vendredi 12 novembre 2010

Chapitre 13, 2 pages

CHAPITRE XIII

BAPTÊME



- Ca y est, le voilà ! Il se redressa doucement, fit mine de s’enlever la poussière de ses vêtements crasseux et se dirigea vers une vieille Ford Taurus bleu marine garée au coin de la ruelle séparant deux blocs d’habitation.

Il sentait la proie se rapprocher. Il sentait son cœur se ralentir et changea ainsi de mode de vision. En se concentrant à l’extrême, il pouvait voir le reste de la scène au ralenti. Il pouvait ainsi anticiper le moindre changement d’attitude de chacune des personnes se trouvant dans la rue. Il regarda dans la direction de sa cible et marmonna sans s’en rendre compte :
- Hé, l’avocaillon, t’as l’air heureux hein ! Tes hormones sont aux max, pas vrai ! Dommage,  bobonne ne pourra pas en profiter ! Pour une fois qu’t’était en forme, du con! T’inquiètes pas pour elle ! La jeunesse va passer pour satisfaire Madame ! De toutes les façons, dans trois minutes elle ne voudra même plus de toi avec la tête que t’auras!

Augosto remontait la rue la tête haute. Il slalomait avec habileté entre les clientes de cette voie commerçante. Il l’empruntait chaque fois qu’il faisait assez beau pour renter chez lui à pied. Mais aujourd’hui, il aurait pu pleuvoir des grêlons gros comme des œufs qu’il ne s’en serait pas aperçu. Il avait l’impression de voler à cinq centimètres au-dessus du trottoir.
Il regardait fièrement les divers magasins quand son attention fut attirée par le « SDF » qui traînait là depuis quelques semaines. Il se tenait debout et époussetait ses pauvres loques qui lui servaient de vêtements. Se disant que c’était le jour ou jamais, il sortit deux billets de dix dollars de sa poche de veste, mettant sa sacoche sous son bras. Il allait faire un heureux !
- C’est pas tous les jours qu’on doit lui donner une somme pareil, non d’un chien ! Se dit-il à lui même, repensant à la soirée qu’il allait offrir à sa femme et le cadeau surprise qu’il sortirait au dessert.
Il avait subtilisé cette vieillerie style « Far-West », ce truc en bois de « je ne sais quoi » sculpté de partout, dont elle raffolait sur la commode de la chambre de l’ex mari plumé de sa cliente.
Il adorait garder un souvenir de chaque affaire qu’il gagnait. Et invariablement, il l’offrait à sa femme qui l’entreposait sur la bibliothèque de leur chambre. Si sa mémoire était bonne, et elle l’était, ce serait le vingt huitième trophée. Et sûrement pas le dernier, songea t’il avec un sourire si large que l’on aurait pu voir sa glotte pour peu qu’on ait le courage de se trouver face au « Loco-Motor ».
Il accéléra le pas, voyant le clochard avancer vers la ruelle séparant le bloc d’immeubles qu’il remontait à grands pas. Il le héla :
- Monsieur, …Jeune homme, hé toi, attend un peu, j’ai quelque chose pour toi ! Attends, bon dieu !
Il Agitait à présent les deux billets de dix dollars, sur de son effet. Il fut ravi de voir que le jeune paumé l’avait entendu et l’attendait à présent, appuyé contre le coin de l’immeuble, n’osant à peine le regarder.
Tout le monde n’est pas un gagnant, il faut des loosers, perçut le chasseur en regardant l’autre crétin. C’est du moins ce qu’exprimaient ses pensées déformées les différentes substances qui dégoulinaient  de tous les pores de la peau de ce futur ex-ténor du barreau.
- Allez ! Approche connard ! Ne pu t’il se retenir de penser à voie haute. le jeune homme avait les yeux qui frissonnaient de plaisir, au point qu’il n’osait plus regarder sa proie.

Adossé au mur de brique, il sentit le goût si suave de l’adrénaline mêlée d’acétylcholine lui remonter dans la bouche. S’il ne put se retenir de sourire, il se força à garder la tête baissée.

