samedi 20 novembre 2010

Chapitre 15 suite

Ce regard n’avait rien d’humain. Il se résumait à deux fines lames vertes aux reflets jaunes qui paraissaient aussi inamicales que cruelles.
Il ne lui fallut qu’un coup d’œil pour confirmer son intuition. La situation n'était pas celle à laquelle il s'attendait. Il disparut du champ de vision des deux femmes, et réfléchit brièvement sur la tactique à adopter. De toutes manières, il verrait bien !
D’un seul coup la porte vola en éclat. L’homme se rua dans le salon visiblement peu surpris de voir deux jeunes femmes pieds et poings liés sur un canapé, face à lui. Il ne portait aucune arme visible mais parut déconcerté quand le géant se jeta sur son dos de toute sa masse.
Comment était-ce possible qu’il n’ait rien perçu ?
L’homme aux yeux de lames de couteau essaya de se débarrasser de son agresseur en tournant sur lui-même. Mais le poids de celui qu’il avait sur le dos était tel qu’il finit par perdre l’équilibre. Les deux hommes s’écrasèrent au sol allant jusqu'à faire craquer le parquet sous l’épaisse moquette.

L’homme au regard toujours aussi cruel, plus leste, réussi à se défaire de l’étreinte de son adversaire et à se redresser. Les deux hommes se faisaient maintenant face à face.
C’était David contre Goliath tant la différence de gabarit entre les deux hommes sautait aux yeux. Sauf que ce David là n’avait rien du bon samaritain !
- Ca faisait longtemps qu’on m’avait pas surpris, gros lard ! Allez montre moi ce que tu sais faire, mammouth, qu’on s’amuse un peu !
Pour la première fois, le géant fit entendre sa voix de stentor en répondant :
- T’as la mémoire courte, petit ! Mais c’est pas grave, j’te pardonne, Erik ! C’est vrai que t’était vraiment qu’un têtard la dernière fois qu’on s’est vu ! Et t’as vu ce que t’es devenu sans moi ? Pfff, vraiment Carla n’a pas changé ! Elle a toujours été une mère déplorable, pas vrai ?

Le fait que l’on puisse connaître son nom et des personnes qu’il connaissait parut déstabiliser le kidnappeur, l’espace d’un instant. Il se reprit et foudroya son adversaire d’un regard qui fit frissonner les jeunes femmes. Il sortit un couteau à une telle vitesse que nul, dans la pièce, n’aurait pu affirmer où il se cachait avant d’apparaître dans sa main. Le géant à la voix de baryton avait profité du court moment de surprise de l’homme au couteau pour se rapprocher du guéridon, posant la main sur la pile de livres qui s’y trouvait.
Il se saisit du premier, un lourd annuaire, alors que le couteau venait de quitter la main de l’homme dénommé Erik pour filer droit vers lui. Il leva rapidement l’épais volume devant son visage juste au moment où la lame se ficha dedans. La lame tranchante traversa le botin et ne s’arrêta qu’a quelques centimètres du front du colosse.
Erick, visiblement fou de rage de son échec, se saisit d’un lourd cendrier qui était tombé par terre pendant leur bagarre et le lança avec une force surprenante dans la direction du géant.
Il exécuta dans le même temps un bond qui lui fit traverser la pièce, volant littéralement par-dessus les deux jeunes femmes, toujours assise sur leur canapé. Il atterrit à l’autre bout de la pièce, en équilibre sur la dernière étagère de la bibliothèque, les pieds calés contre les rayonnages.
Le baryton, qui paraissait avoir toujours un dixième de seconde d’avance sur son adversaire, amortit le cendrier avec l’annuaire où se trouvait toujours planté le couteau. Pas du tout étonné par le saut de son adversaire, il se retourna vers lui, le regarda un instant avant de reprendre la parole :
- T’as fini ton numéro p’tit chasseur ! Au lieu de sauter comme un bébé tigre se faisant les dents, tu ferais mieux de regarder ce qui se trouve dans ta nuque. Je te l’ai gentiment planté dans la moelle épinière quand je m’amusais sur ton dos quand t’es rentré si poliment dans l’appartement. Tu vas voir ! C’est génial pour éviter tous surplus d’adrénaline. Bon dodo, p’tit tigre !

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