jeudi 25 novembre 2010

chapitre 17, suite

L'AFFAIRE DU "TUEUR HISTORIEN"
Anua, l’instinct


Anua avait compris après un rapide briefing que dans cette affaire, le meurtrier prenait un malin plaisir à décorer les scènes de crime avec un sens du morbide inégalé, mélangeant les morceaux de corps humains de ses différentes victimes en des lieux chargés d’histoire. Après ce court entretien au siège du FBI, le directeur régional l'avait conduite sur la scène de crime. C'est là, qu'elle fit la connaissance de Raph, qui courait en tous sens, essayant vainement de délimiter un périmètre de sécurité, la scène de crime s'étendant sur plus d’un demi hectare morcelée en plusieurs parties sur d’immenses champs, le long du fleuve. Les corps avaient été découverts non loin de la localité où avait eu lieu la bataille d'Ackia.

En 1736, près de la ville actuelle de Tupelo dans l'État du Mississippi, Les Français avait tenté d'utiliser le fleuve pour relier leur colonie de la Louisiane avec la partie septentrionale de la Nouvelle France. Mais les amérindiens contestèrent le contrôle des rives du fleuve par les Français. Ackia, un village de la tribu Chickasaw, fut attaqué par une armée franco-indienne. Les Chickasaws, alliés par le besoin des britanniques repoussèrent l'attaque avec succès. C’est en ce lieu, qu’avait définitivement périt la volonté des français de dominer l’Amérique du Nord et laissés le champ libre aux Anglais. Un Mémorial avait été construit à cet endroit, longtemps après que cette bataille, qui ne concernait que quelques centaines de personnes, se soit déroulée. Une fois ses conséquences historiques bien comprises, cette petite escarmouche devint la fierté de la bourgade de Tupelo, Mississipi.

Anua avait arpenté pendant plus de deux heures ces lugubres champs, non loin du petit monument célébrant cette victoire anglophone.
Sur une large bande de trois cents mètres de long et d’une centaine de large, partant du fleuve étaient éparpillés d’innombrables morceaux de corps humains déchiquetés. Le sang semblait imbiber la terre.

Son cerveau n'avait pu supporter longtemps ces visions monstrueuses, d'une sauvagerie sans limite. Son esprit s’était peu à peu soustrait de ce paysage cauchemardesque et vagabondait. L’inconscient avait pris le dessus sur la simple vision du réel. Elle s'éloignait maintenant de la scène de crime, clôturée par d'innombrables rubans jaunes, et marchait en direction du fleuve.

Des images de prés, planté de tipis au milieu des herbes folles guidait maintenant sa marche silencieuse au milieu du carnage. Un sentiment de plénitude l’envahit. Des femmes indiennes formaient un cercle, se donnant la main, autour d'un feu près d'un tipi légèrement en retrait des autres.
Anua faisait partie de ses femmes. L'instant suivant, elle planait au-dessus du feu. Les six femmes prononçaient une prière à l'unisson.
Le chaman les repéra. Il exhorta ses troupes à le suivre en leur direction et leur hurla des ordres qu'aucun des hommes n'osa contester. Le chaman, aux yeux de meurtrières de château médiéval, ne portait aucun attribut que l'on serait en droit de voir sur un homme de son rang. Non ! Il était torse nu et simplement armé d'un long bâton.
Anua rentra dans l'esprit du chaman. Il hurlait ses ordres. Anua était troublée et effrayée. Il désignait les femmes aux hommes qui le suivaient, dans un langage qu'elle ne comprenait pas même s’il lui semblait familier.
Les hommes se ruèrent vers ces femmes toujours agenouillées, qui continuaient de psalmodier dans une langue proche de celle du chaman malgré l'imminence du danger. Les hommes se ruèrent vers elles et commencèrent à les frapper avec une violence extrême. Ils leur arrachèrent leurs vêtements et les violèrent sauvagement après les avoir rouées de coups. Les femmes qui n'étaient pas inconscientes restaient immobiles et sans réaction au milieu de ce déchaînement de violence.
Le chaman hurla de nouveau en direction de ses "soldats". Les hommes sortirent en une fraction de seconde leurs couteaux et commencèrent leur abominable besogne. Ils scalpèrent, à la manière des hommes blancs ces pauvres femmes qu'ils prenaient pour des sorcières. Puis, sans se préoccuper de savoir si elles étaient toujours en vie les dépecèrent habilement, comme ils l'auraient fait avec un bison. Ils coupèrent habilement grâce à leurs lames effilées, les mains des bras, les bras des torses et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il ne reste plus un seul membre à couper. Pour finir les têtes furent séparées des torses. De véritables torrents de sang coulaient, suivant les pentes du terrain.
Le chaman continuait de crier, traçant un large cercle au sol du bout de son bâton.
Anua, toujours dans un état second, ne se voyait pas reproduire à l’identique les gestes et cris du chaman.
Aucun, des nombreux policiers, membres du FBI et médecins légistes ne l’avaient remarquée. Ils étaient bien trop occupés et choqués pour lever la tête de leurs tâches respectives

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