L’avocat, heureux de voir l’homme sourire à la vue des billets et tendit le bras vers lui.
Le sans-abri se retourna, le regard obstinément fixé sur le trottoir, totalement immobile.
L’avocat, la main toujours tendue se sentait tellement charitable. Quand le mendiant releva la tête et lui offrit son plus beau sourire. Mais augusto s’attendait à tout sauf à ce visage.
C’était le sourire d’un carnassier ayant enfin trouvé sa proie, qu’il avait face à lui. Il se figea net. Seule sa main continuait d’agiter bêtement les billets. Les dents du jeune homme étaient d’une blancheur éclatante et paraissaient celles d’un loup. Une vague d’angoisse submergea Augusto d’un seul coup.
Cette angoisse fut vite remplacée par la terreur quant il croisa son regard.
Un regard vert tirant sur le jaune. Un regard animal et primitif si intense qu’il fut cloué sur place. Il eut l’image furtive d’un petit cochon seul dans la jungle face à un tigre. Toute sa superbe s’était évaporée. Il  tremblait et ne se rendait même pas compte que l’homme face à lui, l’avait agrippé par le poignet et le traînait avec une force bestiale dans la ruelle. Mais il ne sentait plus rien Son esprit était totalement accaparé par un de ses pires souvenirs d’enfance, sa pire humiliation. Un jour, alors petit garçon, il n’avait pu se retenir de faire pipi en classe déclenchant l’hilarité générale de ses camarades. Il en avait été tellement gêné, qu’il s’était enfui de l’école et avait refusé d’y retourner durant plusieurs jours.
Enfin, il reprit ses esprits :
- Mais qu’est-ce que…Tenta t’il d’articuler
Puis ce fut le noir. Sa tête venait de heurter le mur contre lequel il était maintenu avec une violence inouïe.
- Ravi d’faire ta connaissance du con ! T’as le bonjour d’un chasseur ! Et pas de chance pour toi mon gars c’est toi ma proie !
Toujours paralysé par le choc et la peur que ce regard lui avait inspirée, Augusto ne tenta plus le moindre mouvement pour se dégager. Même quand il sentit qu’on lui arrachait sa précieuse sacoche en cuir retourné avec ces précieux dossiers.
Le jeune homme ouvrit la si chère sacoche, attrapa le trophée volé de l’avocat, le glissa dans sa poche, et laissa choir le reste et son contenu à terre.

Il passa alors à l’action. Il se plaça face à sa cible et saisit d’un geste rapide et sauvage le cou de sa cible, empêchant le sang de circuler, étouffant le cerveau. Sa main droite commençait d’exercer une pression d’une force inouïe sue le globe oculaire gauche de sa victime.
En moins de deux secondes, l’homme de loi gisait par terre,  le cœur privé du flux sanguin. Un œil se balançait mollement sur sa joue, retenu seulement par le nerf optique.
Le chasseur fut parcouru d’un frisson de plaisir. Il sortit de sa poche une sorte de tube chromé qu’il introduit aussitôt dans le globe oculaire vide et sanguinolent de l’homme inerte. Le chasseur prit grand soin de l’enfoncer jusqu'au point requis avant d’exercer une légère pression l’arrière du tube. Quatre griffes métalliques sortirent alors de l’autre extrémité du tube, s’enfonçant dans le trou béant laissé par l’œil, écartant les chaires à vifs.
Un bruit de succion se fit entendre pendant qu’une longue et large aiguille s’enfonçait jusqu’au lob frontal du cerveau de la victime.
- Allez le grand manitou du barreau, me claque pas entre les mains ! Plus que quelques secondes et je te libère de tout, promis !
La réponse tint en de brefs gémissements, Du sang commençait à s’écouler par la bouche de l’homme énucléé.
- Trois, deux, un, finito, grand chef ! Allez ! Tu peux essayer de rentrer chez toi, Mais avec la tête que t’as, pas sur que bobonne te fasse ta fête ce soir, Hein ? Dit-il en éclatant de rire. Tiens et ça c’est pour que tu reste un peu plus calme, dit-il en lui assénant un violent coup de pied dans l’estomac.
L’avocat hoqueta deux fois avant de rendre le hot-dog qu’il avait mangé gloutonnement un peu plus tôt dans la journée.
Visiblement satisfait du résultat, le chasseur retira le tube de l’orbite de sa victime et le plaqua doucement à l’arrière de son cou, à la base de la colonne vertébrale. De nouveau, il exerça une légère pression à l’arrière du tube.

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