Il y a encore trois mois, il ne lui manquait plus qu’une bonne grosse affaire bien difficile pour être idéalement positionné dans la course au "nouvel associé avec son nom sur les plaques dorées" du cabinet. Cette course s'était engagée depuis que le vieux Mac Pherson père avait enfin décidé enfin de se retirer pour de bon dans sa splendide résidence du lac Taho suite à une attaque cardio-vasculaire. Et dire qu'il avait utilisé le stratagème du malaise à de si nombreuses reprises dès qu'il se retrouvait en grande difficulté face à un choix dans une affaire.
Et là, ça y était ! Il y était parvenu. Personne n'avait voulu de cette affaire. Lui oui !

Continuant de marcher, il continuait de laisser vagabonder son esprit sur son parcours triomphant. Augusto ne s'apercevait même pas qu'il avançait avec tant de détermination que les gens s'écartaient de son passage. Ils agissaient comme si la force qu'il dégageait, risquaient de les écraser.
Pour en arriver là, il lui avait fallut se battre deux fois plus que les autres uniquement  à cause de ses origines hispaniques. Porter le nom de Fuentes se révélait être un obstacle insurmontable quand il s’agissait d’accéder à des postes à responsabilités. Heureusement, sa pugnacité n'avait d'égale que sa faculté à démêler les dossiers les plus compliqués que ses collègues évitaient à tout prix. Ils savaient tous que la bonne poire allait s'en charger. Chacun de ses succès lui avait valu de grimper quatre à quatre les échelons, passant de son petit bureau sans fenêtre du troisième au dix-neuvième et avant dernier étage en un temps record.

Mais cette fois, ça y était ! Le scénario s'était répété. Lui seul avait voulu de cette affaire. Faut dire que la plaignante paraissait foncer droit dans le mur. L’épouse modèle avait trompé son mari avec photos à l'appui. Et en plus, elle prétendait au partage cinquante-cinquante des actifs de l’immense fortune de son magnat du pétrole texan de mari. Il se félicita une fois de plus d'avoir suivi son instinct. Il se permit même d'aller voir le vieux Mc Pherson en personne pour lui demander de lui laisser ce dossier, de ne pas jeter à la rue cette femme qui subissait depuis des semaines un passage à tabac médiatique savamment organisé par son mari.
Mais quand son petit doigt lui disait quelque chose, il n'avait pas l'habitude de le contrarier. Depuis qu'il était en age de faire des choix, il ne se rappelait pas que son instinct l'ait trahi.

Augusto repensa à tous ces mois de contre enquête de filature pour enfin trouver la faille. Le mari outragé, citoyen modèle donnant plus de trois millions de dollars par an à des œuvres caritatives, qui se rendait à l’église chaque dimanche lorsqu'il se trouvait sur le sol de son Texas chéri. Lui, le saint parmi les saints, s’était fait piéger. Et en beauté, s'il vous plaît ! Il devait se rendre dans le sud-est asiatique une fois par mois pour affaires. Mon oeil ouais, gringo ! Par un savant jeu de pots de vins et de promesses d’obtention de cartes vertes, seules possibilités de venir travailler légalement aux USA, il avait réussi, avec le surcoût de quelques billets d’avion Bangkok-dallas, à le coincer, ce John Wayne de pacotilles.

Il s’était senti comme accompagné tout au long de la construction de son accablant dossier. Mais l’enquête avançait vite et il n’avait pas prêté attention à ce sentiment. Il aurait du !
Le jeune homme se redressa pour aller s’appuyer contre le coin de l’immeuble. L’instant approchait.

Augusto savourait encore ce moment quant à l’audience il avait fait rentrer comme témoin Madame Hué. Il avait senti un frisson parcourir l’assistance comme les nombreux médias présents pour couvrir ce procès débuté sur un air de lynchage de la femme volage.
Cette dame d’une cinquantaine d’année, vêtue d’un tailleur bleu marine, avait regardé tout le monde droit dans les yeux. Le juge, Monsieur Terenson puis les membres du jury, chacun des acteurs de ce procès avait eu droit au regard perçant même au travers de ces épaisses lunettes en écaille. Sa petite bouche aux lèvres fines et pincées finissait de lui donner cet air sévère de directrice d’orphelinat, son métier depuis les années soixante-dix. Son entrée dans la salle d’audience se fit à petits pas jusqu’à la barre des témoins. Après avoir prêté serment dans un anglais impeccable, Augusto avait commencé son interrogatoire. Tout était régler comme du papier à musique.
- Madame Hué, pouvez vous nous montrer la personne qui vous a trompé ? demanda t’il
Elle désigna d’un index rageur Monsieur Terenson avant d’ajouter son nom
- Comment avez-vous rencontré cet homme ?
- Il s’est présenté à l’orphelinat avec un traducteur officiel annonçant qu’il avait fait don de cinquante mille dollars à notre institution et proposait de faire adopter un nombre important de jeunes enfants par des couples résidant en Amérique.
Alors qu’Augusto attendait de poser sa prochaine question, Monsieur Terenson parla doucement à l’oreille de son avocat tripotant nerveusement son Stedson posé sur le bureau devant lui comme gage de sa « Texanitude » depuis le premier jour du procès.
L’avocat de Terenson se leva et demanda au juge de réfuter ce témoin « surprise de la partie adverse.
Le juge demanda comme prévu si ce témoin allait apporter quelque chose de concret et notoirement intéressant, auquel cas elle pouvait continuer. Il pria Augusto d’en venir au fait aussi directement que possible.
Et Là, c’était gagné. Cette chère Madame Hué, qu’il avait mis plus de trois mois à retrouver, s’était cachée dans son village par peur des rétorsions. Elle allait s’avérer une femme pleine de ressources.

Pourtant les chances de voir cette piste « Hué » aboutir paraissait très mince. Mais tout c’était enchaîné comme dans un rêve. Il aurait du s’en méfier plutôt que de continuer à croire en sa bonne étoile.

Des éléments nouveaux, le juge allait en avoir. Madame Hué avait des photos avec état civil des enfants que les autorités avaient autorisé à partir pour une vie meilleure. Le frère d’Augusto qui tenait un magasin informatique et un café Internet lui avait fourni son aide pour placer des caméras dans les chambres d’hôtels près de l’aéroport où les enfants devaient attendre leurs nouveaux parents.
Le poisson avait mordu, il ne restait plus qu’à le ferrer.
Augusto demanda donc de pouvoir diffuser un petit film montrant l’attente de ces chers bambins.

1 commentaire:

  1. quelle belle plume keneth !
    attention de ne pas te faire pirater tes oeuvres
    j'attends avec impatience l'arrivée de l'alien !
    gro kiss

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