vendredi 26 novembre 2010

suite chapitre 17


Les hommes reprenaient maintenant l'incantation du sorcier tout en creusant une fosse circulaire à l'aide de leurs couteaux puis de différents objets leur tombant sous la main. Le vacarme de ces hommes couvert de sang et de terre, creusant et psalmodiant était assourdissant. Anua toujours dans la pensée du chaman se vit ordonner aux soldats en transe de déposer les différents bouts de corps des femmes dans un ordre bien précis dans la fosse circulaire qu'ils venaient de creuser. C'est alors qu'Anua ressentit peu à peu des coups qu'on lui assénait au visage. Les hommes remettaient maintenant de la terre et des pierres sur les restes atrocement mutilées de ces femmes. Ces même femmes qui priaient et chantaient, pleine joie, il y a moins d'une heure. Savaient-elles ce qui allait leur arriver ? Elle le croyait, le savait. Anua sentit plus distinctement qu'on la frappait au visage. Elle entendit de faibles appels. Elle se concentra dessus :
- An…sen…ou...elle…nua…pet…sen…rev…vous.
Son esprit revint doucement vers la réalité oubliant les terribles scènes auxquelles elle avait assisté. Puis de nouveau, elle entendit:
- Mademoiselle Petersen, Anua Petersen, réveillez-vous ! Qu'avez-vous ? Bon sang qu’est-ce qui c’est passé ? Vous êtes épileptique ou quoi ?
L’agent Furck ne savait de quelle manière prendre les évènements qui venaient de se dérouler. Il avait bien vu que la jeune archéologue n’était plus elle-même. Sa rationalité et son désir de reprendre cette enquête sur des bases classiques étaient mis à mal. Heureusement qu’il n’avait vu aucun journaliste dans les parages.
Il aurait été sinon obligé de répondre à tous les scribouillards et autres allumés fanas du paranormal, lui qui se considérait comme une personne logique et raisonnable, peut être parfois un peu pointilleux. Lui, surtout qui voulait s’appuyer sur la science, rien que la science et ses preuves irréfutables pour comprendre ce massacre et confondre le ou les auteurs de cette atrocité. Et qui est-ce qu’on lui avait mis dans les pattes ? Une chercheuse folle-dingue qui allait mettre à mal la méthode Furck.
Méthode qu’il avait expliqué à toute son équipe depuis son premier jour comme responsable de l’affaire du « tueur du mémorial », comme l’avait surnommé les médias.
Anua ouvrit subitement les yeux, vit qu'elle se trouvait dans les bras de l'agent Furk avant de sombrer dans un profond sommeil sans rêve.
A son réveil, quinze bonnes minutes plus tard, elle était allongée à l'arrière d'une ambulance, les mains en sang, un atroce mal de tête lui vrillant le cerveau. L'agent Furk se tenait près d'elle, un café bien chaud à la main.
- Mais bon dieu, qu'est-ce qui vous est arrivé ? Dit-il en lui tendant la boisson encore fumante.
- Merci ! Anua s'empara du café comme s'il s’agissait d’un médicament révolutionnaire.  Après une bonne rasade de liquide insipide auquel on avait gentiment une grande quantité de sucre, elle se tourna vers l’homme qui la portait dans ses bras, juste avant sa perte de connaissance et commença :
- je ne me souviens plus de…Puis tout lui revint d'un coup ! Aussi clairement qu’elle l’avait vécu sur le moment.
Elle raconta sa vision à l'agent Furk et le traîna jusqu'à l'endroit où elle avait tracé le cercle alors qu'elle était dans l'esprit du chaman. Raphaël Furk se laissa faire devant la farouche détermination de la jeune femme, comme reprise par ses démons.
- Voilà, c'est là ! Dit Anua en montrant de sa main bandée le cercle tracé au sol.
- C'est quoi, là ? Répondit-il. C'est surtout là qu'on vous a retrouvée en pleine crise de nerf. Vous grattiez par terre avec vos mains et personne n'a pu vous empêcher de finir ce cercle, bon dieu Mademoiselle Petersen ! Alors c'est là quoi au juste, là ? Répéta-il.
- Simplement l'explication du massacre pour lequel vous m'avez appelé, agent Furk, lui dit-elle en le fixant droit dans les yeux. Débordée par le ressac des émotions vécues lorsqu'elle passait de l'esprit de ces femmes à celui du chaman, elle se tut un instant. Une fois de nouveau assez calme pour s'expliquer simplement, elle repris:
- Là sous ce cercle que j'ai visiblement tracé avec mes mains, vu leur état, se trouve les corps de six femmes qui ont été violées, assassinées, découpées en rondelles puis enterrées là il y a plus de deux cent cinquante ans. C'est une histoire annexe à la bataille dont vous voyez la stèle, la haut derrière vous.

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