mardi 23 novembre 2010

Chapitre 16 fin

Si la société marchait si bien, s’étaient en grande partie par l’attention individuelle que Nick voulait que l’on porte à chacune des personnes qui leur confiait de l’argent, quelle qu’en soit le montant. Il détestait le mot client. Chacun d’eux était toujours appelé par son nom. C’était la règle si l’on désirait rester travailler avec lui. En contre partie les conditions de travail étaient excellentes. Souplesse horaire, prise en compte de la situation individuelle de chacun, bref l’écoute et l’arrangement prévalaient du moins, tant que le boulot était fait avec sérieux et méticulosité.
Une fois dans son bureau, Nick enleva son par-dessus et son pull, se servit une boisson fraîche et s’installa dans son profond fauteuil en cuir noir, spécialement conçu pour lui. Il était large et profond, doté d’accoudoirs moelleux. Idéal les personnes devant rester assises de longs moments avait argumenté l’artisan à la livraison de l’imposant siège, voyant l’air dubitatif de Nick devant la taille hors norme du siège.
Il s’enfonça dans son si précieux fauteuil, prit une gorgée de sa boisson et se mit à étudier les derniers indices boursiers sur internet. Il avait complètement mit de côté les évènements de ces derniers jours. Ils avaient pourtant été riches en enseignements ! Bon sang, il avait enfin réussi à tenir sa promesse ! Il avait retrouvé les frangins et même prit contact avec eux. Même s’il les faisait surveiller depuis des années, cela faisait bougrement du bien de les voir pour de vrai !
Mais s’il voulait pouvoir continuer son opération « regroupement familial », il lui fallait  se débarrasser au plus vite de son gagne-pain. Et du mieux possible dans l’intérêt des personnes dont il gérait les biens.
Il se replongea donc dans la lecture fastidieuse des derniers cours des différentes actions sur lesquelles il avait misé.
Satisfait des résultats, Nick vérifia ensuite les résultats de ses collaborateurs. Même s’il savait qu’ils donnaient le meilleur d’eux même, il tenait à tout vérifier. L’avenir de sa société et donc de son indépendance allait de paire avec la totale confiance que ses "relations de travail" lui accordaient en lui confiant leur argent. Il s'en portait garant et jusqu’à présent, personne n’avait eu à se plaindre de ses investissements.
Il corrigea rapidement quelques placements de ses courtiers qu’il jugeait hasardeux, puis décida de s’occuper des comptes de ses propres « amis » pour la semaine à venir.
Nick se cala bien droit dans son fauteuil, les bras posés sur son bureau. Ses mains effleuraient le clavier de son ordinateur. Dès qu’il se sentit prêt, il posa l’arrière de son crâne dans un demi-cercle de métal, rembourré de mousse et recouvert de cuir. Ce drôle de repose tête se trouvait tout en haut de son dossier comme les tétraplégiques en utilisent pour les soutenir et cessa tout mouvement.
Il fit le vide dans son esprit, ferma les yeux et se concentra. Il se remémora les courbes des différentes actions depuis six mois.
Seuls son front et ses sourcils s’agitaient, se crispaient et se détendaient, en concordance avec la vitesse phénoménale à laquelle tournaient ses cellules grises. Le reste de son visage restait immobile, comme si l’énergie déployée par son cortex lui ordonnait d’abandonner le reste de son corps
Ses doigts commencèrent une course folle sur le clavier et débuta une série de vente, d’achat et de passages d’ordre de toutes sortes à une vitesse hallucinante.

Il avait l’impression d’être relié par un fil à l’ensemble des acteurs du marché boursier. Du développement de la plus petite entreprise cotée à la peine de cœur d’un capitaine d’industrie ou à la dépression d’un spéculateur, rien ne semblait pouvoir lui échapper. Il sentait la moindre opportunité, le plus petit contre-temps. Même la météo, sur l’ensemble des transports de marchandise à l’échelle de planétaire, lui apparaissait comme une ombre sur la réussite éventuelle d’une opération commerciale.
Ses paupières demeurèrent closes durant tout ce temps.
Un gros quart d’heure plus tard, tout était terminé. Epuisé par cet effort cérébral intense, il s’écroula sur son bureau. Il dormait comme un sac. Son cerveau l’exigeait après de telles séances. Mais ce pouvoir de concentration et de mémorisation, qu’il avait senti se développer en lui au fil des années, lui permettait d’effectuer un travail de plusieurs jours, en quelques minutes. Autant de temps libre pour ses véritables objectifs.
Sauf catastrophe totalement imprévisible et jamais vue sur les marchés boursiers l’ensemble de ses opérations se solderaient par de substantiels bénéfices. En plus, il avait gagné au minimum sept jours pour continuer sa mission, ce qu’il s’était juré de réaliser depuis si longtemps.
Nick dormit ainsi une bonne demi-heure. A son réveil, il ne prit même pas le soin de relire les ordres qu’il venait de passer durant sa « transe boursière », comme il aimait appeler cet épisode hebdomadaire.

Il avait bien d’autres choses en tête avec, en particulier, le rendez-vous fixé en fin de semaine avec l’homme qui l’avait recueillit au moment où il connaissait les pires tourments de sa jeune existence. Un rendez-vous avec l’homme qui l’avait élevé et qui lui avait montré en quoi son corps et son esprit étaient à ce point différents de ceux du commun des mortels. Mais où pour la première fois, il allait devoir mentir à son mentor.

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